A k h i l l e ù s

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C'est effrayant, la routine à l'hopital. Heureusement, je passe le weekend à la maison. Pour la première fois depuis longtemps. Et je sors définitivement dans trois semaines. Terrifiant. Mais je ne suis pas seule. Je ne suis pas seule.

Mon corps n'est plus un obstacle à moi-même. Je n'utilise plus la chaise roulante depuis un moment maintenant, et je peux me déplacer librement. Et pourtant, je suis toujours assaillie d'angoisses aux moments des repas. "C'est comme ça, m'a dit Laura un jour. Parfois, ça ne part jamais. Et il faut faire avec.". Peut-être a-t-elle raison. Mais je ne peux m'empêcher d'espérer que ces mauvaises pensées partiront. Qu'elles en auront marre de moi, marre de moi qui me bats si prodigieusement contre elles. Peut-être me délaisseront-elle enfin.

Il m'arrive de prier, parfois. Je ne l'avais pas fait depuis des années, pour être tout à fait honnête. J'ignore même si je crois seulement en Dieu. Mais ça m'apaise. C'est Jacques qui m'en a parlé, une fois. Depuis, je prie avec lui. Et je me sens un peu apaisée, après. Je me demande si la prière n'existe pas simplement pour laver le coeur des Hommes. Pour déverser tous les déchets, l'eau noire, la saleté.

Je n'ai pas honte de prier pour l'unique raison que je suis malade. Je pense que s'il y avait un dieu, quelque part, il serait bien heureux que les êtres en proie au désespoir s'en remettent à lui.

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