H u p é r í ô n

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Ses grandes pupilles noisette semblaient avaler le monde. Il posait sur vous un regard d'où poignait une curiosité brute, sincère.

“Tu sais Alia, c'est quand je vois ses yeux que je me dis que la vie est belle. Au moins à travers lui. Parfois il me semble que sa lumière est telle que je n'en suis pas digne, que je pourrais même, par inadvertance, l'éteindre. Je crains tant d'être une mauvaise maman. Je ne peux rien y faire ; la peur est là, lancinante. Je ne veux pas qu'il vive une enfance où s'inscrivent davantage les pleurs que les rires. Je l'ai assez vécu pour savoir que personne, absolument personne, ne mérite ça.”

Je caressai sa joue, peut-être dans l'espoir d'essuyer les larmes qui n'avaient que trop coulées par le passé.

“— Tu vas être la maman la plus merveilleuse du monde. En fait, tu l'es déjà.

— Tu me le promets ? demanda-t-elle d'une petite voix d'où perçait l'anxiété.

— Oui.

— C'est drôle, amour. Avec toi j'ai l'impression que je peux toujours m'accrocher, même à la prise la plus rêche qui soit.

— Parce que tu en es vraiment capable, ma Neve.”

C'était si triste, une Neve qui doutait. Je savais qu'au fond de son assurance demeuraient ancrées les incertitudes. J'espérai qu'un jour elle prendrait conscience de sa propre lueur, de la poussière d'étoile qui lui tapissait le cœur.

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