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J'étais loin de me douter que l'expression "ils grandissent si vite" fût si véridique. Abel devint un beau jeune homme, des idées pleins la tête et le cœur débordant de rêves. J'avais auparavant réalisé qu'il partirait vivre un jour, bien sûr. Curieusement, ça ne me rendait pas triste. L'amertume de la perte était comblée par l'espoir ; celui qu'il serait grandiose. Je n'en doutais pas un seul instant. Je l'avais déjà compris lorsque son premier mot fut "é-étwaleuh". C'était écrit. Neve était du même avis.

Seulement voilà, "les enfants grandissent" ; or on s'était bien gardé d'ajouter "... et les parents vieillissent", ce qui me rendait gaie et triste. Il me restait tant encore à goûter ! Une vie c'est si beau, mais si désespérément court. Quelle tendre injustice !

Injustice, cependant pas à la hauteur de celle qui survint un matin d'été. Neve, à terre. Un visage livide, frêle et vulnérable, et la panique, des pleurs, l'ambulance, l'hôpital, la peur peur peur.

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