Segment VI : Prometheus

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Chers lecteurs, avez-vous déjà entendu parler du mythe de Prométhée ? Il s'agit d'un Titan, connu pour son intelligence légendaire et sa grande sagesse.

Il est également réputé pour avoir franchi l'interdit, le terrible interdit du roi des dieux, Zeus en personne ; car en effet, Prométhée est également le voleur du feu de l'Olympe... Oui, chers lecteurs, le Titan n'a pas eu froid aux yeux ! Il l'a volé, ce feu sacré, et l'a offert aux humains.

Pourquoi ? Oh, la question me semble tout à fait légitime. Eh bien, figurez-vous qu'il n'y a pas tant d'années que cela, l'espèce humaine peinait à survivre. Nous n'étions que des fourmis dans l'univers, des moins que rien : à peine habillés de peaux de bête, grelottant, blessés par les animaux que nous n'avions pas réussi à chasser dans l'espoir de ronger quelques os, ou de mâchouiller quelque bout de chair froide et dure. Nous offrions alors un spectacle bien pitoyable aux dieux ! Mais ils s'en fichaient pas mal, pour être honnête. Les humains n'étaient qu'une invention parmi les autres, après tout. Qu'est-ce que ça changeait, qu'ils soient si petits, si insignifiants et vulnérables ?

Et c'est là que le bon Prométhée entre en jeu ! Voyez-vous, il aimait profondément l'espèce humaine, et sentait au fond de son cœur une impulsion, une conviction profonde qui le poussait à réagir, à tenter de sauver ces petits êtres faibles... Alors il nous offrit le feu ; celui-là même qui nous permit de manger à notre faim, de combattre les bêtes sauvages, de nous réchauffer les muscles et de nous éclairer dans la nuit. Avec le feu, nous pûmes finalement nous développer, nous élever et imposer notre place dans le monde. Hurler un grand : nous existons, et nous vous le ferons savoir !

Hélas, Zeus n'était pas réellement de cet avis. Savoir que l'un de ses sous-fifres avait délibérément désobéi le mit dans une colère noire et terrible. Bien sûr, ce cher Prométhée avait agi en âme et conscience ; aussi accepta-t-il son châtiment avec une résolution froide. Et quel était-il, me demanderez-vous ?

Le pauvre Titan était condamné à rester enchaîné à la cime d'une montage, sans aucun espoir de fuite, et à recevoir quotidiennement la visite d'un corbeau envoyé pour lui dévorer goulûment le foie — car les Titans étant des êtres éternels, ses organes vitaux se régénérèrent presqu'aussitôt.

Si vous souhaitez avoir le fin mot de l'histoire, n'ayez crainte ! En effet, Héraclès, demi-dieu et héros grec, vint un jour secourir Prométhée, lui permettant de recouvrer sa tendre liberté.

Mais en réalité, si vous voulez mon avis, il ne s'agit pas là de la partie la plus intéressante de l'histoire. Souvenez-vous, pourquoi Prométhée a-t-il été puni ? Pour avoir offert le feu aux Hommes. Et s'il est vrai que la sanction fut brutale, il n'en est pas moins réel que ce feu, les Hommes purent le conserver. Et la suite, vous la connaissez, bien sûr, autrement vous ne seriez pas là à lire ces mots, les yeux rivés sur votre téléphone. Ah, nous avons parcouru bien du chemin, depuis...

Enfin voilà, j'imagine sans grande peine que vous devez vous demander pourquoi je vous raconte tout cela. Patience, mes chers lecteurs, car l'explication vient tout de suite. C'est plutôt simple, en fait : j'aime mes personnages. J'aime Neve et Alia. J'aime Abel. J'aime Orion. Je les ai écrits pour qu'ils jouent leur rôle, et j'ai tant aimé les écrire. Et pour être honnête, l'idée d'une romance lesbienne se finissant sur le décès de l'une des protagonistes me paraît, d'une part, peu originale, et d'une autre, tout à fait injuste. Mais voilà, j'étais jeune quand j'ai écrit ce livre (il est vrai que j'avais un an de moins !) et je suis là à présent pour rectifier mon erreur.


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