Z é p h u r o s (2)

5 0 0
                                    

On m'a retiré ma sonde ! Je peine à manger, mais je recouvre peu à peu mes forces. J'essaie. Les médecins m'aident beaucoup. Mon psychiatre, le Dr. Morteau, me fait souvent rire. Et Dieu sait que j'ai besoin de rire.

Alors même si c'est difficile, je me répète que la nourriture est un carburant. Et que le corps en a besoin.

Je passe mes repas avec Isaac et les autres, et on s'encourage, on se félicite. Je fais souvent des crises d'angoisse après, mais je m'efforce de continuer à progresser. Parce que je veux sortir d'ici et vivre.

Abel est venu me voir, ce matin. Il pleurait. Il m'a répété "Maman, Maman..." et je l'ai pris dans mes bras. Comme quand il était petit. Au fond, il restera toujours mon petit garçon. Mon trésor.

Je pense que j'avais besoin de réconforter quelqu'un. Parce qu'en ce moment, c'est moi qu'on réconforte sans cesse. J'aime l'idée que je suis maman aussi. Pas juste malade. Maman. C'est un si joli mot. Je l'ai toujours détesté, parce que ma mère à moi était mauvaise. Puis j'ai découvert que je pouvais revêtir ce drôle d'habit : maman. Et ça me plaît. J'aime le mot maman, à présent.

Je peins beaucoup, j'essaie de remplir mes journées avec les activités thérapeutiques. Ça me vide un peu l'esprit. Juste un peu.

GrandiosesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant