Grandioses

D i ô n u s o s

"Joyeux anniversaire, amour. Je t'aime."

Elle ponctua sa déclaration d'un doux baiser, avant de m'inviter à table. Elle avait tenu à se réserver la cuisine pour me préparer elle-même un gâteau, me faisant ainsi profiter de ses ô combien inégalés talents culinaires - notez l'ironie. Gâteau qui, par ailleurs, n'avait pas fière allure, tout ratatiné qu'il était. Je ne pus empêcher d'éclater de rire à sa vue, ce qui la vexa.

"— Tu ne l'as même pas goûté ! protesta-t-elle.

— D'accord, d'accord... voyons voir."

Je pris une bouchée, que je recrachai aussitôt. Elle piqua un fard.

"Tu es beaucoup trop douillette. Je suis sûre qu'il est délicieux, s'énerva-t-elle avant de piquer un morceau, elle aussi."

Bien qu'elle essayât de ne rien laisser paraître, elle fit une drôle de tête. Je crus un instant qu'elle ne faillisse s'étouffer.

"— D'accord, j'ai peut-être eu la main lourde sur la farine. Et le sucre peut-être ?

— Ah çà... Et la cuisson ! J'ai littéralement eu l'impression d'avaler de la pâte.

— Oui bon c'est vrai, je ne suis peut-être pas la plus douée en cuisine, déclara-t-elle en haussant les épaules. Enfin je... je suis désolée. Je voulais vraiment bien faire. Mais j'ai un peu tout gâché."

Elle baissa la tête, honteuse. Je l'enlaçai et embrassai ses deux joues, tentant par là d'apaiser ses craintes.

"Ce n'est rien ! En fait, ça m'arrange. Parce que tu sais ce que ça veut dire ? Pizzaaa ! On ne peut pas rêver mieux pour un anniversaire !"

Elle leva les yeux au ciel, désabusée, et un peu rassurée aussi de ne pas me causer de déception.

"— Incorrigible.

— Mais c'est comme ça que tu m'aimes. Non ?

— Oui, sourit-elle doucement."

Mais je ne vois pas l'éclair d'angoisse qui passe dans ses yeux.