H a i d ê s (2)

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Alia vient souvent. Elle me joue des jolies mélodies au violon. Abel et Orion aussi sont souvent là. Ils me racontent leur journée, et ne demandent jamais qu'en est-il des miennes. Et ça me plaît. Ça me plaît de voir les gens que j'aime et qu'on oublie un peu, juste un peu, que je suis malade.

Isaac et moi passons tout notre temps ensemble. Il m'a présenté à d'autres patients, Laura et Jacques. Et ensemble on blague. On se dit qu'on est une bande d'anorexiques un peu flingués et c'est drôle. C'est drôle parce qu'on rit de notre malheur, un peu comme pour l'effacer, comme pour le rendre un peu gai. Je ne savais pas que le malheur pouvait être si risible, lorsqu'on y mettait du sien. Et ces gens, ces gens-là deviennent mes compagnons de galère. Parfois on se pose dans le salon, certains d'entre nous enchevêtrés dans des sondes. Et on critique ces gens de la télé. On les moque. On rit. Peut-être que rire est le médicament de l'âme.

J'ai toujours eu des a priori sur la psychiatrie. Mais plus le temps passe, et plus je me rends compte que les gens ici sont comme moi. Malades, certes, mais humains. Ils deviennent tous mes compagnons de galère. Et lorsque l'un de nous faillit, on tente de le relever.

Pour être honnête, j'ignorais ce qu'était la solidarité jusqu'ici. Et je la découvre un peu plus chaque jour. Et je souris un peu plus chaque jour. Et ça me fait du bien, de sourire.

Et aujourd'hui est une belle journée. Une très belle journée.

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