Chapitre 7

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« Livia, tu savais que, cette nuit, on allait s'en prendre à ce qui pourrait être le vampire le plus puissant du monde ? On a enfin pu localiser sa prochaine sortie. »

Livia leva ses yeux d'enfants vers ce père sans visage. Il avait juste un sourire heureux. Son père joua un peu avec des papiers puis souleva Livia pour jouer avec elle. Elle rigola. Elle aimait bien être avec papa. Il jouait tout le temps avec elle et lui faisait des câlins. Il la reposa quand maman apparut dans le champ de vision de Livia. Elle remarqua :

« Tu sais que je désapprouve tout ça.

-On est obligé, sinon qui débarrasserait le monde de ces monstres ? Ils tuent des humains. Qui sait ? Un jour, ça pourrait être Elias ou Livia.

-Et si tu ne revenais pas de missions ?

-C'est le risque du métier. »

Ils s'embrassèrent, puis papa se tourna vers Livia. Il remarqua :

« Au revoir, petit monstre. »

Il sortit un pistolet, tout l'amour qu'il avait affiché avait disparu, ne restait que de la cruauté et de la haine. Elle voulut protester. Elle était sa fille. Elle l'aimait. Pourquoi la tuer ? Elle n'avait rien fait. Les chasseurs tuent sans discernement, innocents et coupables. Même leur propre famille.

Elle se réveilla en sursaut au bruit de la détonation. Elle regarda autour d'elle, paniquée. Elle mit du temps à comprendre qu'elle n'était pas morte, que ça avait été juste un cauchemar. Elle était toujours à l'infirmerie, au chevet de Thorn. Pourquoi ? Parce qu'apparemment, elle aidait à le garder calme et en vie, surtout.

« Tu en fais du bruit. »

Elle se tourna vers Thorn qui était réveillé et la toisait, le visage fermé, malgré sa respiration sifflante et son manque de force dans sa voix. Livia ne put répondre. Elle avait la vision trouble. Elle allait se rendormir. S'évanouir, plutôt. C'est vrai. Elle n'avait pas bu de sang récemment. Elle sentit à peine le lit bouger quand Thorn se leva en grognant. Il tituba jusqu'au mur et revint, une poche de sang dans une main. Son autre main pressant sa blessure. Il se rallongea et donna une poche de sang à Livia. Elle le but cul-sec sans broncher. Elle remarqua :

« Désolée. »

Il ne répondit pas. Elle alla prendre une ou deux autres poches pour les boire. Elle alla sur son téléphone. 16 heures. Il faisait toujours jour. Elle attrapa son ordinateur et consulta ses messages. Pas de nouvelles de l'école. Tout durant qu'elle n'avait pas envoyé l'attestation, ils ne feront rien. Elle parla avec Edwin pendant longtemps. Toujours pas de messages de Mia. Edwin proposa un appel, mais avec Thorn à côté, elle ne pouvait pas. Ce dernier semblait dormir paisiblement malgré la mauvaise balafre en travers de son torse. Elle aurait aimé aider, mais elle ne savait pas comment. Elle ne s'y connaissait pas en médecine. Elias, lui, s'y connaissait, mais pouvait-elle vraiment lui demander ? Les vampires n'étaient pas des humains et n'avaient pas la même physiologie. De plus, comment expliquer un empoisonnement fait par les chasseurs, qui était sûrement magique vu comment Thorn avait du mal à s'en remettre ?

Même si Elias s'y connaissait en médecine, c'était pour les humains, pas les vampires. Et si elle appelait l'homme de la police du surnaturel qui était venu chez elle quand elle était malade ? Il se douterait qu'elle serait un vampire, non ? Il pourrait tracer son appel et découvrir sa localisation. Elle ne voulait pas plus de morts sur sa conscience. Lucie et Manon étaient déjà mortes par sa faute.

Elle sursauta quand son téléphone se mit à sonner. Thorn grogna. Livia paniqua. C'était le grand-père de Manon. Qu'allait-elle faire ? Décrocher ? Faire semblant de ne pas être là ? Elle ne pouvait pas l'éviter éternellement. Des larmes montèrent à ses yeux. Elle soupira et s'apprêta à subir sa colère en décrochant.

« Livia Aubis.

-Qu'est-ce que tu as fait à ma petite fille ?

-Je ...

-Allons bon. Quand tu voulais ma maison, tu étais très loquace, à te vendre comme le parfait petit ange, mais maintenant, tu n'as plus tes mots ? Qu'est-il arrivé à Manon, sale garce ? »

Les mots restèrent coincés dans la gorge de Livia. Elle aurait aimé se défendre, mais à quoi cela servait-il ? Elle murmura :

« C'est ... C'est de ma faute.

-Tu avoues que tu as tué ma petite fille ? Dis-le haut et fort !

-Je ... »

Elle sursauta quand Thorn prit le téléphone des mains de Livia et marmonna pendant que Livia laissait couler ses larmes :

« Qui est-ce ? »

Bizarrement, Livia pouvait entendre ce que le propriétaire répondait :

« Que ... Qui êtes-vous ?

-Je suis le responsable légal de Livia Aubis. Et vous ?

-Le propriétaire de la maison dans laquelle votre petite protégée vivait avec ma petite fille qui est morte. Livia l'a tué et j'allais avoir une confession de sa part.

-Je ne le permettrais pas, monsieur. Elle n'a rien fait. Si vous êtes sûr que Manon a été tuée par quelqu'un, ce n'est pas de la main de Livia. Je l'ai retrouvé, dans votre maison, traumatisée, malade et en train de pleurer. Je doute qu'une meurtrière ait ce comportement.

-Malade, vous dites ? intervint une autre voix

-Oui. Elle vomissait, tremblait et avait de la fièvre. »

Il y eut du grabuge et des murmures, puis la voix du propriétaire qui cria, sûrement sur l'autre personne :

« Mais puisque je vous dis qu'elle a été massacré. Une maladie ne peut pas causer de telles blessures. »

Ignorant les protestations de l'homme, l'autre remarqua :

« Je suis désolé pour le dérangement. Merci pour votre témoignage. »

Puis ça raccrocha. Livia n'eut pas la force de prendre son téléphone que Thorn lui tendait. Il soupira et le posa sur le lit. Livia ouvrit la bouche mais Thorn la devança :

« Maintenant, laisse-moi dormir. »

Livia ferma sa bouche. Comprit. Elle se leva et s'étira. A dormir assise, elle avait mal au dos. Elle s'allongea sur le lit d'à côté. Les yeux mi-clos, elle regardait sans voir le soleil qui filtrait à travers les volets fermés. Sa vie était à la dérive. On l'accusait de meurtre. Etait-ce vraiment à tort ? Elle était devenue un vampire. Ou un monstre ? Au final, elle n'avait même pas pu s'entraîner pour intégrer la maison Dawnstar. 

DawnstarOù les histoires vivent. Découvrez maintenant