Dawnstar

Chapitre 15

[9 Novembre 2017]

Thorn ouvrit les yeux. Il avait les dents serrées et les mains tremblantes.

« Thorn ? Tout va bien ? »

Il ferma les yeux. Il ne sentait pas bien, non. Après avoir tenté de garder Livia en vie, il avait bien vu qu'elle ne s'y accrochait pas alors il avait utilisé sa magie pour la convaincre de revenir. Sans succès. Pire, elle l'avait rejeté, même après l'avoir reconnu. Elle voulait mourir.

Il faisait toujours en sorte de ne s'attacher à personne en particulier, pourquoi est-ce que tout ça l'affectait autant ? Ça ne devrait pas. Il ne pouvait rien faire d'autre. Elle allait mourir, comme elle le souhaitait. Non, ce n'était pas ça. Jade, avec l'aide des fées et de la magie de Thorn, avait réussi à guérir Livia, après qu'elle ait été victime de la folie d'une fée nommée Caythe. Cette dernière avait été exécutée par le chef du sanctuaire.

Maintenant, Livia était dans un coma dont elle seule pouvait se réveiller. Visiblement, elle ne voulait pas se réveiller et rester dans ce monde parfait, créé par son cerveau. Qui pouvait lui en vouloir ?

Il leva les yeux. Autour de lui, il y avait bien sûr Jade, mais aussi Louis et Sasha, les amis de Livia. Que pouvait-il leur dire ? Qu'elle ne voulait pas revenir parce qu'elle croyait qu'elle était un monstre, qu'elle avait tué ses amis et qu'elle voulait mourir parce qu'elle ne voulait pas vivre cette vie ?

Il tenta de se calmer. Il ne devait pas s'attacher à qui que ce soit. Il ne pouvait pas. Il se leva et souffla un coup pour se calmer, en évitant de regarder le corps allongé de Livia qui semblait dormir paisiblement. Il remarqua en tentant de contrôler sa voix :

« Je ne peux plus rien faire pour elle. Je suis désolé.

-Bien sûr. Tu as fait quoi ? Tu lui as juste dit de se réveiller ? remarqua Sasha. Elle a été torturée, bon sang ! Forcément qu'elle ne veut pas se réveiller. Louis et moi sommes les seuls à tenir à elle. Les autres sont des abrutis qui pensent qu'elle n'est bonne qu'à détruire la maison Dawnstar. Si tu ne l'avais pas sauvé de cette psychopathe de fée, j'aurais bien dit que tu n'étais pas mieux qu'eux.

-Sasha, il a fait du mieux qu'il pouvait, intervint timidement Louis.

-Si c'est vraiment le cas, il est bien faible, beaucoup trop faible, pour un seigneur vampire et pour le chef d'une des maisons les plus puissantes du monde entier.

-Sasha ...

-Quoi ?

-On ne pourra pas le forcer à faire quoi que ce soit. Dans tous les cas, il a fait son choix. »

Sasha soupira en se rendant compte que Louis avait raison. Elle s'approcha de Thorn qui ne broncha pas quand elle le gifla. Sa joue le brûlait et il avait des frissons de dégoût qui se répandaient dans son corps. Il les salua et partit. Il prit un flacon d'alcool et étala de l'alcool sur ses mains et sa joue. Il n'arrivait pas à se défaire de l'image de Livia qui pleurait. Elle n'avait pas de chance d'avoir été traumatisée par ces quelques semaines en tant que vampires. Il pouvait comprendre, après tout, personne ne l'appréciait au sein de la maison, et cela uniquement basé sur le fait que son père avait été un chasseur. Les membres de la maison qu'il dirigeait n'avait certainement pas rendu les choses faciles. Ils avaient même empiré les choses. C'était de leur faute, mais lui, le chef, ne pouvait les blâmer comme ça. S'il devait blâmer quelqu'un, c'était lui, pour ne pas avoir pris d'action contre cette discrimination.

Pourquoi ne l'avait-il pas fait ? Il croyait qu'avec le rituel et Livia entrant dans la maison allait améliorer les choses. Il pensait que tout se passait bien. Visiblement, non. Il entra dans son bureau, où l'attendait une pile de dossiers à compléter et signer. Il s'assit dans son fauteuil et resta immobile pendant un moment. Qu'attendait-il au juste ? Qu'elle se réveille par miracle ? Il ricana. Ce serait un miracle, oui. Mais il ne croyait pas aux miracles. Ils n'existaient pas. Il espérait vainement quelque chose. Comme un gosse. Il se leva beaucoup trop rapidement, faisant tomber son fauteuil. Il n'était pas un gosse. Il avait 1 025 ans. Il serra les dents. Il ne devait pas, il ne pouvait pas s'attacher aux autres. C'était impossible. Pas pour lui. Il connaissait déjà les conséquences de s'attacher comme ça. Même les amis, même la famille. Ils mourraient tous s'il s'y attachait trop.