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Thorn n'écoutait plus les voix. Il les chassait juste, à coup de poignard, verre ou son poing. Il en avait assez. Il en avait assez. Pourquoi ne pouvait-il pas mourir ? Il se releva et chancela. Il entendit rire. Il tendit la main. Il la voyait. Elle était là. Elle dansait. Elle souriait. Elle riait. Elle était belle. Sa main se referma sur du vide.
Il regarda sa main. C'était de sa faute. Il souffla, avança d'un pas et tomba par terre. Il était faible. Il n'avait pas bu depuis longtemps. C'était bientôt la fin. Enfin, il l'espérait. Tout ce qu'il lui restait était les quelques bouteilles d'alcool qu'il n'avait pas brisé. La pièce était emplit d'un mélange d'odeur d'alcool et de sueurs. Ça puait. Peut-être devait-il ouvrir la fenêtre. Pour laisser les autres entrer ? Non. Il devait les protéger. Il devait protéger sa maison. Quelle maison ? La sienne ? Celle de son père ?
Il ricana, toussa, pleura. Il se releva et tituba jusqu'à ce qu'il rencontre un mur. Il se mit à griffer le mur. Il voulait sortir de cette prison. Il voulait vivre sa vie. Il voulait savoir ce que ça faisait d'être heureux. Qui l'avait enfermé ? Il grogna. Il pleura. Il cria. Il s'énerva. Il frappa jusqu'au sang, de manière figurative, le mur qui se fissura, montrant la pierre derrière les panneaux de bois. Thorn s'acharna en vain sur le mur et finit par abandonner, se cognant la tête contre le mur, encore et encore, jusqu'à ce que sa prochaine idée vienne.
Il regarda autour de lui. Il avait encore fait un trou dans le mur. Ce n'était pas le premier. Il regarda par terre. Des bouts de bois. Des pieux. D'après les légendes humaines, s'il était transpercé par un pieu en bois dans le cœur, il mourrait. Il prit un bout de bois, le plus gros. Il releva la tête. Livia le regardait, peinée. Elle avait abandonné de tenter de le convaincre d'arrêter. Elle le regardait juste, d'un air triste. Il pleura. Il ria. Il s'écria :
« Arrête de me regarder comme ça. Arrête. Arrête. Arrête. Arrête. Arrête. Arrête. Arrête. Arrête. »
Il cria, hoqueta, ria, pleura. Il tremblait. Il ne devait pas faillir. Il devait débarrasser le monde du pire monstre qui ait existé. Lui. Il s'enfonça le bout de boit dans le cœur, enfin, là où il était censé être. Il n'avait pas de cœur. Il releva la tête et protesta :
« Ça ne marche pas. Livia ... Qu'est-ce que je peux faire ? Ça ... ça ne marche pas. J'ai échoué ... Encore. »
Il tomba par terre. Peut-être qu'à force d'essayer, il réussira. En se réveillant, il avait mal. Tant mieux. Peut-être qu'il approchait du but. En guérissant, son corps avait fusionné avec le bout de bois, l'empêchant de guérir complètement. Il brisa le bois pour l'empêcher de le gêner. Ce n'était pas la première fois. Il avait des lames, des bouts de verres et autres plantés ici et là. Un jour, il réussira.
Mais comment pouvait-il vivre et connaître la joie s'il mourrait ? Il devait choisir. Se sacrifier pour sauver le monde ou le condamner pour satisfaire ses propres envies. Il avait déjà choisi. Il tituba jusqu'au bar et prit une bouteille au hasard pour la boire cul-sec jusqu'à ce qu'elle glissa de ses mains pour se briser sur le sol. Il chancela. Il écarta les bras et s'exclama :
« A ... Alors ? Que ... Que penses-tu de ç ... ça ? »
Il se tourna vers le tableau, déchiré, profané, de son père. Il se mit à rire. Il s'exclama lançant un verre qui traînait sur la peinture, créant un nouveau trou :
« T ... tu es fier de moi, n'est-ce pas ? Ton ... f-fils es un incapable. Tu aurais dû laisser ... euh ... laisser cette tâche à ... euh ... quelqu'un d'autre. Ha ! Quelqu'un d'autre. Quelqu'un qui ... qui voulait ... ça. Tout ça. »
Il eut des vertiges et des tournis puis tomba, sans broncher. Il ricana :
« Hé ! C'est peut-être ... peut-être la fin. La fin de ... euh ... de ... mon règne de terreur. »
Pause. Pourquoi pleurait-il s'il voulait mourir ? Il devrait être content. Il protégeait tout le monde en mourant. C'était ce qu'il voulait. Il gémit :
« Je ne veux pas mourir. Reviens à moi, Livia. »
Il serra les dents, la gorge serrée, ne pouvant retenir ses larmes. Il renifla. Il tremblait. Il pleura, encore et encore, jusqu'à ce qu'il s'endorme, ou s'évanouisse. Ou meurt. La dernière option était la meilleure.
Malheureusement, il se réveilla. Il se leva et alla voir à la fenêtre. Il voulait sortir de cette prison. Il voulait sortir. Il marmonna :
« Laissez-moi sortir. S'il vous plaît. Laissez-moi sortir.
-Non. » répondit laconiquement son père comme si c'était une évidence
Bien sûr que ça devait être une évidence. Il ne pouvait pas sortir. Pourquoi se plaignait-il ? Il insista toutefois, ce qui n'était pas dans son habitude :
« Laissez-moi sortir. Je ne veux pas être ici. Je ne ...
-Thorn ! Tu es mon héritier. Tu dois donc te comporter comme il se doit. Trêve de bavardages ! Comportes-toi mieux. Ce n'est pas digne de notre famille. Tu ne sortiras pas d'ici tout durant que tu n'auras pas appris comment bien te comporter. Ce qui n'est pas gagné. Tu m'écoutes, au moins ? »
Thorn ferma les yeux. Il ne voulait pas de son père. Il n'était pas à sa hauteur. Il n'était qu'un incapable qui avait causé la mort de tant d'innocents, vampires, humains et autres. Il vit deux silhouettes danser dans la neige, au loin. Ils s'entendaient si bien. Il reconnut Livia. Avec Jeremiah. Jeremiah. Qui lui volait tout. Fallait-il qu'il lui vole aussi sa bien-aimée ? Il avait déjà essayé par le passé. Il avait réussi, cette fois-ci, visiblement. Il s'énerva, cria, pleura. Non. Livia était morte, comment pouvait-il la voler malgré cela ? Il cria :
« Livia est à moi ! Elle ... Elle était ... Non. Laisse-la ... moi. S'il te plaît ! Jeremiah ! »
Bizarrement, la vitre ne se brisait pas sous ses coups ni ne se fissurait sous ses griffes. Il était dans une prison. Personne ne pouvait l'entendre. Personne ne pouvait entre ou sortir. Non. Ce n'était pas juste. Pourquoi Livia le choisissait-elle ? Il gémit :
« Choisis-moi. »
Mais elle ne réagit pas. Elle avait choisi. Il se releva. Il était tendu, tremblant de tous ses membres. Il marmonna :
« Livia est morte. Elle est morte. Ce n'est pas possible. Je l'ai tué. »
Il secoua la tête. Elle était avec lui, pourtant, là. Encore des visions. Toujours des visions. Il cria et balança un bout de ce qu'il restait d'un fauteuil au travers de la pièce, faisant fuir Livia. Thorn s'exclama :
« Va-t'en ! Laisse-moi tranquille ! Dégage ! »
Il était seul. Livia n'était plus là. Il sourit, malgré les larmes qui coulaient sur ses joues. Livia n'était plus là. Livia n'était plus là. Livia n'était plus là. Livia n'était plus là. Il tomba à genoux, à bout de forces. Il était seul à nouveau. Il était seul. Il n'en pouvait plus. Il ne pouvait plus vivre ainsi. Ne pouvait-il pas être heureux ? Non. Il devait mourir.
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Dawnstar
VampireUne guerre fait rage pour savoir qui contrôlerait le monde. Livia Aubis, nouvellement étudiante, est plongée contre son gré dans cette guerre et fera des rencontres surprenantes.