Chapitre 1

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Les presque huit d'heures d'avion auraient dû me permettre de me reposer, de me préparer à ce retour précipité en France

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Les presque huit d'heures d'avion auraient dû me permettre de me reposer, de me préparer à ce retour précipité en France. J'aurais aimé faire comme tous les autres passagers : dormir. Mais je n'en ai pas été capable. J'ai repensé à ce que j'ai découvert chez Chase, puis j'ai soigneusement décortiqué chaque moment que nous avons passé ensemble, un par un, notant mentalement tout ce qui m'avait paru étrange. À présent, cela me semble si évident et, en même temps, tout est encore tellement confus. Les pièces du puzzle se sont assemblées durant tout le temps de mon vol et pourtant, il en manque encore quelques-unes. Tous ses secrets, cette nuit qui semble avoir bouleversé son quotidien, sa main tremblante, ses absences. Tout. Absolument tout est repassé en boucle dans ma tête. Et j'ai l'intime conviction que ces armes sont la réponse à chacune des questions que je me suis posée depuis que je l'ai rencontré. Je ne sais pas si je suis inquiète ou simplement sous le choc. J'ai du mal à croire que Chase ait pu faire du mal à quelqu'un. Qu'il ait pu commettre l'irréparable. J'ai essayé de l'imaginer habillé de noir, brandissant son arme, pointant des inconnus dans une foule, mais je n'y parviens pas. Cette image ne colle pas avec celui que je considère comme un ami proche. Est-ce que j'aurais dû lui en parler ? Lui demander des explications avant de partir ? Mille et une questions se bousculent dans ma tête mais celle qui sort du lot est : est-ce que je peux encore lui faire confiance ?
Je ne sais plus quoi penser de cette histoire. M'a-t-il volontairement permis d'ouvrir son armoire, dans l'espoir que je tombe sur cette boîte ? Ou était-ce une erreur ? Va-t-il me menacer, moi aussi ? J'aimerais croire que tout ceci n'est qu'un malentendu mais les éléments s'assemblent beaucoup trop bien pour que ce soit un simple quiproquo.

Je remonte ma capuche sur ma tête et m'assois sur le banc, dans le parc juxtaposant mon ancienne fac. Mon sac à côté de moi, j'observe l'endroit désert. J'avais l'habitude de déjeuner ici, avec mes amis, lorsqu'ils faisaient suffisamment bon pour profiter d'une pause au soleil, entre deux cours en amphithéâtre. J'ai l'impression que c'était il y a des années, des décennies même, mais rien n'a changé et seulement quelques mois à peine se sont écoulés depuis mon départ.

Il fait noir, la nuit est tombée depuis un moment déjà mais il n'est pas tard. Je regrette de ne pas avoir enfilé des vêtements plus chauds avant de monter dans l'avion parce qu'il fait froid, très froid. J'aurais dû me précipiter chez Mégane qui doit sûrement m'attendre, mais je n'étais pas encore prête à lui faire face. Je me suis baladée dans Paris toute l'après-midi et je n'ai pas l'intention de rentrer maintenant. J'ai besoin de temps, de beaucoup plus de temps. C'est en partie pour cette raison que je n'ai toujours pas allumé mon téléphone. Je n'ai pas envie de me confronter à la réalité. Pas tout de suite.

Je glisse la lanière de mon sac sur mon épaule et reprends la route. J'erre dans les rues un moment avant de m'arrêter dans un bar que je fréquentais régulièrement lorsque je vivais encore dans le coin. Presque chaque vendredi soir, nous nous retrouvions ici pour boire un verre, nous détendre après la longue semaine de cours. Il m'arrivait souvent de rentrer en compagnie d'un garçon, et parfois, j'étais trop saoule pour avoir conscience des dangers mais l'un de mes amis me raccompagnait toujours. On veillait les uns sur les autres.

Our battlefield - Tome 2 -Où les histoires vivent. Découvrez maintenant