La route me paraît durer une éternité, et même la musique qui explose dans les enceintes de la voiture ne me permet pas de faire le vide. J'ai du mal à croire que c'est peut-être la dernière fois que je roule dans les rues de Paris, peut-être la dernière fois que je vais voir Armand.
Lorsque je suis partie, Chase avait l'air d'aller bien. Je crois que la sortie avec les chiens hier lui a fait du bien. Cette simple balade, comme n'importe qui d'autre aurait pu la faire, dans son quotidien agité et bousillé par le stress semble l'avoir apaisé. Il avait peut-être besoin de voir que sa vie n'était pas qu'armes et illégalité, qu'elle n'avait pas complètement volé en éclats. Du moins, pas encore.
Je me gare sur le parking de la patinoire intérieure et repère immédiatement mon ami qui m'attend patiemment devant l'entrée. Je coupe le moteur, le silence retombe brusquement dans l'habitacle et comme toujours, ma bulle explose. Je quitte ma voiture en laissant mes doutes, mes peurs et mes interrogations à l'intérieur et me dirige d'un pas décidé vers Armand.
Hier, je lui ai proposé de nous revoir une dernière fois avant mon départ et c'est tout naturellement que nous
avons convenu de nous rejoindre ici, à la patinoire.Quand nous nous sommes rencontrés à la fac et que notre petit groupe s'est formé, Armand était le seul à vénérer le patinage. Il a souvent essayé de convaincre nos amis de l'accompagner, mais tout le monde a toujours refusé, sauf moi. Je n'étais pas particulièrement adepte de ce sport. C'était juste une façon de plus de défier mes parents qui jamais ne m'avaient laissé enfiler des patins, au cas où je me blesserais. Et cela faisait plaisir à mon ami qui voulait de la compagnie. Rapidement, nos sorties à la patinoire sont devenues récurrentes, régulières. C'était notre moment, on ne le partageait que tous les deux et c'était chouette.
Le bruit de mes pas attire l'attention d'Armand. Il relève la tête et je croise ses émeraudes. Je le serre dans mes bras et nous entrons précipitamment dans le bâtiment pour échapper au froid, comme autrefois.
– Merci d'être venu, soufflé-je.
– Depuis quand tu me remercies pour ce genre de chose ? Pour rien au monde je n'aurais raté une occasion de patiner avec toi alors que ça fait des mois que j'attends ce moment !
– Mais tu devais être plongé dans tes révisions, non ?
– Les partiels commencent demain, je suis prêt et une pause ne me fera pas de mal. Et toi ? Tu as pu réviser malgré ce qu'il s'est passé ces derniers jours ?
– Vaguement, soupiré-je. Mais j'ai travaillé dur tout le semestre, je pense que tout ira bien.Il hoche la tête et me sourit.
– J'ai confiance en toi, tu vas assurer.
Je hausse les épaules, pas aussi certaine que lui, mais je ne dis rien parce qu'au fond, j'espère que tout se passera bien. En partant aux États-Unis, mon avenir semblait tout tracé. Aujourd'hui, il est incertain. Peut-être que Tom me privera de mon diplôme, directement ou indirectement.
VOUS LISEZ
Our battlefield - Tome 2 -
ActionChase le savait, quand on joue avec le feu, on finit par se brûler. Il a atteint sa cible et entre eux, les étincelles ont déclenché un brasier dont les flammes ont tout ravagé sur leur passage. Le désir les a consumés et lorsque la combustion est a...