Chapitre 15

347 43 87
                                    

J'ai la boule au ventre depuis que le soleil a pointé le bout de son nez

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.

J'ai la boule au ventre depuis que le soleil a pointé le bout de son nez. Je ne pensais pas que quitter Paris serait aussi douloureux. La première fois, j'étais partie sans me retourner. Aujourd'hui, tout est différent.

J'ai passé quatre mois à New Paltz. Quatre mois qui m'ont permis de réfléchir, de prendre du temps pour moi, d'avancer dans ma vie. Depuis, ma culpabilité s'est dissipée, ma douleur s'est atténuée et ma colère n'est plus qu'un lointain souvenir. Quatre mois, c'est court mais suffisant. Ils m'ont permis, en revenant en France, de retrouver mes amis, de donner une chance à mes parents et de faire de vrais adieux à Sophia, sur sa tombe. Alors cette fois-ci, je vais partir le cœur un peu plus lourd que la première fois parce que tout va me manquer.

Ce matin, j'ai pris le temps de débloquer tous les numéros de téléphone que j'avais mis sur liste noire afin de garder un lien avec Paris. Mon séjour n'a duré qu'une semaine mais j'ai pu réaliser que Sophia n'était pas la seule personne qui comptait pour moi ici. J'ai d'autres amis, d'autres proches qui ont tout autant leur place dans ma vie, qui m'ont attendue et soutenue à mon retour. Cette ville et ces gens ne sont pas juste mon passé. Ils sont aussi mon présent et certainement mon futur. Je ne peux plus les ignorer.

Après m'être préparée, j'ai filé chez mes parents. Mon père était déjà parti travailler, et c'était sûrement mieux ainsi. Ma mère, elle, attendait patiemment mon arrivée. J'avais promis de lui dire au revoir. Je l'ai fait pour elle, parce qu'elle me l'avait demandé, et aussi pour moi. Je mentirais si je disais que je n'ai pas peur de ce qu'il se passera en Amérique. Peut-être n'aurais-je plus l'occasion de remettre les pieds sur le territoire français. Je ne voulais pas partir lâchement en sachant que je ne reviendrais peut-être jamais.

J'avais déjeuné avec ma mère et j'étais rentrée juste à temps pour voir Eliott. Le petit garçon devait retourner à l'école et quand il rentrerait en fin d'après-midi, Chase et moi ne serions plus là. Sans surprise, les au revoir ont été déchirants. Il a éclaté en sanglots dans mes bras, j'ai pleuré en le serrant contre moi. J'avais l'impression de l'abandonner, une nouvelle fois sauf que je lui avais promis de l'appeler aussi souvent que je le pourrais. Nous n'étions pas encore séparés que j'ai su, à cet instant précis, que j'allais comprendre ce que Chase ressentait avec sa petite sœur : avoir envie de lui parler sans pouvoir le f aire à cause du décalage horaire, avoir envie de le serrer dans mes bras mais être trop loin. Eliott allait beaucoup me manquer et pour lui, je me fis la promesse de me battre pour rester en vie. Sa sœur, puis son père. Je n'avais pas le droit d'être la troisième personne responsable de son chagrin.
Puis le petit garçon a tendu les bras vers Chase pour qu'il le porte. Ils n'ont pas décroché un mot mais leurs regards ont parlé pour eux. C'était tellement fort et tellement touchant que j'ai pleuré une seconde fois. Et quand Eliott a quitté la maison, quand la porte a claqué, une larme solitaire a dévalé la joue de Chase. Je n'avais définitivement plus envie de partir.

Our battlefield - Tome 2 -Où les histoires vivent. Découvrez maintenant