Chase le savait, quand on joue avec le feu, on finit par se brûler. Il a atteint sa cible et entre eux, les étincelles ont déclenché un brasier dont les flammes ont tout ravagé sur leur passage. Le désir les a consumés et lorsque la combustion est a...
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J'essaye de garder mon calme mais l'absence de réaction de Chase met ma patience à rude épreuve. Je ne peux pas croire qu'il va me protéger, nous protéger, de cette façon. Il a juré de me mettre en sécurité, mais je ne le laisserai pas le faire au détriment de nos colocs. Toute la pression accumulée depuis des jours me fait craquer. Je me redresse brusquement et crie.
- Chase, bordel, fais tourner ce putain barillet !
Ma chaise valse au sol, attirant enfin l'attention de Chase. Son regard se plante dans le mien et, à mon plus grand soulagement, il récupère l'arme et donne une impulsion au barillet qui se met à tourner, encore et encore.
J'ai bien cru qu'il allait laisser ces gens tirer sur nos amis, et je suis persuadée que Tom ne nous aurait pas foutu la paix pour autant. Ce n'est pas eux qu'il craint, c'est moi. Moi et mes mots. Si je parle, sa petite affaire pourrait voler en éclats. Je suis une menace pour lui, plus que n'importe qui d'autre.
Chase me fixe, bien plus calme que tout à l'heure. Moi, je ne peux détacher mon regard du barillet qui ne s'arrête toujours pas. Le sentiment d'apaisement est de courte durée. La vitesse me fait douter. A-t-il laissé le hasard décider de notre sort ? A-t-il baissé les bras ?
- Juste à temps... Je savais que vous feriez le bon choix, souffle Tom, un sourire vainqueur sur les lèvres.
Je fais abstraction des paroles de cet homme et plonge dans les yeux sombres de Chase. Pourquoi ai-je l'impression qu'il n'a plus l'intention de nous faire sortir d'ici ?
Le barillet cesse enfin de tourner et mon ami se rassoit, l'arme posée devant lui. Il ne me regarde plus et, le menton baissé, il semble lutter contre quelque chose. Je n'ai pas la moindre idée de l'endroit où se trouve la balle et, un instant, j'ai cru que lui non plus ne le savait pas. Mais Chase contrôle toujours ses parties de roulette russe et son comportement parle pour lui. Une fois de plus, il a choisi avec précision la place qu'occupe la balle et le regret se lit sur les traits de son visage.
Qui a-t-il choisi ? Lui ? Ou moi ? Bordel, on ne peut pas attendre que la mort nous tombe dessus ainsi. Je refuse de mourir sans m'être battue. Comment peut-il abandonner aussi vite ? Nous aurions pu gagner du temps mais qu'a-t-il décidé ? La balle se trouve-t-elle dans la première chambre du barillet ? Souhaite-t-il abréger nos souffrances ? J'essaye de capter son regard mais il évite le mien.
- Dis-moi, Harmonie. Que penseraient tes amies si Lexie venait à mourir par ta faute ? Crois-tu qu'elles sauraient te pardonner ? Crois-tu qu'elles t'en voudraient et qu'elles ruineraient la misérable vie que tu tentes de construire ici ? Et qu'en dirait... Sophia ?
Je ferme les yeux et secoue la tête, empêchant le flot de souvenirs d'inonder mon esprit. Je ne dois pas penser à elle maintenant. Elle est mon plus gros point faible et, je ne sais comment, ce mec le sait. Si Sophia était là... elle m'aurait sûrement conseillé de fuir Chase à l'instant où j'ai appris la vérité. Et peut-être que si elle avait été là, je l'aurais écoutée. Mais elle n'est plus là pour m'aiguiller et j'ai promis d'aider Chase. Il est trop tard pour faire marche arrière.
