𝙲𝚑𝚊𝚙𝚒𝚝𝚛𝚎 𝚍𝚘𝚞𝚣𝚎

660 92 38
                                    

Chapitre douze.

— Comment ça ? Il y a un prix à payer ?

Shinso s'était reculé, et avait retrouvé sa position au dessus du lit.

— Évidemment. Les dieux de la mort n'ont qu'un seul passe-temps : raccourcir la vie des humains pour allonger la leur. En acceptant le cahier de la mort, tu acceptes aussi que je puisse t'ôter la vie lorsque j'en aurais envie. Si tu m'ennuies, je n'hésiterai pas à te tuer pour trouver un propriétaire plus amusant.

— J'aurais aimé en être informé avant.

— Ça aurait changé quelque chose ?

Midoriya ne répondit rien. Il savait que peu importe la condition qu'il lui aurait imposée pour garder le carnet, il l'aurait accepté. Cette opportunité était tout ce qu'il avait toujours voulu, et il n'en aurait probablement pas d'autre. Il avait le pouvoir, et c'était tout ce dont avait besoin un homme pour accéder à ses désirs. Il frémit. Ses pensées fusaient à vive allure, il était tellement excité qu'il ne savait pas par où commencer.

Il devait se calmer pour réfléchir correctement. Il inspira un grand coup avant de souffler doucement. Il posa ses yeux sur le petit point qu'il avait dessiné au crayon à papier sur son bureau. Il fallait qu'il fasse le vide, il ne devait surtout pas se précipiter ou il courrait à sa perte. Il jeta un coup d'œil à son ordinateur, il était l'heure d'aller préparer le dîner. Il rangea le cahier de la mort dans un tiroir. Faire la cuisine lui avait toujours permis de penser à autre chose.

Il ne faisait plus attention à la présence du dieu de la mort jusqu'à ce qu'il sorte de la chambre et qu'il s'aperçoive que Shinso l'avait suivi en traversant le mur. Il n'aimait pas particulièrement discuter avec ce monstre arrogant et nonchalant, mais il allait devoir se forcer s'il voulait en apprendre davantage sur son cahier de la mort. Il avait l'intention de s'imprégner des règles qui le régissent dans la soirée, mais il sentait que Shinso avait également beaucoup à lui apprendre.

— Ah mais au fait ! Je vis avec ma mère, qu'est-ce que je vais lui dire pour expliquer ta présence ?

— Seul ceux qui ont touché le cahier peuvent me voir et m'entendre.

Midoriya hocha la tête. C'était plutôt logique.

Il se retroussa les manches, mit le riz à cuir et sortit la dorade du réfrigérateur pour la faire mariner. Il avait l'intention de faire des sashimi. Pendant ce temps, le dieu de la mort piqua une pomme qui logeait dans la corbeille à fruits, et l'engloutit en deux ou trois crocs.

Comme d'habitude, sa mère rentra épuisée de son travail, et comme d'habitude, elle ne se plaignit pas. Elle dégusta chacun des plats préparés par son fils, le sourire au lèvres. A la fin du repas, elle ne s'allongea même pas sur le canapé pour regarder sa série. Elle partit directement se coucher. Midoriya l'observa s'éloigner en se pinçant les lèvres. Sa priorité, c'était de trouver un moyen d'éponger leur dette pour que sa mère arrête de faire ces heures supplémentaires qui la tuaient à petit feu.

Il avait fait de son mieux pour ne pas faire attention à Shinso qui volait au dessus de leurs têtes tandis qu'ils mangeaient en silence. Sa mère l'aurait pris pour un fou s'il avait gardé les yeux levés pendant tout le dîner. En revanche, il n'avait pas pu s'empêcher de lui jeter des coups d'œil méfiants de temps à autre. Il n'aimait pas la façon dont il observait sa mère. Derrière son masque, Midoriya aurait pu jurer qu'un rictus malicieux étirait ses lèvres.

— Je peux savoir ce que ma mère a de si drôle ? lui demanda-t-il après avoir regagné sa chambre.

Les yeux hirsutes du monstre se posèrent sur lui. Ses pommettes étaient plus hautes que tout à l'heure, signe qu'il souriait.

— Son espérance de vie est particulièrement risible.

Midoriya fronça les sourcils.

— Qu'est-ce que tu veux dire par là ?

Ses pommettes se haussèrent encore plus haut qu'elles ne l'étaient déjà.

— Mystère.

Ce dieu de la mort commençait à lui taper sur les nerfs. Il se moquait de lui, ne le prenait pas au sérieux, et se permettait de manger ses pommes sans autorisation. Il se sentait supérieur à lui, et ne prenait pas la peine de le cacher. Mais il avait raison, après tout : il avait sa vie entre les mains.

— Tu peux voir son espérance de vie ?

— Hm. Il suffit que je vois un visage pour que son nom complet et le temps qu'il lui reste à vivre m'apparaissent.

C'était une information intéressante, mais également inquiétante. Si Shinso avait ri en découvrant l'espérance vitale de sa mère, sachant que ce sadique se délectait de tout ce qui pouvait l'amuser, alors il était certain que sa mère n'en avait plus pour longtemps. Mais Midoriya était déterminé à trouver l'argent qu'il leur fallait, peu importe le moyen qu'il utiliserait pour arriver à ses fins.

Il sortit le cahier de la mort de son tiroir, bien décidé à apprendre toutes les règles par cœur. Il ne savait pas encore comment il allait s'y prendre pour trouver le million de yens nécessaire pour rembourser la banque, mais il était certain d'une chose : il n'hésiterait pas à tuer. La vie de sa mère était en jeu, et tant pis s'il devait verser le sang d'innocents, tant pis si les dommages collatéraux s'élevait à cent ou deux cents victimes. Midoriya était prêt à y mettre le prix.

Deku :
Je pourrais pas jouer ce soir, faut que je révise pour les examens qui arrivent :(
Mais je serais là demain soir, promis !

Shoto :
Pas de souci, je vais en profiter pour travailler aussi
Bonne révision du coup

Deku :
Merci, toi aussi !

Il se sentait un peu coupable de mentir à Todoroki, mais il se voyait mal lui dire la vérité. « Tu te rappelles de la question que je t'ai posée tout à l'heure, sur ce que tu ferais si tu avais un cahier qui te permettais de tuer la personne de ton choix ? Bah j'ai vraiment ce pouvoir. Du coup je vais réfléchir à la meilleure façon de l'utiliser pour tuer les gens qui me dérangent et pour éponger la dette de ma mère, bisou. » Non, il ne pouvait décemment pas lui dire ça.

Quand les faibles deviennent les fortsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant