𝙲𝚑𝚊𝚙𝚒𝚝𝚛𝚎 𝚟𝚒𝚗𝚐𝚝-𝚚𝚞𝚊𝚝𝚛𝚎

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Chapitre vingt-quatre.

Un week-end était passé depuis son braquage, pourtant Midoriya continuait de se demander si tout ça avait réellement eu lieu. Mais force était de constater qu'il y avait bel et bien un gros sac rempli de billets au milieu de ses affaires.

Les oreilles sifflantes, il se leva pour aller prendre son petit-déjeuner. Il n'en revenait toujours pas. Lui, le moins que rien, l'animal, le rebut, le déchet, avait réussi à braquer un konbini sans l'aide de personne. C'était son plan, son cahier de la mort, et ses idées qui lui avaient permis d'accomplir ce vol. C'était sa victoire personnelle, sa victoire qui permettrait à sa mère de vivre plus longtemps, sa victoire sur son angoisse sociale et son manque de confiance en lui.

Il voulait faire un détour vers le konbini le plus proche en allant au lycée. Il fallait absolument qu'il sache ce qui s'était passé après qu'il soit parti. En songeant à cela, son cœur se mit à battre plus vite. Qu'avait fait le garçon qu'il avait croisé en sortant du Seven Eleven ? Il était probable qu'il ait appelé la police. Même s'il avait été choqué de voir des pommes voler, il avait dû finir par se rendre compte qu'il n'y avait plus personne à l'intérieur du konbini et que cela n'était pas normal. Surtout après l'avoir vu sortir avec un gros sac sur le dos et un déguisement à deux balles pour ne pas être reconnu.

Pour la première fois depuis longtemps, en sortant de la maison, son regard ne se dirigea pas vers le sol, mais vers le ciel. Il se sentait léger. Il ne savait pas si c'était l'euphorie du braquage toujours présente malgré les deux jours qui s'étaient écoulés, mais il se sentait bien. Pas stressé, pas effrayé, pas angoissé. Juste bien.

Il était parti un peu en avance pour avoir le temps de passer par le Minimart à côté de chez lui, juste à mi-chemin entre sa maison et le lycée. Il se saisit du journal au-dessus de la pile à l'entrée du magasin, salua les employés sur un ton plus affirmé que d'habitude, et le lit sur le chemin qu'il lui restait à parcourir. Il eut du mal à avaler sa salive dès que ses yeux se posèrent sur le gros titre : « Mystérieux braquage au Seven Eleven ».

Il lut l'article de bout en bout, en prenant le temps d'analyser chaque mot, chaque phrase. Heureusement pour lui, la police ne semblait pas avoir de piste. Le texte sous-entendait que les inspecteurs étaient dans le flou complet et qu'ils n'avaient pour le moment aucune idée tangible de ce qui s'était passé. L'heure du braquage avait été signalée aux alentours de quatre heures du matin, ce qui signifie que c'était le garçon qui l'avait vu sortir qui avait appelé la police.

Il sourit en lisant que son témoignage ne serait pas pris en compte à cause des déclarations délirantes qu'il avait faites. En effet, le témoin affirmait avoir vu un homme sortir du magasin avec un sac sur les épaules, mais qu'il avait également pu observer des pommes en lévitation. Midoriya n'aurait jamais cru penser ça un jour, mais l'addiction des pommes de Shinso lui avait sauvé la mise. Dorénavant, il le laisserait manger ses fruits sans le déranger.

Ils avaient été visionner les images des caméras, mais encore une fois, ils n'avaient pu récolter aucun indice. Ils s'étaient vite aperçus que son accoutrement ridicule n'était qu'un déguisement, et en le voyant sur des images de caméras anciennes de plusieurs jours, ils en avaient conclu que c'était un braquage avec préméditation. Mais c'était bien la seule conclusion à laquelle ils avaient pu aboutir.

Si Midoriya avait été heureux de constater que les pommes de Shinso avaient rendu absurde le seul témoignage qu'ils avaient à disposition, il avait froncé les sourcils en découvrant que les caméras avaient réussi à filmer ces fameuses pommes qui s'élevaient soudain dans les airs avant de disparaître comme par magie. Mais la scène était tellement invraisemblable que les inspecteurs avaient préféré ignorer ce « dysfonctionnement technique », citait l'article.

Son sourire s'élargit en arrivant à la fin. Grâce aux caméras, ils avaient pu observer Nemuri Kayama gribouiller sur un post-it, et en zoomant, ils avaient pu constater que ce gribouillage n'était rien de moins que le code de la caisse, ce qui la désignait directement comme complice. Ils avaient donc décidé de lui rendre visite, mais l'article ne racontait pas la suite.

Il jeta le journal à la poubelle juste avant d'arriver au lycée. Il s'efforça d'effacer le sourire mesquin qu'il avait sur les lèvres, il ne voulait pas que les gens le trouvent encore plus bizarre qu'à l'accoutumée. Mais il ne pouvait s'empêcher d'imaginer la tête des inspecteurs lorsqu'ils avaient découvert le corps inerte de la caissière dans son appartement.

Ils n'avaient aucune piste, aucun indice pour remonter jusqu'à lui. C'était une bonne journée.

— Salut ! dit-il en arrivant à la hauteur de Kirishima qui semblait perdu dans ses pensées, le dos contre le mur du lycée.

Il avait peut-être été trop enjoué. D'habitude, quand il le saluait, c'était d'une toute petite voix et ses yeux étaient rivés au sol. Là, il souriait et soutenait son regard. Kirishima le dévisagea, mais finit par lui rendre son sourire.

— Salut. C'est rare de te voir aussi pétillant, mais ça fait plaisir à voir en tout cas !

Midoriya était content de pouvoir le compter parmi ses amis. Enfin, parmi son seul ami plutôt, puisque Todoroki ne daignait plus lui répondre. D'autres l'auraient sans doute trouvé étrange et se seraient empressés de le questionner sur sa soudaine bonne humeur comme si c'était tellement inhabituel que c'en était anormal. Mais pas Kirishima. Lui, il le regardait sans jugement et lui parlait sans préjugé.

Kirishima était quelqu'un de bien, contrairement à lui.

Quand les faibles deviennent les fortsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant