𝙲𝚑𝚊𝚙𝚒𝚝𝚛𝚎 𝚟𝚒𝚗𝚐𝚝-𝚝𝚛𝚘𝚒𝚜

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Chapitre vingt-trois.

— Vous allez voir, il y a tellement plus de saveurs dans les daifuku que les mochi simplement fourrés au thé vert ou à la pâte de haricot rouge ! lui lança la caissière en scannant son article.

— J'ai hâte de découvrir ça...

Il ne l'écoutait plus vraiment, il était concentré sur son étiquette dont il essayait de mémoriser le nom : Nemuri Kayama. S'il ne pouvait plus se servir de Hizashi Yamada, alors il n'avait d'autre choix que de l'utiliser elle pour réussir son plan. Il était trois heures et demi du matin et la jeune femme était pleine d'entrain et d'énergie, elle lui parlait avec bienveillance et respect. Midoriya n'avait pas envie de la tuer, mais il n'avait plus le choix désormais.

Décidément, il avait la poisse en ce moment. Todoroki ne lui parlait plus, et maintenant le caissier sur lequel reposait tous ses projets avait disparu le soir où il mettait enfin son plan à exécution. Il avait dû démissionner, être viré — ce n'était pas le caissier le plus aimable qui soit, contrairement à cette femme qui lui faisait l'éloge des daifuku — ou bien alors il s'avérait que son jour de congé tombait ce soir-là, et dans ce cas, Midoriya avait deux fois plus la poisse.

— Au revoir et bonne soirée !

— Au revoir.

Il sortit du magasin et s'éloigna dans une ruelle juste à côté pour pouvoir réfléchir tranquillement à l'abri des regards. Il regarda la boîte de daifuku qu'il venait d'acheter avec un certain dégoût, il avait l'impression de s'être fait avoir. Il jeta la boîte au fond du sac et en sortit le cahier de la mort. Pas question de retourner chez lui bredouille avec cette boîte de daifuku fourrés à la fraise en gage de son lamentable échec.

Il recopia le paragraphe qu'il avait écrit précédemment en changeant quelques détails. « A trois heures trente sept du matin Nemuri Kayama écrit le code de la caisse sur un post-it et le colle à l'écran d'ordinateur. Lorsqu'elle aura dans son champ de vision un jeune homme portant une perruque blonde et une casquette, elle sortira du magasin pour rentrer chez elle se suicider. »

Ce n'était pas très originale comme nouvelle façon de faire, mais son but n'était pas de donner un spectacle. Il voulait juste l'argent, peu importe le moyen utilisé pour arriver à ses fins. Il sortit son téléphone de sa poche : trois heures trente six. Plus qu'une minute, et il pourrait passer à l'action.

— C'est amusant que tout ne se passe pas comme prévu, fit Shinso.

— C'est sûr que pour un spectateur, ça rajoute du suspens.

Nouveau coup d'œil à son téléphone : trois heures trente sept. Il retourna devant le Seven Eleven, et observa le charme opérer sur Nemuri Kayama. Soudain, de la même manière qu'un robot télécommandé, elle se raidit, se saisit d'un post-it rose à côté de la caisse, d'un stylo, écrivit ce qu'elle devait y écrire, posa son stylo, colla le post-it là où il devait être collé, se redressa, et fixa la porte en face d'elle.

Midoriya vit ça comme un top départ. Il rehaussa son sac sur ses épaules, et tandis que Shinso le devançait en passant au travers de l'enseigne, Midoriya le suivit en utilisant les portes coulissantes.

— Bonsoir, bienvenu chez...

Elle se figea à nouveau, se tourna vers la droite dans un mouvement robotique, se dirigea vers lui, et sortit du magasin. Midoriya avait le cœur qui battait à tout rompre, mais les tremblements qui le secouaient désormais étaient loin d'être désagréables. C'était une sensation grisante, il avait réussi. Pour une fois dans sa vie, il avait réussi quelque chose. Ça changeait de son échec scolaire et social. Des picotements au bout des doigts, il ôta son sac de ses épaules et se dépêcha de rejoindre la caisse.

Un grand sourire étira ses lèvres en lisant le post-it. Son plan ne pouvait pas mieux se dérouler. Il tapa le code sur le clavier, et la caisse remplie de yens s'ouvrit devant ses yeux au bord des larmes. Il allait pouvoir aider sa mère, rallonger son espérance de vie. Songer qu'il pouvait enfin servir à quelque chose l'avait ému. En cinq ou six poignées, il balança l'intégralité de l'argent au fond de son sac.

Lorsqu'il releva la tête, il aperçut Shinso qui dévorait les pommes de la devanture du magasin. Les caméras verraient peut-être des pommes voler, mais il était tellement griser par cette sensation de victoire qu'il ne prit même pas la peine de lui demander d'arrêter. Il se dirigea vers son dieu de la mort à grands pas, il voulait également emporter des pommes pour fêter la réussite de ce braquage chez lui.

— Qu'est-ce que...

Toute son euphorie sembla s'évaporer en entendant cette voix qui n'avait rien à faire là. Son sang se glaça dans ses veines, et lentement, il tourna la tête vers l'origine de ce murmure. A quelques mètres de lui, un garçon de presque un mètre quatre vingt dix avec des grosses lèvres et un visage assez rond alternait son regard entre les pommes en lévitation qui disparaissaient sans raison apparente et lui, un gars louche avec un gros sac sur les épaules.

— On y va, chuchota Midoriya à l'intention de Shinso.

Il ne laissa pas le temps au garçon de réagir, il s'élança dans une ruelle. En levant les yeux au ciel, Shinso finit d'engloutir une dernière pomme avant de le poursuivre en volant. Le garçon resta planté là quelques temps, digérant ce qui venait de se passer. Il se demandait s'il n'avait pas rêvé éveillé, des pommes qui flottent, quelle idée absurde...

Midoriya courut à en perdre haleine pour retourner chez lui. Il ne croisa personne, pas à cette heure tardive de la nuit, mais il avait l'impression que tout le monde savait et l'observait par les fenêtres des maisons, que tout le monde le jugeait. Il agrippait les bretelles de son sac comme si sa vie en dépendait. Cette fois, les tremblements qui le traversaient n'avaient rien d'agréable comme ceux qu'il avait ressentis dans le Seven Eleven. Il avait peur, et c'était bien la sensation qu'il détestait le plus.

Il rentra chez lui dans les alentours de quatre heures du matin. Sa mère dormait encore, il ouvrit la porte avec précaution avant de grimper les escaliers sur la pointe des pieds. Il cacha son sac dans un placard, se déshabilla et cacha ses habits au même endroit. 

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Je crois qu'il y a eu un bug mercredi dernier et je viens de m'apercevoir que je n'avais pas publié le chapitre vingt-deux ;-;

Du coup je vous poste deux chapitres pour me faire pardonner <3

Quand les faibles deviennent les fortsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant