roissy et des crises

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you come around and now they silent

luna guidicelli
charles de gaulles, 4h

les portes automatiques de l'aéroport s'ouvrent devant moi.

je me dirige d'un pas entraînant vers le tableau qui annonçait les vols, vêtue de mon petit jogging rose, mon prada cleo blanc sur l'épaule et bien sûr, mes lunettes de soleil sur le nez tandis que carl galère à traîner mes quatre valises.

le tant attendu jour du voyage au costa rica est enfin arrivé, j'étais excitée comme pas possible à l'idée de rencontrer les guests, et surtout, de créer des liens avec eux.

même s'il est quatre heures du matin et que mes cinq petites heures de sommeil ne tarderont pas à se faire ressentir, je ne pouvais pas m'empêcher de sourire.

ma mère étant une grande stressée de la vie et appréhendait le fait de me laisser partir seule avec une équipe inconnue, a finalement sacrifiée un de ses stagiaires du mois, carl, qui fera en sorte « de garder un oeil sur moi » pendant le séjour, autrement dit dans le langage de luna, devra obéir à tous mes besoins et ordres.

- pourquoi y'a personne ? je demande légèrement déçue.

- j'en sais rien, répond essoufflé le brun, tes agents t'ont pas donné d'autres instructions ?

je me tourne vers lui et retire mes lunettes en haussant un sourcil.

- c'est une blague ? j'croyais que t'étais doué avec tout ce qui est organisation ?

- pour les fêtes d'anniversaires, il répond d'un sourire crispé, pas les voyages.

je souffle et attrape mon téléphone. envoyer des gens compétents c'est trop demandé ?

- oui ma puce ? décroche ma mère d'une voix fatiguée.

- comment tu formes tes stagiaires ? je demande agacée, il a aucune informations sur rien ce débile, et pourquoi y'a personne ?

je l'entends soupirer à l'autre bout du fil avant qu'elle réponde :

- il est 4h du matin luna, le rendez-vous est à 5h30, elle dit, pourquoi t'es partie aussi tôt ?

mon regard s'assombrit. donc moi, luna, j'allais attendre pendant une heure et demie dans un aéroport ?

- sur le mail que m'a envoyé vincent y'avait écrit rendez-vous à 4h ! je m'énerve.

carl qui se tenait désormais à mes côtés alerté par mes cris, pose sa main sur mon bras pour tenter de me calmer.

et ce fut la pire idée de sa vie.

- me touche pas ! je crie en le dégageant.

il me regarde avec des yeux ronds puis s'en va presque en courant à sa place initiale, me laissant à nouveau en tête à tête avec ma mère.

- tu sais quoi ? je lâche hors de moi, tu sers à rien, je vais me débrouiller toute seule !

je raccroche et me laisse tomber sur le siège, les bras croisés sous ma poitrine.

j'ai horreur des gens incompétents. vincent a de la chance que ce soit tombé sur ma mère, parce que je l'aurais viré à quatre heures du matin par téléphone sans aucun scrupule.

une paire de jordan apparaît sous mes yeux. je relève la tête et m'apprête à cracher une lignée d'insulte pensant qu'il s'agissait de carl, mais mes noms d'oiseaux restent bloqués dans ma gorge quand je reconnais la silhouette imposante et les prunelles brunes de kylian, cachées sous la capuche grise de son sweat.

- bah, qu'est ce tu fous là guidicelli ? me demande le métis, aussi surpris que moi.

je le fixe sans répondre et m'enfonce dans mon siège. manquait plus que ça. je vais vraiment finir par pleurer.

carl remarque la présence du parisien et nous rejoint.

- qu'est ce que tu veux ? je lui demande agacée.

le brun lance un regard apeuré à kylian qui se contente de le fixer avant de se tourner vers moi, les sourcils légèrement froncés.

- je- je vais chercher du café, bégaye-t-il, t'as besoin de quelque chose ?

- non, je dis sèchement.

il hoche la tête gêné et se tourne vers kylian.

- et toi ? il demande.

- un croissant et un truc bourré de sucre s'te plait, lui répond d'un léger sourire l'attaquant.

- d'accord... luna t'es sûre de rien vouloir ?

le regard noir que je lance lui fait clairement comprendre qu'il serait mieux pour lui de quitter les lieux, ce qu'il fait quelques secondes plus tard à grands pas.

- wow, siffle kylian en se tournant vers moi, c'est ton larbin pour le voyage ?

j'hoche doucement la tête. il s'installe sur le siège à côté du mien et glisse ses mains dans les poches de son jogging.

- je savais pas que tu venais, il reprend après un long silence, elias m'a rien dit.

je sens son regard sur moi mais n'y prête pas attention et fixe un point face à moi. j'en ai rien à faire honnêtement.

- t'es là depuis longtemps ? il ajoute.

je réponds par la négative.

- bah pourquoi tu fais la tête ?

- le rendez-vous est à 5h30, je lui explique froidement.

il souffle et passe sa main sur son crâne pour remonter sa capuche d'une expression dégoutée.

- j'aurais pu comater encore une bonne heure là, il dit, fait chier.

un blanc s'installe.

il prend son téléphone dans sa poche et scrolle dessus alors que mes bras sont toujours croisés sur ma poitrine.

sa présence m'agace. je m'attendais à tout sauf à le voir ici, et rien que penser au fait que je verrai sa tête pendant deux semaines me rend malade.

- j'ai vu que rihanna t'as repostée en story, il dit les yeux rivés sur son écran, félicitations.

je lève les yeux au ciel en soufflant du nez. il ne le pense pas une seconde, c'est juste du mépris, et moi je réponds au mépris par le mépris.

- tu peux au moins répondre, il ajoute sarcastiquement, pour une fois que quelqu'un s'intéresse à ta vie.

- la ferme, je lâche sèchement.

je remercie intérieurement le ciel quand carl revient vers nous les bras chargés d'un café, d'un croissant, de magazines, et de barres chocolatées en tout genre, nous évitant une dispute historique.

- merci gros, le remercie kylian en attrapant ses sucreries.

carl le gratifie d'un sourire puis retourne dans son coin, près des valises.

le métis engloutit son croissant en quelques bouchées et s'en prend à sa barre de snickers juste après.

le voir manger m'a soudainement donné faim, mais c'était trop tard pour renvoyer carl à la boutique, je l'avais assez destabilisé comme ça et il méritait un moment de répit avant ma prochaine crise.

alors malgré que mon ventre me travaillait à l'intérieur, je ne cédais pas.

j'avais une fierté, et je préférais mourir que de demander à manger à ce stupide footeux.

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talya

thank me later • kylian mbappéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant