quand la nuit s'achève j'pars avec elle, j'plane
luna guidicelli
san josé, minuit
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je remercie le vieux monsieur d'un faible sourire et plonge mes yeux dans la liqueur transparente de mon verre d'eau.
après que les deux garçons m'aient retrouvée, on s'est posés dans un bar assez dépravé pour commander de quoi manger.
le silence régnait à table. je mangeais mon tacos sous les yeux protecteurs de presnel tandis que kylian avait les siens rivés sur son téléphone.
je remerciais intérieurement presnel de tout mon coeur. je sais pas ce que j'aurais fait s'il n'était pas venu, et après mon interminable eye contact avec kylian, j'osais rarement le regarder, où si c'était le cas, seulement à base de regard noirs quand ses yeux croisaient les miens.
ses mots me restaient amèrement en travers de la gorge. avant lui jamais personne ne m'avait parlé comme ça et je jure que ça sera la dernière fois. on ne me crie pas dessus, moi.
- tu veux prendre autre chose ? me demande gentiment presnel.
je réponds par la négative et continue de manger tranquillement. j'étais très fatiguée.
ça me faisait bizarre de voir une autre facette de presnel. on va dire qu'il a toujours un peu fait parti de ma vie puisqu'il était ami avec elias bien avant qu'il signe pro. au début il m'agaçait pas mal puis j'ai commencé à le considérer comme un frère même s'il est parfois relou.
je peux l'aimer comme je peux le détester par moment. on a une relation assez étrange mais elle nous convient parfaitement.
- comment tu t'es retrouvée ici ? il me demande finalement.
- j'ai donné la mauvaise adresse au taxi, je réponds simplement.
il hoche la tête et se tourne vers kylian. le métis lève les yeux de son écran puis fixe son coéquipier en haussant un sourcil.
- quoi ? il dit.
presnel lui chuchote du bout des lèvres quelque chose d'inaudible et il lève les yeux au ciel.
- tu fais chier, lâche le défenseur.
- c'est toi tu fais chier, répond kylian en se levant, j'vous attends dehors.
il s'éloigne à grands pas vers la sortie sous les soupirs de presnel qui finit par se tourner vers moi.
- finis de manger après on rentre, t'as l'air ko, me dit-il.
- je dormirai pas dehors presnel, je dis.
- je sais, il répond avec un faible sourire, on va à l'hôtel, mais demain matin on y retourne, d'accord ?
je réponds d'un petit hochement de tête puis prends une bouchée de mon tacos.
au moins j'avais eu ce que je voulais, je dormirai pas dehors. et ça, c'est une victoire.
...
je sèche mes cheveux encore humide face au miroir de la petite salle de bain à l'aide d'une serviette.
la lumière est médiocre et crépite à quelques moments. je vais pas m'en plaindre. entre ça et dormir dehors, le choix est vite fait.
c'est la seule chambre disponible qu'on a trouvé dans le motel le plus proche alors on se retrouve à la partager à trois.
c'est vraiment la crise ici, je sais pas comment les gens font. rendez-moi mes suites cinq étoiles, je pensais.
deux coups frappent à la porte. je rattache correctement ma serviette autour de ma poitrine puis déverouille la porte, tombant nez à nez avec kylian.
- j'peux me laver le visage ? il demande.
j'ouvre un peu plus la porte pour le laisser entrer et il murmure un « merci » avant de s'approcher du lavabo et d'allumer l'eau.
je reste en retrait dans un coin, la serviette sur les pointes de mes cheveux qui ondulaient et continue à les sécher en silence.
une fois qu'il ait fini ses affaires, l'eau s'allume puis se coupe. il attrape une serviette sur le meuble et la passe sur son visage.
quand ii relève la tête, nos regards se croisent à travers le miroir. un échange interminable qu'il rompt en reposant la serviette sur le bord du lavabo.
- j'suis désolé pour tout à l'heure, il dit, j'aurais pas dû dire ça, j'voulais pas te faire pleurer.
mes sourcils se froncent une demie seconde. j'ai jamais mentionnée que j'avais pleuré. comment il le sait ?
- déjà, j'ai pas pleuré, je dis.
- t'es sûre ?
j'hoche doucement la tête. il esquisse un faible sourire puis se retourne.
- ok bah... bonne nuit ? il ajoute.
- bonne nuit, je réponds simplement.
il me sourit puis sort ensuite de la pièce. je referme la porte derrière lui et souffle en m'appuyant dessus.
attendez, il s'est vraiment excusé ?
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