la carapace est intacte
le coeur est accidenté
luna guidicelli
bondy, 3h
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je sors en boudant de la mercedes, vêtue de l'ensemble nike trois fois trop grand de kylian et d'une paire de converse appartenant à sa belle-soeur, quand ce débile éclate de rire après m'avoir détaillé.
- va te faire foutre, je lâche vexée, c'est même pas drôle en plus.
- c'est toi qu'est pas drôle, il rigole, tu boudes pour rien frère.
je roule des yeux et le suis silencieusement jusqu'au lieu où nous allions manger.
après quelques pas, j'aperçois au loin une façade sans nom, avec des photos de menus collés aux murs et leurs prix inscrits dessus.
c'est seulement au moment où kylian rabat sa capuche sur son crâne que je remarque malgré l'heure tardive, un groupe d'hommes posés sur des motos en train de fumer, à rire et parler.
mon coeur prend un rythme de battements irréguliers et ma respiration s'accélère.
instinctivement, je me stoppe dans ma marche, totalement perdue dans mes pensées, dans des souvenirs de plus en plus sombre, récents comme anciens, tandis que l'attaquant s'arrête à son tour en fronçant les sourcils.
- ça va ? il demande.
sans que je m'y attende, mes yeux s'embrument de larmes en même temps que mes lèvres se mettent à trembler.
- hey...
le métis s'approche de moi, relève ma tête en posant ses mains sur mes joues et plante son regard dans le mien.
un frisson me parcourt le corps, une larme tombe de mon cil.
- qu'est ce qui t'arrive luna ? me dit-il d'un air soucieux.
aucun son ne sort de ma bouche. entre son regard profond qui m'hypnotise et m'apaise sans le vouloir, les images douloureuses qui tournent en boucle dans mon cerveau, j'ai l'impression d'être dans un rêve et dans un cauchemar en même temps.
si j'avais mon briquet en main, j'aurais brûlé à petit feu l'entièreté de mon corps, et la douleur serait partie depuis longtemps mais malheureusement, je n'en avais pas la capacité actuellement.
- c'est les mecs là-bas qui te font peur ? il demande.
mon regard parle pour moi. il sourit faiblement puis passe légèrement son pouce sous mes yeux, avant de m'embrasser la joue avec toute la douceur du monde.
il avait beau faire froid, la température de mon corps a augmenté d'une flèche en un rien de temps. je sentais mon coeur s'emballer et mes joues chauffer alors qu'un petit sourire se dessine sur son visage.
- il va rien t'arriver, me rassure-t-il, j'suis avec toi et ils me connaissent. ils tenteront rien, ok ma lune ?
le surnom qu'il m'a attribué m'arrache un petit sourire, faisant élargir le sien. il attrape ma main et me traîne jusqu'au kebab.
tout cela paraît bien mignon à première vue, et même si sa présence me fait le plus grand bien, je sais que je ne mérite pas autant d'attention de sa part.
