« Le tamari'i balance ses jambes et hume le sel apporté par la mer et la délicatesse portée par le tiaré.
Des enfants rient et jouent à quelque pas de lui. Tous sont ses cousins et tous tentent d'attraper les jolis poissons entre leurs pieds. L'un deux s'écrie en brandissant un perroquet :
- Il est gros et tout bleu, celui-là ! Si beau et azur que je le laisse repartir répandre l'émerveillement au travers du lagon.
Les autres s'extasient et lancent des « oh » admiratifs. L'enfant perché sur son cocotier couché meurt d'envie d'admirer la si belle couleur du poisson, mais il est différent de ses cousins, ses yeux explorent continuellement le ciel, roulent et s'émoustillent à la recherche des divinités qui habitent dans la voûte céleste : le crâne du géant qui forme le monde des cieux. Ses yeux rêveurs ne perçoivent pas l'univers comme les autres. Pour lui, il existe mille couleurs bleues ; il y a Moana, profonde et dense, fraiche et salée, elle gronde et remue fort et dans ces ondes chantent les géantes aux longues ailes blanches, chassent les squales et dansent les dauphins ; il y a le tintement cristallin de Pape, l'eau des montagnes qui se teinte d'humeur végétale et de roche volcanique, elle creuse la montagne et abreuve les plaines, dans ses longs bras, nagent les anguilles aux yeux magiques ; il y a Ra'i qui recouvre l'intérieur du crâne du géant, sur lequel s'accrochent les étoiles et la lune, et où perce le soleil, il chauffe Tai roto où éclate sa radiance contre la peau de l'enfant, où voguent les va'a. L'enfant ne voient pas comme les autres, Nimanu est une onde, un chant antique, un cadeau de Hiro ; Nimanu est une famille d'amour et de vie. Mais Nimanu est aussi la mort qui vous plonge profondément au-delà du ciel, au-delà de l'océan, dans le grand vide où le créateur, comme l'enfant, est aveugle ; où le bleu est omniprésent : une eau épaisse et glacée, comme le son d'une conque qui s'éternise à jamais.
Le tamari'i sourit. Qu'il était beau ce perroquet bleu. »
Yiigdrasil (@Yiigrdasil)
« Je me souviens du blanc qui emplissait mes pensées quand elles étaient trop douloureuses, ce blanc qui colorait mon visage d'enfant au bord du malaise, ce blanc qui vidait de toutes ses couleurs vitales celui de mon petit frère. Je n'ai pas oublié la lividité de ma mère sous les insultes proférées par mon père. On dit que le rouge est signe de grosse colère, mais lui était blanc-gris dans sa fureur.
Il y avait le blanc étincelant de la lune que j'observais avec des petites taches plus sombres que j'attribuais à une bouche et des yeux, le blanc du lait de mon petit-déjeuner que ma mère colorait, les dents de lait de mon petit frère tout immaculées, le short blanc qu'il avait taché en se roulant dans l'herbe, le blanc qui m'amenait au bord du précipice avant de perdre conscience, le blanc des pansements nombreux qui recouvraient mes blessures d'enfant intrépide.
Pourquoi vous parler du blanc ? Parce que comme vous l'aurez compris cette couleur était associée à une terrible peur bleue, des ecchymoses bleues sur le corps de ma mère, mon petit frère et le mien après les violences physiques que nous subissions de la part de celui que nous devions appeler « papa ». »
Calicef (@Calicef)
« Je me suis posée cette question au milieu de tout un tas d'autres lorsque mon ophtalmo m'a expliqué que je perdais la vue.
Une réelle panique concernant les choses de la vie car chaque couleur s'associe à une odeur, un souvenir, un ressenti personnel.
Le bleu pour moi, représente un ciel d'été. Et avec lui la chaleur du soleil. Il peut aussi dans mon esprit être associé à la méditerranée ou l'atlantique, même si l'eau est transparente.
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