Les Créations (session 10)

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« Treize Éléphants bleus ont bravé le couvre-feu. Ce ne sont point des moutons, mais des poètes. Rendez-leur hommage, Monsieur le Président ; ils seront cuits à point : voilà la recette qui vous élevera. »

Enora-Loup (@Enora-Loup)


« Le pachyderme bleu avait raté l'heure du couvre-feu. Il s'était attardé au cimetière des éléphants pour le dernier hommage à la matriarche du troupeau, réduit au nombre de treize. Du coup le bleu avait dû courir, éviter un mouton qui lui barrait la route. S'efforcer de ne pas écouter le poète déclamant au bord de la route. Essoufflé, il était entré dans sa maison en bambou. Son co-locataire, un rhinocéros irascible, mais excellent cuisinier, terminait de préparer une salade de légume dont il avait trouvé la recette sur internet. Tous deux eurent juste le temps de s'installer devant la télé allumée, le président commençait à parler.... »

Alaefelin (@Alaefelin)


« Il ne s'était même pas écoulé treize minutes après le discours du président de la république dictatoriale annonçant le couvre-feu pour le lendemain à partir de sept heures que les moutons de Panurge se ruaient en masses bruyantes dans les bars et les cabarets pour savourer jusqu'au bout de la nuit leur liberté. Les drapeaux bleu-blanc-rouge, égalité-fraternité-débilité, nouveau slogan de cette société, flottaient allègrement en hommage au Covid 19, recette infaillible pour régler la surpopulation mondiale. Et même si comme le dit Capdevielle, les politiciens finiront tous un jour au fond d'un asile, je ne sortirai jamais du désert pour regagner la ville.

Ne tirez pas sur les poètes. On peut bien pervertir ou tuer les poètes, la poésie, elle, ne meurt pas. Elle peut même s'avérer assassine en montrant le monde et les hommes tels qu'ils sont- bien plus petits que leurs rêves. La poésie est comme la musique ( noir et blanc de Bernard Lavilliers), c'est un cri qui vient de l'intérieur, de n'importe quel pays et de n'importe quelle couleur. Les poètes ont ce pouvoir de venger les mots. « Parce que nous demandons aux morts d'exister contre les mots qui sont morts » écrit Serge Pey. Alors ils s'en fichent bien de finir leur vie abandonnés dans le cimetière des éléphants.

Ah chers cons patriotes, que je vous haine! Je chie et conchie sur votre crétinisme profond qui fait de vous des meurtriers nombrilistes. »

Calicef (@Calicef)


« Dans mon lit, sous la couette, je rêve :

Il fait beau, le ciel est d'un magnifique bleu. Il y a peu de personnes. En fait, je ne sais pas si c'est moi, mais il y a un poète qui rend un hommage. Et un éléphant bien sage qui l'écoute. Cela a l'air agréable, la bête sourit.

Et puis, j'ai su que mon rêve s'assombrissait. Il est arrivé le mouton, tout noir. Un signe clair. Et peu de temps après il y avait le président qui parlait de couvre-feu. Je me suis tendu, je connaissais déjà la recette et c'était pas celle des treize desserts. »

Mayou82 (@mayou82)


« On entend les distantes sirènes hurler à l'agonie du temps des jours un peu plus clairs. C'est l'hommage à la fêlure de ce semblant de vie si fragile, des au-dehors moins anxieux, et des bleus sarcophages où les moutons, se délestant de leur pelage cotonneux sur l'asthénie de Borée, semblent se laisser périr dans les mouvements des airs. Le désert est né du couvre-feu, dessert pour l'hypocrisie du PARTI, Palpitante Association de Rustres et Tocards Imbéciles. La recette idyllique pour quelques bigots de fausseté, faussaires d'espoirs, tient toujours pour les chattemites croquemitaines bon pour les mouches. Avec le mouchard de leur discours glaireux dans nos cellules gliales, ils pourraient nous faire croire aux éléphants à crocs accrochés aux vendredis treizes ! Le passé président a fait fondre nos Heures, mais les poètes peuvent encore au travers de la fenêtre, cerveau lent au cerf-volant et œil vagabond, braver l'interdit dans leurs lointaines escapades, trouver un ersatz de sortie. »

NP05_42 (@NP05_42)

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