Chaos...

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Une vie paisible, les enfants qui rigolent, qui s'amusent, les parents qui crient pour qu'ils fassent attention, un temps idéal pour promener son chien, pour discuter entre amis sans arrière-pensées, sans se dire que la seconde d'après, tout va basculer...

C'est terrifiant... 

C'est terrifiant comment tout peut s'effondrer en quelques secondes. Les enfants qui rigolent deviennent des enfants qui pleurent, les parents ne crient plus pour qu'ils fassent attention mais pour qu'ils se cachent, le chien s'enfuit, son propriétaire aussi, les amis se séparent, ils deviennent des inconnus, tandis que moi, je suis la menace.

On est une vingtaine, habillés en noir, cagoulés, munis d'armes automatiques, à tirer en l'air, j'ai jamais vu un foutoir pareil, c'est une première pour moi. Mon cœur bat putain de vite, j'ai l'impression que je vais m'évanouir, mais maintenant que je suis là, je ne peux plus faire marche arrière. La machine est lancée, le destin aussi.

Tout le monde court alors qu'on avance progressivement en tirant en l'air. Quelques minutes plus tard, des coups de feu pleuvent dans notre direction. Je me cache derrière la première voiture que je vois, la respiration haletante, à ce moment là je ne pense qu'à une chose, Eileen.

— Putain de merde...

— Allez ! On y va ! On doit finir ça vite ! rugit la voix de Tanguy.

J'aperçois en face plusieurs gars armés, la seule différence avec nous, c'est qu'ils sont pris au dépourvu. Un des leurs tombe à terre, puis deux, puis trois, c'est vraiment la merde. 

On continue d'avancer, on finit par arriver au milieu du quartier, l'entrée de l'immeuble visé est à quelques mètres de nous, on y rentre.

Mon meilleur ami est à côté de moi, cagoulé, dans le même état que moi, je le vois à ses yeux. Je l'ai embarqué dans ce foutoir, il ne voulait pas me laisser y aller sans qu'il soit là, je lui revaudrai ça... 

Les coups de feu résonnent dans l'immeuble, les cris aussi, j'espère vraiment qu'il n'y a pas eu de balles perdues. Je me sens hypocrite de penser ça, malgré le fait que je n'ai pas encore tiré, je suis du mauvais camp, je suis à côté de ce genre de personnes que je déteste à cause d'une putain d'erreur...

On monte dans les étages par équipe de quatre. Dans les couloirs, plusieurs personnes fuient, on reconnait facilement ceux qui ne sont pas nos ennemis, ils sont apeurés. On rentre parfois dans les mauvais appartements, leurs cris d'effroi me brisent le cœur, ne rien montrer, ne rien ressentir, c'est ce qu'il faut se dire dans ces moments-là. L'humanité n'a pas sa place dans ce monde. 

Soudainement on finit par rentrer dans l'un des appartements cibles, je sens un coup de vent frôler ma tête, je me mets à couvert, putain... J'ai failli crever. Je finis par tirer aussi à contrecœur, après quelques minutes, rien, du silence, je crois qu'ils sont morts. On rentre prudemment dans l'appart. Sale, bordélique, il y a de la drogue partout, dans des sacs, sur la table et s'ajoutent à ce foutoir, les cadavres criblés de balles, cette vision m'horripile, me donne la gerbe, je suis responsable de ça.

N'y pense plus.

Mon téléphone de rechange sonne, Tanguy nous ordonne de nous retirer, sans doute car les flics vont rappliquer. On descend rapidement de l'immeuble, sans faire attention au reste, si on se fait choper, c'est la fin, même pour moi qui suis encore mineur. On est enfin dehors, ça ne s'est toujours pas calmé, des voitures brûlées, des coups de feu de partout, des corps à terre, ce n'est plus un simple règlement de compte, c'est clairement une guerre, au nom de quoi ? 

D'un putain de territoire, de la putain de drogue. Des gens meurent pour ça, j'ai failli y passer pour de la merde. On finit par rejoindre les voitures, après quelques minutes, on commence tous à partir en laissant le quartier en désolation.

N'y pense plusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant