Lylia

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La souffrance, durant de longues minutes, de longues heures peut être, je ne saurais le dire tellement le temps parait long.

Une sensation de brûlure dans le dos, mêlée à la douleur de chaque coup, explosant mes vaisseaux sanguins sans la moindre pitié. Le bruit du fouet claquant sur mon dos ensanglanté. Mes hurlements de douleur, mes supplications pour que cette punition s'arrête, dans ces moments-là mourir serait une bénédiction et non une malédiction.

Je n'en peux plus c'est si dur...

Après encore quelques coups de fouet me déchirant jusqu'au plus profond de mon âme et de mon corps, il se stoppe. Je tourne lentement ma tête, le regardant d'un air à la fois menaçant et désespéré. Cet homme se languit de me punir, il est exalté par ma douleur, excité par chacun de mes cris. Sans doute est-il extasié rien qu'en observant mon regard rempli de souffrance, de solitude et de tristesse. Alors c'est comme ça que ce fichu Dieu nous remercie pour nos bonnes actions. J'ai aidé un enfant et j'ai subi ça ?

Ce monde... Horrible... Mes parents, même pas là pour me protéger...

— J'espère que tu as compris petite idiote... murmure Mr Thomas dans mon oreille d'un ton à la fois malsain et goguenard. Tu n'es rien, tu n'as rien...

Je serre les dents pour ne pas répondre, lui opposer résistance c'est perdre. Il ne veut que jouer avec moi, il se plaît dans la torture, dans la punition. Des larmes coulent, je ne peux les retenir. L'entendre s'amuser de ma douleur, voir ses yeux se noyer dans une folie meurtrière, tout ça me donne des idées noires. Lui ne veut qu'une chose, me casser, le plus frustrant c'est qu'il en a le droit, je le sais pertinemment, dans cet orphelinat je ne suis rien.

Même pas humaine...

Nous ne sommes rien, à part des souffres douleurs, servant à réguler ces personnes malsaines, s'il n'y avait pas cet orphelinat, combien de personnes souffriraient ? Beaucoup, finalement je sers à quelque chose dans ma misérable existence, je sauve sans doute d'autres enfants en étant dans cet endroit... Nue, devant un être dégoutant qui s'extasie devant une scène pourtant si horrifique. Une enfant fouettée, ensanglantée, détruite physiquement et mentalement, une enfant n'ayant même pas encore neuf ans... Une enfant marquée...

Après la torture, je retrouve ma chambre, il est tard, je suis épuisée. Alors que j'essaie de m'endormir, mes douleurs au dos m'attaquent de plein fouet, revenant à chaque changement de position. Je pense encore au garçon, aux monstruosités que font subir le personnel de l'orphelinat à des enfants qu'on pourrait presque comparer à des nourrissons.

Je m'en fiche de me faire punir, je suis habituée, mais lui ne le mérite pas, personne ne le mérite...

J'ai si mal...

Le lendemain, je me réveille, les yeux enflés, j'ai pleuré toute la nuit. Mes blessures au dos me font terriblement souffrir. Je me regarde dans le miroir, juste une mine affreuse, semblable à une goule. Je fais le point sur mes blessures, des nausées me prennent. Le sang, éparpillé partout, mon dos, meurtri de lésions, sera marqué pour l'éternité de ces cicatrices, comme une esclave au service de ses démons.

Ils le paieront. Je le jure.

— J'espère que c'est pas infecté... murmuré-je avant de fondre en larmes devant mon miroir.

Ma matinée est vide, il n'est pas encore l'heure de manger. Je ne fais rien à part compter les secondes, je ne peux même pas m'exercer à écrire, m'asseoir étant déjà une épreuve éprouvante. Alors je m'imagine plonger le monde extérieur, dans des contrées inconnues avec mes parents. J'y rencontre des personnes dans le besoin que j'aide sans rien leur demander en retour, dans un paysage fleuri, magnifique, sans bâtiments semblables à cet endroit putride. Je m'émerveille toute seule, mon esprit, créatif mais limité par un manque de culture causé par cet Enfer. Je m'en fiche dans ma tête, je suis la reine et c'est tout ce qui compte à mes yeux... 

N'y pense plusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant