Le retour...

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Des livres à foison, je ne vois que ça depuis des semaines, que ce soit des manuels, des documentaires, des cahiers de cours de troisième de Naël et Sarah. J'en peux plus !

Grâce aux efforts de Jeanne, George et du juge qui me suit, j'ai réussi à avoir une dérogation, j'ai jusqu'au trente juin pour rattraper les cours de troisième. Le plus gros est fait, il me reste que trois jours avant de passer mon brevet en candidat libre.

Naël sait qu'il ne faut pas me déranger quand je travaille sur le bureau de notre chambre, il respecte ça, je trouve ça tellement charmant et mignon. Il me ramène des plats, de l'eau, d'autres boissons, il m'explique quand je ne comprends pas. Malgré son désintéressement complet de l'école, il reste très bon et cultivé. 

Ça m'inquiète de plus en plus, il sèche de plus en plus souvent les cours alors qu'il a le BAC en fin d'année. Nous nous sommes déjà disputés à ce sujet, il m'a hurlé qu'il n'avait pas le choix, je me suis tue. 

Je lui avais promis que je le suivrais quoi qu'il arrive, même si son argent n'est pas légal je m'en fiche complètement. C'est pour trouver un travail sain que j'étudie si ardemment.

Quand je repense à ma vie, à celle de Naël, nous qui sommes si jeunes, je ne peux pas m'empêcher de dire que rien n'est normal. Je n'ai que quinze ans, comment j'ai pu vivre toutes ces merdes en si peu de temps ? Comment se fait-il qu'à son âge, Naël doive faire des choses si sombres ? Les autres enfants de notre âge ne vivent pas en couple à ce moment-là de leur vie, ils ne sont pas confrontés à la peur de la mort...

Je devrais arrêter de me poser ce genre de réflexions inutiles...

Grâce à mes lectures, à mes exercices et aux documentaires, je me suis rendue compte que Julian ne m'apportait aucune réelle connaissance. Il me manipulait pour me faire croire que j'étais dans un environnement sain.

Ces guerres qui m'avaient tant fascinée à la télé, les révolutions qui ont chamboulé tout un système monarchique.

Ces inventions qui ont sauvé tant de monde, qui ont décimé des populations.

 Ces créatures qui ont foulé nos sols avant nous, qui ont évolué, qui sont devenues ce qu'on voit aujourd'hui. 

L'histoire, l'évolution de la terre, la biologie, tout est si fascinant.

Mais ça fait peur aussi.

Comment pouvons-nous être si horribles ? Si sadiques ? Je n'ai côtoyé que ce genre de personnes pourtant ça m'étonnera toujours.

C'est peut-être pour ça que j'ai peur quand Naël sort. Il se fait des ennemis, il prend des risques. Il souffre continuellement, s'il rate son année, il va tomber à bras ouverts dans le monde dont je me suis échappée.

Si je dois plonger avec toi, je le ferai sans hésiter. Si tu te noies tout seul, je succomberai quand même, autant qu'on soit tous les deux...

— J'ai hâte que tu reviennes...

**

— Pourquoi tu m'as appelé Tanguy ? J'me suis engueulé avec Lee par ta faute. fulminé-je, alors que je rentre dans son appart.

Mon acolyte prend deux bières dans son frigo, m'en lance une que j'attrape, putain, c'est qu'il me fout un vent en plus ?

— Pardon tu disais ? dit Tanguy, d'un ton désinvolte qui a le don de me foutre en l'air.

— Arrête, commence pas à me casser les couilles.

— Bon, désolé que tu aies raté une journée de cours de merde pour gagner du fric. Eileen va pas en mourir.

N'y pense plusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant