Quinze ans auparavant...

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Naël et moi, impuissants. Julian se languissant de notre visage assombri, morose. On ne réalise pas encore. La douleur continue de monter, l'information devient de plus en plus claire dans notre cerveau.

Pourtant, il n'a pas fini, il a déjà dévoilé être Tahir, il nous a énuméré tout ce qu'il a fait... Il veut me montrer qu'il est le roi... Je l'ai d'ores et déjà compris.

Il s'approche de Naël, lui arrache son scotch puis prends son menton du bout de ses doigts. Les deux se regardent intensément.

— J'avais peur que tu t'étouffes. J'espère que tu as apprécié ce récit... Sarah, Pierre, tes potes, George, Jeanne... Ils sont tous morts à cause d'elle. Tu le sais ça ?

Un silencieux ruisseau coule de mes yeux, quand Julian le dit, le temps reprend son cours. Je finis par accepter le fait qu'ils soient morts. Les souvenirs sont d'autant plus violents. Je ne vais plus pouvoir les voir. Plus de câlin, de rire, de petits moments joyeux, de cachotteries. Il n'y aura aucun bras pour m'accueillir...

Naël tente une énième fois de se débattre, il menace Julian du regard. Pourquoi suis-je si naze à côté de lui ?

— Tout est ta faute fils de pute. Tu verras. Tu vas crever. Tout ce que t'as créé va s'effondrer. Tu vas rien comprendre à ta putain de douleur.

Julian sourit, ce même sourire qui m'a traumatisée durant ces longues années.

— Tu me menaces depuis tout à l'heure Naël, tu penses qu'Eileen est à toi. Écoute donc mon récit.

Avant qu'il n'ait le temps de répondre, Julian lui met son scotch. Il se penche ensuite vers moi.

— Je vais te raconter notre histoire Eileen.

— Qu'est-ce que...

Il met son doigt sur ma lèvre, je me tais instantanément.

— Cette douce lèvre...

Il se lève, va-t-il débuter son récit ? Malgré moi, je veux savoir ce qu'il veut dire.

**

Il y a un peu plus de quinze ans, j'ai rencontré la femme qui a chamboulé ma vie. Carla David.

Les affaires sont fleurissantes, rien ne peut m'arrêter. Les médias cache nos crimes. La ville de Montpellier doit garder sa réputation de ville touristique. Pourtant, je vise quelque chose de plus grand.

Comme tous les jours, je mange au restaurant avec Fernando, mon ami de toujours. Celui qui a toujours été à mes côtés, qu'importe ma personnalité, mes crimes. Il reste présent.

— Julian, qu'est-ce que t'as en tête ? On devrait retourner à Montpellier, on peut pas tout laisser à Xavier, c'est pas quelqu'un de confiance. t'aurais au moins pu me dire de rester. Tu prends un gros risque, on est tous les deux à Paris...

Je le toise du regard, son raisonnement est compréhensible. Ce qu'il ne sait pas, c'est que j'ai la femme de l'autre fils de pute en otage. Il ne fera rien du tout. À tout moment, elle meurt. Fernando n'a pas besoin de savoir. Il n'aime pas quand on touche aux femmes. un vrai gentleman dans l'âme. C'est pas comme ça que j'ai été éduqué. Il faut de la force, de la domination, de la peur.

Sans ça, les autres retournent leurs vestes. Montrent les crocs. Personne n'a le droit d'être meilleur que moi, encore moins les femmes.

Fernando me rappelle une nouvelle fois, je lui ai pas répondu.

— Ne m'appelle pas comme ça en public. Tu connais la règle, t'es pas immunisé. Xavier, j'en fais mon affaire, il n'est pas un problème.

Il acquiesce d'un signe de tête, même lui, mon second, n'ose pas me répondre.

N'y pense plusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant