N'y pense plus

Confession

Le lendemain, je me réveille, fatiguée, revivre tout ce que j'ai vécu c'est éprouvant.

Le petit déjeuner se passe bien, pour mon plus grand plaisir Naël est de retour, est-il revenu durant la nuit ? C'est possible, son air tendu me gêne, je ne peux pas le soulager, je n'ose pas.

— Salut... me dit-il le ton grave.

— Tu vas bien ?

Je le regarde, faire mine de rien me fatigue, mais j'y suis obligée...

— Soirée arrosée... Mais ouais tranquille.

Il ment, je le sais.

— Je vois...

Peut-être que je vais le laisser pour aujourd'hui, il n'a sans doute pas envie de passer une journée avec moi alors qu'il se sent si mal, m'imposer est la dernière chose dont j'ai envie.

— Tu veux partir à quelle heure ? me demande-t-il.

Malgré mon désir de ne rien laisser paraître je parais tout de même étonnée, voire ravie.

— Tu veux quand même qu'on y aille ? dis-je, les yeux remplis d'espoir.

— Je te l'ai promis non ? déclare-t-il en me faisant un clin d'œil.

— C'est vrai...

Je vais sortir pour la première fois sans Jeanne ou Sarah, pour la première fois avec un garçon...

Tout se passera bien, Naël n'est pas comme tous les autres, lui s'est mit en danger pour moi, je le comprends désormais, il me faudra juste du temps pour combattre ma peur, pour le combattre lui...

J'espère que j'y arriverai un jour...

— Comme ça t'arrange, j'ai pas envie de t'imposer une heure...

— On y va dans deux heures, comme ça on ira manger dans un resto que je connais bien.

Un restaurant ?! J'y suis jamais allée de ma vie !

— Je serai prête. j'essaye de cacher ma joie, c'est difficile...

Je finis mon petit déjeuner en vitesse, Sarah arrive peu après moi, je la salue d'un sourire, elle se retourne, étonnée de ma précipitation.

— Qu'est ce qui se passe ? demande-t-elle, perdue.

— Rien du tout ! Je vais me préparer ! dis-je, fonçant vers la salle de bain.

Je prends ma douche en cinq minutes, me sèche, me lave les dents, tout en un instant, je me rends ensuite dans ma chambre, que vais-je choisir ? C'est la première fois que je me pose librement cette question... C'est avec le sourire aux lèvres que je compare mes différents habits. Après de longues minutes de mûre réflexion sur ma tenue de sortie, j'opte pour une jolie robe noire, ceinturée. Je la trouve si belle, elle laisse mon épaule gauche visible, je trouve ça plus sensuel.

Depuis quand je pense comme ça moi ?

C'est vrai, même après tout ce temps j'ai encore du mal. Malgré le nombre de preuves sur le fait que les Lemoine sont des amours, j'ai toujours une petite boule au ventre. J'ai peur de quoi, que ce soit un cauchemar ? Qu'ils me trompent ? S'ils l'avaient vraiment voulu, ils ne m'auraient même pas laissée sortir, je sais de quoi je parle. Pourtant, cette fichue peur reste toujours, Julian je te déteste. J'en rêve maintenant, de te torturer, de te faire mal, tellement mal que tu me supplies d'arrêter, je ne le fais pas, je continue de te faire souffrir encore et encore comme tu l'as fait pour moi. Puis lentement, je te regarde agoniser. Je me languis de te voir baigner dans ton propre sang, trahi par celle que tu croyais faible, celle que tu as tellement utilisé, celle que tu as détruite, à vie.