Chap 5

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Je me traînai hors de la chambre aussi vite que je pus. J'avais peur qu'il me donne un coup de pied pendant que je rampais; oncle Vernon l'avait fait plusieurs fois et j'avais mal à la poitrine pendant des siècles après. Mais il ne le fit pas, il me laissait me laver d'abord. Quand on m'avait laissé dans le placard trop longtemps (et ça arrivait), oncle Vernon ne me laissait jamais cette chance. Il commençait sur le champ.

Je fis couler de l'eau froide dans la baignoire. Pendant qu'elle se remplissait, j'essayai de lever les jambes; je les sentais bourdonnantes, picotantes. C'était difficile de grimper dans la baignoire; je glissai et fis un véritable vacarme quand ma tête vint frapper les tuiles. N'importe lequel des Dursley m'aurait hurlé une injure, mais Snape ne dit rien. Il était vraiment gentil avec moi, et je me sentais coupable d'avoir eu de tels cauchemars à son sujet.

Je restai dans l'eau un peu trop long, et mes dents claquaient quand j'en sorti. Je me séchai à l'aide de mon t-shirt sale et le passai autour de ma taille puisque toutes les serviettes avaient été utilisées pour nettoyer du vomis. Puis, je retournai en courant dans la chambre où j'avais dormi. Après m'être habillé, je pris une grande respiration, puis saisit l'objet que je détestais le plus au monde du dos du tirroir le plus bas de la commode. Je savais que je devais le faire; il aurait été insolent de tenter d'esquiver.

Il était assis à la table de la cuisine quand je suis entré. Il avait l'air malade et fixait le vide. Ça lui prit un moment avant de sortir de sa bulle, et aussitôt que ce fut le cas je baissai la tête et lui présentai l'objet pour qu'il s'en saisisse.

Il se transforma instantanément en furie; ses yeux étaient rouges et il n'aurait pas pu avoir l'air plus contrarié.

« Où as-tu trouvé cette… chose? » bouillona-t-il, me crachant presque au visage en prononçant le son « ch » entre ses dents.

« C'est un… cadeau, monsieur » dit-il à contrecoeur. Même moi, je savais que Oncle Vernon avait été carrément malfaisant en me la donnant pour Noël, deux ans plus tôt.

« C'est un foutu mensonge! » Il m'empoigna les épaules et commença à me secouer, répétant « Où l'as-tu trouvée? »

Je savais que tout ce que j'allais dire rendrait la situation encore pire, donc je me tins droit et pris sur moi pour endurer ce que je méritais, ma tête commençant à tourner à force d'être secouée. Il arrêta, s'emparra de la ceinture et la tint près de mon visage.

« Tu sais à quoi ça sert, n'est-ce pas? » déclara-t-il d'un ton calme et menaçant.

Je déglutis. « Oui, monsieur. »

Il émit un grondement et commença à trembler, sa respiration étant courte et rapide.

« Vas-y alors, James! Dis-moi à quoi ça sert, parce que je sais très bien pourquoi tu l'as apporté. »

Pourquoi m'avait-il appelé James? Qui était James? Je savais que je devais répondre, malgré tout.

« C'est… c'est pour f... fouetter, monsieur. »

Il chancela, sa tête ballotait comme si elle avait été attachée à une ficelle. L'homme jetait des coups d'œil aux alentours frénétiquement, comme s'il s'attendait à voir du sang jaillir des murs ou pire encore. Devenait-il fou sous mes yeux?

Aussi soudainement que ça avait commencé, il arrêta de se démener et se tourna vers moi à nouveau.

« Pourquoi as-tu… pourquoi… espèce d'horrible petit monstre! »

EightOù les histoires vivent. Découvrez maintenant