Chap 17

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Comme Lily! Un lecteur, et un conteur en plus. Puis, une pensée me fit ralentir le pas. Avait-il senti mon approbation? Essayait-il simplement de m'apaiser? Je me souvins de ce jour dans le pub – savait-il seulement lire? Pour quelle autre raison m'aurait-il demandé de commander pour lui? Une voix mesquine me disait qu'il ne se sentait tout simplement pas confortable avec l'aspect monétaire, sans parler de son acclimatation à être affamé. Peut-être que je m'enfonçais dans le cynisme… mais avant que je lui achète quoi que ce soit chez Blighe, il allait passer un test de lecture!

La librairie rabaissait la bibliothèque de mon ancienne école au rang d'étagère défraîchie! La section pour enfants contenait des tonnes de livres à la couverture colorée et brillante. J'étais habitué aux couvertures de livres tâchées et grisonnantes de la bibliothèque.

Évidemment, après que Dudley ait déchiré le premier livre que j'avais emprunté, je n'avais pas été autorisé à faire sortir ni même à parcourir les pages des livres sous la responsabilité de madame Warnette. Chaque petit morceau de moi espérait, souhaitait que mon Snape m'achète un livre. Il semblait excité d'être là lui aussi, pas comme dans la boutique de jouets. Il y avait même une joyeuse dame à l'avant qui s'anima à notre arrivée. Elle portait de drôles de lunettes et avait les cheveux désordonnés. J'aurais juré qu'elle aurait pu être le double modlu de Professeur McGonagall! Mais elle était beaucoup plus aimable que ce professeur.

J'attendis, retenant mon souffle à ses côtés, qu'il me dise de regarder tout autour. Mais rien ne vint. Au lieu de ça, il prit un livre d'image puéril et me le tendit, l'ouvrant à la première page avec des mots. J'espérai pouvoir lui prouver que je n'étais pas stupide. Me détesterait-il si j'étais médiocre?

« J'aime courir. Tom aime courir. Nous courrons à la maison. Nous courrons à l'école. » Je lisais aussi vite que possible, m'arrêtant à tous les bons moments.

Le livre me fut arraché, un autre – à chapitres, cette fois – le remplaçant rapidement.

« Quand, après une longue et dure journée, pendant laquelle on l'avait envoyée en courses de-ci et de-là, quelquefois bien loin, malgré froid, vent et pluie, qu'elle rentrait mouillée et affamée, et qu'il fallait repartir encore, parce que personne ne daignait se souvenir qu'elle n'était qu'une faible enfant, que ses pauvres jambes pourraient être fatiguées et son petit corps souffrir du froid; quand elle n'avait reçu, en guise de remerciements, que des rebuffades et des regards méprisants… » Je voulais continuer à lire celui-là, mais il me l'enleva. (1)

« Maintenant, dis-moi ce que tu as lu » dit-il vivement, me regardant de près. Un autre test; serais-je assez bon pour qu'il veuille bien de moi?

« Et bien, monsieur, commençai-je doucement. C'est à propos d'une fille qui avait beaucoup de corvées et commissions à faire. Elle devait aller dehors et courir d'un endroit à l'autre même s'il faisait très froid et très mauvais dehors. Elle était fatiguée, elle avait froid et faim, mais personne… »

C'était tellement triste. Je mordis l'intérieur de mes joues pour libérer mon esprit de la tristesse jusqu'à ce que ma tâche soit terminée.

« Personne ne s'en souciait, monsieur. »

Il était tellement affecté. « Probablement un bon signe. Il a besoin de raisonner tout cela. »

Ensuite, je lui donnai une version classique condensée d'un de mes livres préférés. Même si je le nierais véhément dans le monde sorcier, une version en lambeaux de l'œuvre complète de Charles Dickens était présente depuis toujours dans ma bibliothèque.

EightOù les histoires vivent. Découvrez maintenant