Until Now }Bang Chan{

17. Pinocchio

« J'en étais sûre. »

Je trempais mes lèvres dans mon cappuccino encore chaud, levant les yeux vers lui.

« Chan... comment tu veux avancer en étant comme ça? »

Il tiqua nerveusement, puis posa son dos sur le dossier de la chaise, un joli sourire sur le visage.

« C'est bon! C'est pas comme si je passais mon temps à...

- Tu te fais encore des ramyeon en plein milieu de l'après-midi! Me moquais-je. Tu faisais ça quand tu avais trois ans...

- Ouais, et bah que ça te plaise ou non, je continuerais à m'en faire. »

Je pouffai discrètement en voyant sa bouille d'enfant, avant de boire à nouveau.

Il saisit à son tour sa bière.

« Je suis sur que tu continues à manger un œuf kinder pour ton goûter! »

Je faillis m'étouffer après sa phrase, et me mis à rire.

Et le pire dans tout ça, c'est qu'il avait raison.

« Écoute, je préfère manger un œuf kinder plutôt que des ramyeon! »

Il rit à son tour, puis ses yeux rencontrèrent les miens.

Malgré le fait qu'il ne s'était strictement rien passé tout à l'heure, je pouvais encore sentir cette tension entre nous. C'était comme si on n'attendait qu'une seule occasion pour se sauter dessus.

Et c'est peut-être pour cette raison que nous avons choisi d'aller dans un bar privé, et de s'installer à une table à l'écart des regards.

Au moins, ça nous permettait d'avoir un minimum de retenue. Parce que strictement rien n'avait été comblé, pour l'instant. Nous ressentions encore ce désir au fond de notre poitrine, et ça allait bientôt devenir insoutenable.

Et je vous avoue que ça me faisait bizarre de me souvenir de tout ça. De tout ce que nous avions partagé ensemble, de tout ce que nous savions l'un sur l'autre.

Je pourrais passer ma vie entière à raconter la sienne, lorsqu'il était enfant. Même si je sais pertinemment que je ne suis pas au courant de tout. Et c'est le cas de cette fameuse Su-Ji, son « amie d'enfance ». Jamais je n'avais entendu parlé d'elle. Et jamais il n'en avait parlé non plus.

Du coin de l'œil, je distinguais ses doigts s'approcher de ma main. Alors je ne bougeai pas, attendant qu'il fasse le premier pas.

Mais au dernier moment, il se restreint.

Un soupir intérieur fit écho dans ma tête, mais mon visage n'en montra rien.

A la place, je me contentai de sourire.

« Je peux te poser une question? »

Sa voix m'avait quelque peu surprise, c'est pour cette raison que je ne répondis pas dans l'immédiat.

Ce genre de question ne m'enchantait pas de toute façon.

Mais finalement, je hochai la tête de haut en bas.

Il me fixa encore un instant.

« Pourquoi est-ce que tu m'as demandé d'arrêter? »

Oh...

Je m'attendais à tout, sauf à ça...

Comment... comment est-ce que je pourrais lui expliquer? Je devrais lui dire que j'ai fait ça pour le tester? Ou alors parce que, au fond de moi, je me rends compte qu'on est en train de faire une erreur?