Chapitre 21- Fugue

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Il lève la tête avec une lenteur impressionnante. C'est comme si la scène se déroulait au ralentit. Il ne dit rien, aucun son ne traverse ses lèvres. Il me regarde juste dans les yeux, attendant la suite, attendant que je m'écroule de douleur. Alors je reprends, d'une voix de plus en plus forte :

« Tu savais que maman était victime d'un meurtre avec préméditation !

- Elle n'est pas morte.

- C'est tout ce que tu trouves à dire ? Elle n'est pas morte ? Vraiment ? Tu sais dans quel état maman est ? Elle est dans le coma, entre la vie et la mort depuis maintenant plus d'une semaine. Une semaine que chaque jour ou presque je vais la voir, je lui tient la main, je lui raconte tout comme si de rien n'était ! Une semaine que je fais semblant que tout va bien, une semaine que je mens à mes amis, à Nathan et Manon en leur disant que tout va bien et que maman travaille ! Tout ça pour qu'ils ne s'inquiètent pas, qu'ils continuent d'être heureux ! Et toi tout ce que tu trouves à faire c'est me laisser crever ? Me laisser me démerder toute seule après tout ce que j'ai fais ? À me balancer des paroles cinglantes ! Je veux bien que tu sois mal, voir la femme de sa vie mourir sous ses yeux doit être horrible, mais c'est ma mère ! Moi aussi ça me détruit et c'est toi le père ! C'est à toi de t'occuper de nous, c'est pas en faisant comme si de rien n'était que tout s'arrangera ! Bien au contraire tu es entrain de me détruire encore plus papa, tu te rends même pas compte du mal que tu me fais et du mal que tu fais à mes amis en même temps !

Boum !

Un grand bruit résonne dans toute la maison. Je me retourne vers le bruit mais il est déjà trop tard. Je vois Manon se retourner et s'enfuir par la porte de la maison me laissant avec papa. Sans réfléchir je crie le nom de ma soeur et me lance à sa poursuite. Quand j'arrive dans la rue je ne la vois nulle part. La peur m'envahit, Manon a tout entendu. Elle sait tout, ma soeur doit m'en vouloir de ne lui avoir rien dit. Elle doit être perdue, dévastée d'apprendre ça. Surtout ainsi. Personne ne peux assimiler que sa mère est dans le coma sans s'effondrer. J'en sais quelque chose.                                                                     J'ai passé l'heure qui a suivi à chercher Manon dans les rues alentours mais aucune trace d'elle. Manon a disparu.

« Tu l'as retrouvé ? » me demande mon père un peu inquiet quand je rentre de nouveau dans la maison.

« Non.

- Mais elle ne peut pas rester dehors.

- Elle ira surement chez Françoise, je l'ai appelé elle va me tenir au courant. » je réponds sans laisser transparaître mes émotions. Mon père ouvre la bouche pour parler mais il la referme aussitôt avant de hocher la tête. Je me détourne de lui et attrape mon sac qui traîne par terre pour le mettre sur mon dos. J'attrape mes clés que j'avais oublié la dernière fois et ferme ma veste.

« Tu t'en vas ?

- Oui.

- Je pensais que

- Olivia m'attend dehors.

- Olivia ?

- La mère de Lou.

- Oh... »  lance-t-il d'une voix pâle.

Sans un regard vers lui j'ouvre la porte et sors pour rejoindre la voiture d'Olivia. Quand j'ouvre la portière elle me sourit doucement. Je m'installe à ses cotés en lui rendant son sourire.

« Je sais qu'il est tard mais est-ce quon pourrait passer chez les Guyon ? Thomas est

- Lou m'a dit pour Thomas, mais je peux te déposer pour la nuit si tu veux.

- Pour la nuit ? Je sais pas si...

- J'ai parlé avec Adèle, elle serait très contente et Lou est déjà au courant. » dit-elle dans un sourire.

Le goût de la tristesseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant