Chapitre 3- Un plan pas si parfait

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« Françoise est-ce que tu pourrais les garder je n'ai pas encore la majorité alors je...

-Bien sûr ! Enfin je ne vais pas vous laisser à la rue et il y a de la place pour Manon et Nathan.

-Ce sera que pour quelques jours, je te le promets...

-Mais ne t'inquiète pas je peux les garder autant de temps que nécessaire.

-Merci. » je lâche dans un souffle.

Un poids immense se retire de mes épaules je me sens tellement plus légère. J'expire fort. Je n'ai même pas remarqué que je retenais ma respiration depuis tout à l'heure. Françoise, ma sauveuse, émet un petit rire.

Je la remercie une énième fois et lui indique qu'on arrive le plus tôt possible. Il doit déjà être 19h ou presque. Je m'active. Je me tourne vers les escaliers et les gravis deux par deux. Ma petite taille ne me permet pas d'avantage. Pourtant, je suis rapidement à l'étage, je regarde les chambres, tout le monde est concentré sur sa tâche. Je me dirige vers ma chambre, j'attrape un sac et commence à y fourrer des vêtements qui me tombent sous la main. Deux jeans, six ou sept t-shirts, des pulls... et dans le pire des cas, je pourrai toujours revenir. Je sors de mon dressing et manque de foncer dans une petite tête blonde. Nina est sur le pas de la porte. Elle attrape le sac de mes mains. Il ne lui convient pas, j'ai jeté mes affaires en vrac alors elle le déballe et commence à plier avec minutie mes affaires. Elle est encore plus maniaque que moi, cela me fait sourire et je la laisse finir. En attendant, je fais mon sac de cours pour la semaine. Une fois terminé il est énorme, je ne sais même pas si je vais réussir à le porter. La petite maniaque a fini aussi et je dois avouer que le sac est beaucoup moins gros que tout à l'heure. Elle descend les sacs et me laisse faire un dernier tour dans les chambres pour fermer et m'assurer qu'ils n'ont rien oublié. Une fois en bas, je les vois tous enfiler leurs chaussures. Je fais de même. Le silence est pesant. Il m'en donne mal à la tête. Je mets mon manteau et ferme la porte à clé derrière moi. Nous prenons le chemin de droite pour attraper un nouveau bus.

~

On a marché le long de la route pour vite tourner à droite. Longé le cimetière, pris encore à droite, dépassé l'école et le collège. Puis on est descendu vers les bords de Loire mais on a pris rapidement à gauche. Puis on a dépassé quelques maisons assez modernes pour arriver à destination. J'ai sonné. J'avais les mains moites : un stress qui monte. La peur de quoi ? Que Françoise ne veuille plus les garder ? Non. Qu'elle remarque que je lui ai menti ? Que je doive lui dire la vérité ? Qu'elle ait pitié de moi ? Je ne veux pas de sa pitié. Aucunement. Je m'effondrerais.

Une tête souriante sort de la maison et nous fait signe d'entrer. Je m'avance et ouvre le portail. Thomas me fait signe qu'ils attendent dehors avec Nina. Je fronce les sourcils.

« Tu ne dors pas chez eux... si ? » m'interroge-t-il. Mon cerveau bug. J'ai oublié ce léger détail. J'ai fait mon sac, je me suis occupée de Manon et Nathan mais je ne sais même pas où je dors. Je n'ai pas prévenu Françoise. Je ne peux pas m'inviter comme ça alors qu'elle héberge déjà ma soeur et mon frère. Alors je regarde Thomas et lui répond le plus franchement du monde à sa question en haussant les épaules.

« Je n'en sais rien à vrai dire...

- Je m'en doutais. Je m'en charge. On t'attend dehors. »

J'acquiesce alors et avance vers la maison de ma sauveuse. Je dépose Manon et Nathan tout joyeux de retrouver leurs amis pour passer une semaine avec eux. Je n'échappe pas aux questions pour autant. Je remercie encore une fois Françoise, serre dans mes bras ma petite soeur et petit mon frère et m'éclipse sous les rires de la maison. Je ne peux m'empêcher de me dire que j'avais raison de ne rien leur dire. Autant qu'ils profitent.

Le goût de la tristesseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant