Chapitre 7- Le bureau d'Hélène

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- Dans ce cas puis-je vous parler comme une adulte ?» demande-t-elle sérieusement.

«Bien sûr...

- Voulez-vous que votre accompagnatrice écoute ce que j'ai à vous dire ? » demande-t-elle d'une manière si douce. Je hoche la tête. Ses yeux laissent transparaître qu'elle est terriblement désolée de devoir m'annoncer ça. Après tout qui voudrait dire à une gamine que sa mère est dans un état critique. Même moi je n'ai pas envie de l'entendre alors le dire me paraît impossible. Le docteur prend une grande inspiration et met ses yeux de jade dans les miens pour atténuer ses paroles :

« Quand votre maman est arrivée aux urgences suite à son accident de la route, elle était déjà dans le coma. Elle avait des blessures superficielles mais rien qui n'expliquait son coma alors on lui a fait passer un scanner et des examens complémentaires. On lui a trouvé un hématome opérable dans la boite crânienne, on la opérée hier soir pour lui retirer. Elle est atteinte d'une commotion cérébrale qui l'a conduite d'emblée à un coma profond.

- Elle va bientôt se réveiller ?

- Je ne peux pas répondre à cette question, cela dépend du patient, on doit la surveiller pour s'assurer qu'aucun autre hématome n'apparaisse. Certains patients se réveillent rapidement, d'autres ont besoin de quelques semaines, quelques mois ou quelques années et certains ne se réveillent pas.... Cela dépend du choc qu'elle a reçu, de son âge et même de sa santé avant l'accident. Pour ta maman les chances sont faibles pour qu'elle fasse une mort cérébrale mais...

- S'il vous plaît continuez...

- Cest une option envisageable... » finit-elle désolée. Je hoche la tête essayant d'assimiler les informations. C'est bizarre de se dire que ma maman ne dort pas dans le lit à coté de moi. Elle est dans le coma et peut-être pour toujours. Ça fait tellement mal d'imaginer le reste de sa vie sans sa mère. Une larme roule sur ma joue.

Une main se pose sur mon épaule, Adèle me regarde avec un mince sourire et m'informe qu'elle va me laisser quelques instants avec maman. Je la vois se diriger avec le docteur Andrew et les infirmières vers la porte. Les infirmières s'en vont vers une autre chambre mais le docteur et Adèle parlent un instant devant la chambre. J'entends rien de leur échange alors je me détourne et avance vers le lit. Elle est si pâle, j'ai l'impression que ce n'est plus elle, que toute sa joie et sa bonne-humeur sont parties, qu'il ne reste plus que son corps. Je me penche vers elle, elle ne sent plus son odeur particulière non plus. Je l'embrasse sur le front et lui chuchote que je l'aime et qu'elle est la plus courageuse des mamans, qu'elle va s'en sortir. Les larmes affluent et roulent sur mon visage. Je les essuie mais un pincement au cur me fait pleurer de plus belle et je me laisse aller aux larmes complètement.

~

Je suis sur le siège passager. J'ai des courbatures partout et les yeux rouges. Je dois avoir une mine horrible. Ça doit faire une demi-heure que j'attends toute seule dans cette voiture. Il est presque quatorze heures. Adèle est partie acheter le repas de ce midi, je ne me sentais pas de rentrer à la maison pour ensuite repartir affronter Hélène.

Finalement je l'ai appelée, il fallait bien que je m'en occupe aujourd'hui. Alors elle nous a donné rendez vous à quinze heures à son bureau pour parler en face à face. Au moins si elle veut se venger du coup de téléphone d'hier soir en m'envoyant directement dans une famille d'accueil elle pourra. Je crois que j'ai pas vraiment le choix d'aller à ce rendez-vous sinon, c'est Manon et Nathan qui y passe. Papa est d'accord avec moi, j'ai pas le choix. Je dois jouer la carte de la petite fille triste qui ne sait pas ce qu'elle fait. Je vais devoir faire mon meilleur jeu d'acteur, comme quoi cette mine horrible peut me servir après tout.

Le goût de la tristesseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant