Recoller les morceaux [dramione]

Chapitre 9

Hermione fêtait ses 31 ans mais son cœur n'était pas à la fête. Cela faisait déjà deux mois que Rose lui avait été retirée et qu'elle pleurait chaque soir. John lui avait refusé tout entrevue, lui assurant uniquement que sa fille se portait à merveille et qu'elle se plaisait dans le climat parisien et qu'elle s'entendait parfaitement bien avec Temperence, une mannequin sorcière française qui était devenue sa petite amie durant le mois d'août.

Ce matin-là, elle ne prit pas la peine de se regarder dans le miroir pour se préparer, elle savait qu'elle devait avoir une mine affreuse. Elle avait maigri et son regard était sans vie. Elle passa une tenue ample, c'était la seule chose qui permettait de masquer sa maigreur et cela lui convenait. La belle jeune femme qu'elle avait pu être n'était plus qu'un souvenir, Hermione était devenue ce qu'on pouvait appeler une loque. Ses clavicules perçaient sous sa peau, ses poignets n'étaient plus qu'ossature couverte de peau. Il n'y avait plus de larmes capables de couler sur ses joues et, au fond de ses prunelles éteintes, toute trace de joie n'était plus que fantôme.

Lorsque les deux envoyés du ministère étaient venus avec John, elle n'avait pas eu le courage de réveiller Rose. Ils n'étaient pas restés plus que nécessaire, John avait un portauloin à prendre pour Paris et il ne voulait pas le repousser. Ils étaient partis dans un plop sonore et elle avait senti son cœur exploser dans sa poitrine. Elle venait de perdre ce qui la retenait. Elle avait voulu contacter Draco au départ mais elle n'était pas prête à sentir le regard humide de Scorpius sur elle. Elle avait déménagé sans prévenir dans un studio miteux. Harry avait bien essayé de lui dire de s'installer dans l'ancienne demeure des Black mais elle lui avait répondu qu'elle n'avait pas besoin de pitié avant de transplaner. Depuis, elle ne l'avait pas réellement revu, il lui avait envoyé plus d'un hibou et avait essayé de la voir chez Fleury et Bott mais à chaque fois elle s'esquivait, à chaque fois elle fuyait dans l'ombre.

Il était à peine 9h et elle était installée sur son lit, elle faisait les comptes. En deux mois, elle avait réussi à rembourser 500 gallions de ce qu'elle devait à Malfoy et son nouvel objectif était de pouvoir récupérer sa fille au plus vite. Elle avait tout calculé, pris en compte chaque paramètre et chaque dépense si bien qu'elle devrait être dans un solde positif dès le mois de janvier et elle aurait alors assez économisé au mois de mars pour récupérer sa fille sans que personne ne puisse lui reprocher d'avoir un statut financier instable. Dès qu'elle aurait lé réponse pour la garde de Rose, elle démissionnerait de son emploi de serveuse dans un bar sorcier et ses horaires seraient alors pleinement conciliables avec ceux de sa fille. Elle serait irréprochable.

Ce matin-là, Hermione reçut plusieurs lettres mais la seule qu'elle prit la peine d'ouvrir fut celle en provenance de la France. Elle renfermait un dessin de Rose avec une photographie sorcière de la petite. Elle envoyait un baiser et Hermione la déposa sur sa petite table de chevet. Sur le cliché, Rose portait une jolie robe rouge. Derrière, on pouvait la tour Eiffel et ce qui devait être des moldus passer, c'était le présent le plus doux qu'elle pouvait recevoir.

Hermione ne prit pas la peine d'ouvrir celle qui provenait d'Harry. Elle n'avait pas envie de lui parler mais le survivant en avait décidé autrement puisqu'il se matérialisa devant elle si bien qu'elle poussa un cri d'effrois.

– Harry James Potter ! Pénétrer chez les gens de cette manière est d'une impolitesse sans nom !
– Hermione Jean Granger ! Ne pas répondre à son meilleur ami est tout aussi déplaisant.

Hermione ne trouva rien à répondre et Harry vint la prendre dans ses bras. Il n'osait pas la serer contre lui, elle lui donnait l'impression qu'il allait la briser en deux.

– Mione... Tu n'as pas le droit de me faire ça. De nous faire ça.
– Que veux-tu que je fasse Harry ? Que je vous regarde tous me prendre en pitié ?
– J'ai parlé avec Malfoy. Il est venu me voir au bureau des aurors.
– Et ?
– Je ne lui ai pas dit où tu étais. Il m'a juste demandé de te dire que tu manquais à Scorpius et qu'il avait recommencé à bégayer.