Chapitre 18

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– John ! Tu as trouvé quelque chose ?
– Non Hermione. Je suis désolé.

Il regarda la femme de haut en bas. Elle était belle. Elle n'avait pas la beauté du premier jour, elle avait la beauté de la vie. Ses cheveux étaient humides, elle se tenait là, dans l'entrée de son appartement, juste devant lui et il entendait les autres discuter dans le salon. Il la vit frissonner et porter ses mains contre ses bras pour se frictionner légèrement. Temperence n'avait que des pulls fins dans son armoire.

– Tu as froid et tu es trempée, tu veux un pull et une serviette ?
– Je veux bien s'il te plait, John.

Elle le suivit jusque dans la salle de bain où il lui offrit une épaisse serviette blanche. Elle le remercia avant de commencer à la passer dans ses cheveux comme il l'avait vu faire mille fois. Elle aurait pu user d'un sortilège pour cela mais s'il y avait bien une chose qu'elle n'appréciait que peu, c'était que la magie vienne jouer avec sa crinière. Il l'observa un instant avant de se glisser dans la chambre pour sortir un de ses pulls en laine qu'il lui tendit alors qu'elle finissait de se battre avec ses boucles humides.

Elle déposa la serviette sur le rebord du lavabo avant de retirer le pull humide de Temperence pour passer le pull de John. Il la trouvait belle comme ça avec son pull. Elle ravivait un souvenir de vacances à la montagne, il la revoyait, avec juste quelques années en plus.

– C'est étrange n'est-ce pas.
– Quoi donc ?
– D'être de nouveau tous les deux alors qu'on se haït.
– On ne se haït pas.
– C'est faux Hermione. Tu le sais très bien.
– Je ne pense pas qu'on se déteste. On ne sait juste plus comment s'aimer.
– On pourrait réessayer.
– C'est impossible.
– Malfoy, c'est ça ?
– Oui. Et toi Ginny.

Il ne dit rien, fixant le bout de ses chaussures le regard dans le vague.

– Ne me mens pas sur ça John, je ne suis pas stupide et si Harry n'est pas le père de Lily, tu l'es parfaitement. Je ne l'ai vu qu'une fois. Elle a tes yeux.
– Je ne sais pas si je l'aime. J'ai Temper-
– Ne mêle pas Temperence à cela, toi et moi, nous le savons très bien que tu n'éprouves rien pour elle ou alors juste une profonde affection.
– Ginny me plait, oui et Lily Luna est merveilleuse... Je ne peux pas dire que je la préfère à Rose mais il y a ce lien que j'ai tissé avec elle au premier regard et ...
– Tu n'as pas réussi avec Rose. Je n'arrive même pas à t'en vouloir.

John n'ajouta rien, il se redressa juste avant de prendre Hermione dans ses bras. Pour la dernière fois il glissait son nez dans ses boucles. Il sentait ses formes féminines contre son torse, ces formes qu'il avait tant aimées et tant désirées. Hermione avait le front posé contre son épaule. Pris dans cette étreinte au goût d'adieu. Il caressa légèrement son dos gracile.

– Quand on la retrouvera, je veux que tu la ramènes avec toi et avec Malfoy. Je n'aime pas ce mec mais il sera un meilleur père que moi.
– C'est même certain O'Neill et j'espère que tu ne pensais pas qu'on allait te la laisser après ça.

John ne répondit pas, lâchant Hermione sous le regard dur de Draco. Hermione lui sourit avant de tendre sa main vers Draco qui la prit avec délicatesse pour la tirer contre lui. John sortit sans un regard en arrière.

– J'étais le dernier ?
– Non. Mon père est toujours dehors.

John n'ajouta rien avant de les laisser tous les deux.

Draco ne souriait pas, il passa sa main libre sur la joue d'Hermione. Elle, elle lui souriait, elle ferma les yeux en sentant la chaleur de ses doigts glisser sur sa peau.

– C'était une étreinte d'adieu.
– Je sais.
– Tu ne m'en veux pas ?
– Son pull ne te va pas.
– Idiot.
– Mon odeur te va mieux.
– Tu n'as qu'à me donner un de tes pulls.
– Je compte bien t'offrir plus qu'un pull.
– Tu vas m'offrir un baiser de l'homme à qui il appartient avec ?

Draco esquissa enfin un sourire avant de cueillir les lèvres d'Hermione. Il la sentit frémir contre lui et elle entoura son cou de ses bras. Ils ne savaient pas vraiment ce qu'ils étaient l'un pour l'autre, ils en avaient juste besoin, tous les deux. Elle finit par se reculer légèrement, un sourire triste accroché aux lèvres.

– Allons retrouver les autres avant qu'ils ne se posent des questions.
– Je préfère éviter de profiter de ton corps dans le lit de ton ex, chez lui de surcroît. Ce serait un peu trop étrange.
– Draco Malfoy, vous n'êtes qu'une andouille.

Ils rirent avant de de quitter la chambre pour retrouver les autres. Harry avait le regard sombre, il fixait la carte avec colère. Pourquoi n'avait-il pas pensé au sort de pistage ? Il aurait ainsi pu savoir où se trouvait chaque membre de son escouade de recherche. Il avait reçu un patronus des aurors, tous avaient choisi de se réfugier. Le brouillard était tel que parcourir le ciel était inutile et fouiller dans la nuit.

A l'extérieur, la nuit était totale. Le brouillard donnait à la ville une allure irréelle et la neige tombait à gros flocons. La température était plongée dans le négatif comme elle ne l'avait pas été depuis des années. Les vents s'engouffrant dans les rues étaient de véritables lames glacées. Passer la nuit à l'extérieur revenait à courir vers une hypothermie certaine. Nombreux SDF ne passeraient pas la nuit et la dure réalité frappa Hermione de plein fouet. Sa petite fille n'allait jamais survivre.

– Rose... Elle... Elle ne survivra jamais par ce froid. Je dois y retourner !
– Non Hermione. Ça ne servirait à rien. Tu y laisserais la vie.
– Mais... mais... Non !

Et pour la première fois Hermione se rebella. Des larmes dévastaient son visage. Elle tremblait comme une feuille, l'hystérie coulait dans ses veines comme un poison amère. Draco la tenait fermement, il avait ses bras autours de sa taille, ses mains fermement accrochées sur son ventre. Il sentait les côtes de cette femme contre ses bras.

– Draco ! Lâche-moi ! Lâche-moi tout de suite ! Je dois retrouver ma fille !

Elle hurlait. Elle griffait les mains de Draco avec verve comme si ce geste allait suffire pour le faire lâcher prise. Elle se débattait contre lui comme un diable. L'homme grognait. Elle lui faisait mal. Il sentait ses mains le brûler et ses bras devenir douloureux. Assise dans un divan, Temperence regardait, impuissante face à la rage qui dévorait le cœur de cette femme.

Lentement, Hermione se calmait. Ses gestes se faisaient de plus en plus désordonnés, plus mou et sa voix s'était éraillée à trop crier. Il y avait ses côtes qui lui faisaient mal, ses yeux qui la brûlaient et la fatigue qui remplaçait l'amère venin. Ses jambes finir par céder sous son propre poids et Draco l'accompagna au sol. Ce fut avec le visage déchiré qu'elle se retourna vers lui. Il ne comprit rien à ses mots mais elle se laissa tomber contre son torse.

Harry se revoyait au travers elle, il se revoyait dans les bras de Rémus alors que Sirius venait de passer le voile sous le sort de Bellatrix. Il avait revu, dans ces yeux fous, ce désespoir immense, cette douleur insoutenable qui irradiait dans chacune des parcelles nerveuses. Jamais il n'avait vu Hermione perdre le contrôle, jamais il n'avait vu le désespoir nourrir ses traits comme il les nourrissait. C'était ça être Hermione, c'était être forte.

Hermione sanglotait dans les bras de Draco. Elle sentait ses mains caresser son dos et il murmurait à son oreille des mots dont le sens ne la touchait pas. Elle avait les yeux fermés et elle s'excusait, toujours les mêmes mots revenaient comme un disque rayé puis elle sentit qu'on la tirait vers l'arrière, elle ouvrit les yeux à demi.

– Mione, tu dois boire ça. La potion va te détendre et tu en as besoin.

Elle ne chercha même pas à se rebeller. Elle laissa Harry coller le verre contre ses lèvres et guider sa tête vers l'arrière. La mixture qui coula dans sa gorge avait un goût sucré et acide à la fois. Les effets ne tardèrent pas arriver. Sa vision se troubla et ses yeux se fermèrent une nouvelle fois. Elle sentit le noir l'engloutir. Elle ne sentait plus rien. Juste du vide.

Recoller les morceaux [dramione]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant