10 : Bonne nouvelle

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Meilin fut réveillée par un Rollan en nage. Les cheveux ébouriffés et les pieds nus – dans la neige –, il secouait l'épaule de la jeune fille pour la forcer à émerger. Furieuse, elle s'apprêtait à le houspiller, mais il ne lui en laissa pas le temps.

« Regarde ! brailla-t-il en lui agitant sous le nez une lettre qu'il tenait dans la main.

L'esprit encore embrumé, elle mit plusieurs secondes avant de comprendre ce qu'il attendait d'elle.

- Qu'est-ce que c'est ? demanda-t-elle en se saisissant de la missive.

- Regarde ! » répéta-t-il.

Meilin fronça les sourcils, agacée par son manège, mais ouvrit tout de même la lettre, curieuse de voir ce qui le mettait dans cet état. Elle reconnut immédiatement l'écriture fine et serrée d'Abéké. 

Au même moment, Essix entra en criant dans l'igloo. C'était donc pour ça qu'elle s'était absentée si longtemps ! Elle était allée se renseigner sur l'avancée des problèmes ! Le cœur soudain gonflé d'un espoir nouveau, Meilin commença sa lecture.

Cher Rollan.

Essix nous est parvenue hier soir. Elle était épuisée. Qu'est-ce qui t'est passé par la tête de l'envoyer nous rejoindre toute seule comme ça ? Bref, ce n'est pas le sujet. Je ne sais pas si on vous a mis au courant, mais le fils du Duc n'est pas mort. Tout le monde l'a cru pendant un temps, mais en vérité il n'était que blessé. Son père a fait venir les meilleurs médecins du pays pour s'occuper de lui et il est en bonne voie de guérison. Par contre, la colère de son père n'est malheureusement pas calmée et je crois que ce ne sera pas le cas tant qu'il n'aura pas assouvi sa soif de vengeance. Vous devez donc rester cachés (et prudents). Nous essayons de tout faire pour arranger la situation, mais le Duc est dur en affaires, et il ne nous accorde que très rarement des audiences – alors que ce n'est pas faute de réclamer. Bon courage, et à très bientôt je l'espère,

Abéké.

Meilin dut relire la lettre trois fois avant d'enfin saisir ce que cela signifiait. Les larmes aux yeux, elle leva la tête vers Rollan.

« Il n'est pas mort, chuchota-t-elle.

Rollan lui adressa un immense sourire.

- Il n'est pas mort, répéta-t-elle plus fort.

Elle éclata de rire et Rollan se joignit à elle.

- C'est merveilleux ! »

Rollan attrapa Meilin par la main et la hissa sur ses pieds. Il la fit tournoyer dans tout l'igloo en chantant à tue-tête. La jeune fille se laissa entraîner, soudain soulagée du poids immense qui lui pesait sur les épaules. Certes, tout n'était pas encore réglé, mais savoir le fils du Duc en vie rendait les choses beaucoup plus simples. 

Rollan ne lui en voulait plus. Elle en eu la certitude lorsqu'elle croisa son regard. Toute trace de méfiance et de déception avait quitté le fond de ses beaux yeux rieurs. Cela était pour elle plus précieux encore que de savoir qu'elle n'était pas un assassin. Fermant les yeux pour savourer pleinement cet instant de pur bonheur, elle se laissa guider par Rollan qui la faisait à présent tourner sur elle-même. 

Soudain, une voix bourrue vint mettre un terme à leurs réjouissances.

« C'est pas bientôt fini ce vacarme ? »

Rollan et Meilin cessèrent immédiatement leurs gesticulations. Heinz se tenait sur le pas de la porte, les mains sur les hanches. Sa panthère des neiges grognait à côté de lui.

« On vous entend jusqu'à l'autre bout du camp, leur apprit-il sur un ton de reproche.

- Désolés, c'est juste qu'on vient d'apprendre une bonne nouvelle, expliqua Meilin.

.・✭ Animal Tatoo : La colère du Duc de ConcorbaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant