15 : Dilemme nocturne

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Depuis le début de la soirée, Rollan essayait vraiment de profiter. Il se serait bien passé de venir, mais maintenant qu'il était là, autant passer un bon moment ! Malheureusement, quoi qu'il s'avise de faire, il restait obnubilé par Meilin. Sa robe bleue lui allait à ravir, personne ne pouvait dire le contraire, et se trouver dans l'impossibilité d'aller le lui dire en face le rendait fou. 

Hortense était gentille, mais sa conversation de surface ne suffisait pas à lui faire oublier la principale raison de sa venue. Aussi, lorsqu'il vit le fils du Duc et Meilin disparaitre derrière une petite porte, il ne réfléchit pas à deux fois et, prétextant une urgence, s'excusa auprès de sa cavalière avant de s'éclipser à son tour. 

Les jardins étaient un bel espace... à leur manière. Des carrés de plantations avaient été délimités de part et d'autre du sentier, mais les fleurs qui y étaient plantées se carapataient sur les côtés. Les arbres étaient mal taillés, mais devaient faire de la belle ombre en journée. A première vue, tout cela semblait négligé, mais Rollan finit par y voir une certaine harmonie. 

Malgré la présence de quelques nuages discrets, le ciel était plutôt dégagé, ce qui permettait à la lune d'éclairer relativement bien les silhouettes qui déambulaient dans les allées, deux par deux. Rollan repéra sans mal Meilin et Aaron, en admiration devant un buisson de roses. Il les rejoignit discrètement et se planqua derrière un massif épineux, délogeant au passage un couple de jeunes gens en proie à des ébats passionnés. 

Ces derniers se rhabillèrent en quatrième vitesse et s'enfuirent sans demander leur reste, honteux de s'être ainsi fait surprendre. Rollan ne leur prêta aucune attention, focalisé qu'il était sur les deux individus qui discutaient à moins de trois mètres de lui. Aaron venait de cueillir une rose qu'il glissa dans les cheveux de Meilin. La jeune fille le remercia d'un sourire crispé.

« Tu es belle... constata Aaron en la dévorant du regard.

Meilin baissa la tête, pudique. Rollan n'aurait su dire quelle était l'expression de son visage en cet instant. Aaron lui prit délicatement le menton entre le pouce et l'index pour la forcer à relever la tête.

- Je suis sérieux. Je n'ai jamais vu de fille aussi resplendissante.

- N'importe quoi. Il y en avait une demi-douzaine rien que dans la salle de réception.

- C'est vrai que les Amayaines sont belles, mais tu as quelque chose en plus. Quelque chose... d'exotique.

- Ah oui, je vois, l'attrait de la nouveauté.

- Pourquoi es-tu si cynique ? Tu n'envisages vraiment pas de prendre mes compliments comme tel ? Qu'est-ce que je dois faire pour enfin arriver à te plaire ?

- Je... Je ne sais pas, bégaya Meilin. A vrai dire, je ne me suis jamais vraiment posé la question.

- Eh bien je crois qu'on peut dire que le moment est venu. Meilin du Zhong, y a-t-il moyen que tu finisses un jour par ne serait-ce qu'apprécier ma présence ?

Il avait dit sa phrase avec emphase dans l'espoir de la rendre comique, mais ni Meilin, ni Rollan n'en fut amusé. Depuis sa cachette, le garçon serrait les poings. Il redoutait d'entendre la réponse de son amie, mais ne pouvait se résoudre à les laisser seuls.

- Je suppose que oui. Après tout, tout le monde doit bien finir par pouvoir s'entendre.

- Je suis d'accord. Et cette entente doit bien pouvoir se changer en autre chose. De l'amour par exemple. Que dirais-tu de m'aimer, Meilin ? Puisque ton cœur est libre comme le vent, tu pourrais me laisser y occuper une petite place, non ?

- Eh bien...

- Tu m'as bien dit que tu n'étais pas amoureuse de cet Amayain, n'est-ce pas ? »

.・✭ Animal Tatoo : La colère du Duc de ConcorbaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant