2. Désastre familial

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La musique provenant des enceintes est sur le point de me rendre sourd. Mon verre à la main, je me tiens en retrait. La plupart des invités sont arrivés et discutent tout en piochant dans les saladiers installés. J'écoute d'une oreille distraite oncle John s'extasier sur la beauté de Paris. Celui-ci habite en France depuis un grand nombre d'années et ne peut s'empêcher de comparer notre petite ville à la capitale française. Il tient une coupe de champagne dans la main et parle d'une voix forte.

— La gastronomie française est une merveilleuse pour les papilles. Il faudra absolument que tu viennes me rendre visite, Milo.

Je hoche la tête en gardant mes pensées pour moi. Ma famille n'est pas riche et n'a pas les moyens d'acheter un billet d'avion pour un autre pays. Ils font des économies toute l'année pour ne jamais manquer d'argent en cas de besoin. J'avale une gorgée de ma boisson fraîche puis m'éloigne de mon oncle. Myla discute avec ses amis en secouant ses cheveux bruns face à un gars inconnu. Je devrais peut-être en profiter pour me venger de ce réveil aussi brutal, mais je ne suis pas un connard à ce point.

Je dépose mon gobelet jaune sur la table puis regarde autour de moi pour m'assurer que personne ne me remarque. Ce n'est que l'apéro donc approximativement on devrait manger dans une heure trente. Cela me laisse le temps de faire une sieste rapide.

— Milo ! Tu pourrais m'apporter une pochette de glace, je suis en train de mourir de chaud. Quelle idée de manger dehors avec une chaleur pareille !

Tante Maria secoue son éventail en soupirant. Elle s'est toujours montrée théâtrale et cela ne s'arrange pas avec l'âge. Il s'agit en réalité de ma grande tante, mais depuis que je gamin on me demande de l'appeler « tante Maria ». Son énorme poitrine en plastique est sur le point d'exploser sous cette robe d'été verte.

— Je t'apporte ça tout de suite.

Je soupire puis me dirige vers la maison afin de prendre la poche de glace. Notre grande famille est épuisante, il est presque impossible de les supporter. Ma mère est dans la cuisine, elle dispose des mini-fours sur un plateau en chantonnant la mélodie provenant des enceintes. Contrairement à moi, elle semble bien s'amuser.

— Tu as besoin de quelque chose, mon grand ?

— Je viens chercher une poche de glace pour tante Maria.

— Encore ? C'est la troisième qu'elle demande en moins de deux heures !

Je hausse les épaules.

— Je compte sur toi pour refuser sa prochaine demande grotesque.

— D'accord, c'est noté.

Elle attrape le plateau puis quitte la cuisine en souriant de nouveau comme une bonne hôte de maison. Il faut bien reconnaître que ma mère est douée pour organiser des événements, je me demande encore pourquoi elle continue d'enseigner dans un lycée qui ne lui plaît pas. Il n'est jamais trop tard pour changer de voie professionnelle. J'ouvre le congélateur puis attrape la première poche de glace que je serre dans ma main malgré le froid.

Je retourne dans le jardin à la recherche de tante Maria. Celle-ci est en grande discussion avec ma grand-mère. Je m'approches d'elles en craignant de me retrouver mêler à leur conversation. Les vieux ont tendance à poser des questions indiscrètes sur nos vies notamment la mienne. Le petit Milo n'est pas comme tout le monde, il mérite davantage d'attention. Depuis mon année de Seconde, je suis des cours par correspondance à cause d'une phobie scolaire déclenchée suite au harcèlement que je subissais. Personne ne mesure l'importance d'une phobie scolaire et la plupart continue de juger cette phobie comme une maladie imaginaire. J'ai beaucoup travaillé ces derniers mois pour m'en sortir et quitter ce cercle infernal. Des membres de ma famille se sont montrées critiques envers moi.

MILO | Saison 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant