MILO | Saison 1

38. Solitude

La caravane est silencieuse. Pas une seule personne pour me déranger ou ronfler comme un monstre. J'ai finalement eu l'accord de toute l'équipe pour m'installer dans cette vieille caravane que personne ne voulait utiliser. Elle est un peu plus éloignée du reste du camp, mais étrangement j'aime le fait d'être tranquille.

Allongé sur la couchette, je tente une fois de plus de faire taire mes pensées pour trouver le sommeil. Je n'ai donné aucune explication à mon déménagement soudain. Tout le monde a bien évidemment remarqué que le petit Milo traînait sa valise dans le camp pour s'installer dans la vieille caravane. Cela me permet d'être loin d'Alex et oublier ce qu'il a osé me faire. Je me déteste d'avoir pu lui faire confiance.

J'ai décidé de ne pas manger en compagnie du groupe, mais seul. C'est ce que j'aurais dû faire depuis le début, mais j'ai préféré me lancer aveuglément sans prendre en considération les risques d'avoir des amis et un copain. Un bruit vient rompre ma bulle silencieuse, ce qui me fait sursauter. Qui vient me déranger à deux heures du matin ?

Je quitte la couchette pour ouvrir la porte, les yeux s'écarquillent de surprise en découvrant Astrée sur le seuil. Elle porte un long gilet en laine beige et tient dans sa main son portable.

— Je sais qu'il est tard, mais pouvons-nous discuter un peu ? Je n'arrive pas à dormir depuis ce qui s'est passé.

Elle baisse les yeux afin d'éviter mon regard. Je ne veux pas lui faire de peine en la repoussant. J'ouvre un peu plus la porte de la caravane afin de la laisser entrer. J'allume la lumière tandis qu'elle s'installe sur la vieille banquette qui fait mal aux fesses. J'enfile un pull pour me réchauffer.

— Comment as-tu appris la vérité ?

— Je les aies entendu en parler.

Elle soupire.

— J'avais demandé à ces deux imbéciles de te le dire en te préservant. Je suis sincèrement désolée, Milo. Je ne pensais pas qu'Alex serait capable de faire une telle chose uniquement pour t'aider à prendre confiance en toi.

— Tu étais au courant...

— Oui, mais j'avais peur de t'en parler.

Astrée joue nerveusement avec le bracelet autour de son poignet. Je comprends mieux la raison pour laquelle elle lançait des regards aussi sombres aux deux garçons. Elle a toujours tenté de me protéger.

— Je ne t'en veux pas.

— Tu as le droit d'être en colère contre moi, Milo.

Je soupire.

— Ce n'est pas le cas.

— Vraiment ?

— Tu n'as rien fait de mal, Astrée. Ce n'est pas toi qui m'a blessé, mais Malcolm et Alex. Je croyais que ma relation avec lui était sincère.

Des larmes roulent de nouveau sur mes joues. Les gens prétendent que les hommes ne pleurent pas, mais c'est de la pure connerie. Nous sommes humains et pouvons pleurer librement. J'ai tellement mal que je peux sentir les morceaux de mon coeur se détacher petit à petit. Je n'avais jamais été amoureux auparavant et je peux maintenant dire à quel point une rupture est blessante.

― Je suis sincèrement désolée pour tout.

― Pourquoi est-ce que ça fait aussi mal ?

Elle lève les yeux vers moi.

― Aimer une personne c'est prendre le risque de tomber et se faire mal.

― La chute est vraiment douloureuse.