Chapitre 8

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Certaines personnes sont incapables de dormir lorsqu'il y a le moindre bruit. Pour d'autres, le silence total est si angoissant qu'il leur est impossible de fermer l'œil. Pour Louise, dormir la fenêtre ouverte et se laisser bercer par les bruits de la rue était une des petites choses insignifiantes qu'elle aimait le plus. Les journées devenaient de plus en plus chaudes, et la petite brise fraiche qui venait caresser ses épaules nues alors qu'elle était étendue sur son lit était une sensation agréable.

Elle inspira l'air frais en écoutant les rires et les bruits des passants dans la rue.

Ils ne se doutent de rien, pensa-t-elle. Toutes ces personnes vivaient simplement leur petite vie en attendant qu'on leur dise qu'ils pouvaient sortir des murs. Paradoxalement, Louise le faisait aussi.

En ce moment même, des hommes et des femmes travaillaient pour permettre à d'autres, dont elle, de pouvoir un jour avoir d'autres horizons.

Voir la mer ...

Depuis quelques temps, des bateaux qui venaient de Marh avec des intentions clairement négatives tentaient régulièrement d'accoster sur l'ile. De ce fait, la présence du bataillon était requise souvent en dehors des murs. L'occasion pour Armin d'apprendre à maitriser son titan dans un autre environnement.

Tout ça, c'est lui même qui lui avait expliqué lors de l'un des rares soirs ou ils avaient pu se voir ces derniers temps, entre deux missions.

Déjà une semaine qu'ils étaient partis. Elle n'avait pas de nouvelles, bien entendu. Ce qui se passait au port était maintenu secret pour la plupart. Et ils n'étaient pas là bas pour se reposer, alors écrire des petites lettres, n'y pensons pas.

Mais quand même, elle se languissait de nouvelles. Elle soupira encore une fois et se tourna vers la fenêtre. Elle sourit en regardant la collection qui n'avait cesse de s'agrandir de pierres blanches tordues posées sur sa table de chevet. Armin lui avait dit comment on les appelait mais elle oubliait à chaque fois. Elle tendit le bras et en attrapa une, qu'elle posa sur son oreille.

"- Si tu écoutes ici, tu peux entendre le bruit des vagues !" lui avait il dit une fois. Depuis, elle le faisait souvent. Le blond lui en ramenait une nouvelle à chaque retour de mission. Elle songea qu'il lui faudrait bientôt une nouvelle étagère.

Elle reposa le caillou sur sa table de chevet, appréciant une dernière fois son odeur salée et la drôle de sensation qu'il laissait sur le bout des doigts.

Elle décida de fermer les yeux, sachant que la journée qui allait suivre serait chargée.

Cette nuit encore, Louise rêva qu'elle laissait des empreintes de pas sur le sable mouillé, à coté de celles d'Armin.

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Les températures avaient encore grimpées. C'est ce que Louise remarqua en fermant la fenêtre au matin. Heureusement la chaleur restait supportable, juste ce qu'il fallait. Dans la rue, les jupes colorées des dames rendaient la ville plus gaie.

Pour participer elle aussi à l'effort de ces femmes, la jeune fille choisi de mettre un robe blanche, couverte de petites fleurs jaunes. La forme du vêtement était simple, serrée a la taille, avec un col en V et des manches ballon.

En cette période de l'année, la mode était aux robes un peu plus courtes que l'hiver. Avec ça, elle enfila une paire de sandales, et posa un chapeau de paille sur ses cheveux laissés libres pour aujourd'hui.

Son programme du jour s'annonçait ardu. En effet, elle travaillait actuellement a la bibliothèque. Et elle adorait cela d'ailleurs ! Là n'était pas le problème.

Elle voulait devenir indépendante, et ce financièrement parlant. Elle devait donc traquer les petites recherches d'emploi à travers toute la ville.

Elle faisait cette recherche sur ses jours de congé, et le soir après son service à la bibliothèque. Si elle voulais travailler en étant payée, elle n'avait néanmoins pas oublié son désir d'aider et d'être vraiment utile aux autres.

La jeune fille avait alors décidé de rester en tant que bénévole à la bibliothèque en plus de son travail, sur ses heures de temps libre.

Louise sortit donc dans la ville à la recherche d'un endroit qui voudrait bien la prendre à l'essai. Aujourd'hui était justement son jour de repos hebdomadaire.

Elle frappait à chaque boutique, demandant partout si ils n'avaient pas quelque chose à lui faire faire, ventant sa bonne volonté,mais partout on lui répondait la même chose : ils croulaient sous les demandes et devaient malheureusement décliner.

Elle s'y attendait un peu mais quand elle rentra, épuisée, elle n'avait essuyé que des refus.

Quelque part, cela voulait dire que les commerces marchaient bien, mais elle restait déçue.

Louise alla chercher en trainant un peu des pieds son repas à la soupe populaire, contente de ne pas avoir à acheter elle même à manger vu l'état de ses finances.

Elle se fit alors la réflexion qu'elle savait bien cuisiner, grâce a ses années passées a l'orphelinat et que, malgré un manque de pratique certain, elle ne devait pas avoir trop perdu la main.

A son prochain jour de congé, dans une semaine, elle irait proposer ses services de cuisinière à qui voudrait bien d'elle.

Elle finit son repas à une vitesse incroyable, à nouveau pleine d'énergie et de motivation, et rentra vite à la bibliothèque. Comme chaque soir depuis le départ du bataillon pour la mer, elle choisi un livre en rayon, puis remonta dans sa chambre pour se laver.

Puis, comme chaque soir, elle revêtit sa chemise de nuit, ouvrit la fenêtre en grand, prenant 10 secondes pour profiter de l'air frais, puis alluma une chandelle et s'endormit après avoir lu jusqu'à ce que le soleil ait disparu de l'autre coté de l'horizon.

Cette ville devenait trop petite pour son esprit avide de découvertes, appétit affuté par des milliers de pages parcourues avec une soif d'apprendre grandissante.

Mais elle prenait son mal en patience. Ne pas se presser. Tout arriverait au temps voulu. Elle sortirait d'ici, et pas seule. Elle compta les années qui restaient. Un petit peu plus d'une dizaine. Après... après elle ne savait pas. Qui pourrait prévoir ce que les 10 années qui arrivent leur réservent ?

Elle ne fit pas de rêve cette nuit, et c'était peut-être mieux pour elle.

Nous verrons la mer ensemble {Armin}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant