Chapitre 12

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Les doigts de Louise étaient douloureux à force d'avoir fait tant et tant de couronnes de fleurs, mais l'odeur qui flottait dans la pièce était si agréable.

Et puis grâce à ça, elle avait pu distraire un peu son esprit. Pour ne rien cacher, elle était un peu angoissée par la proposition du caporal Livai. Cuisiner pour le bataillon. C'était une opportunité unique, être payée , ce n'était pas si loin de la bibliothèque.

Et, Armin ne serait jamais loin.

Mais elle avait peur de ne pas être à la hauteur, et de ne pas être digne de si grandes attentions.

Pas le temps de réfléchir plus longtemps, il était déjà l'heure d'y aller. Elle remonta néanmoins dans sa chambre pour prendre son vieux tablier, qu'elle avait depuis l'orphelinat. Des bons souvenirs contre toute attente.

Mina lui fit un signe de la main quand Louise sortit du bâtiment. Elle lui avait parlé de son projet de trouver du travail, et son amie avait été un grand soutient quand la jeune fille perdait espoir.

Elle arriva un peu en avance devant la porte, et visiblement Livai avait prévenu TOUT le bataillon qu'elle était mise à l'épreuve pour le repas de ce soir, vu qu'elle n'eut même pas à frapper à la porte, Armin l'attendait visiblement.

La pression sur ses épaules augmenta encore un peu. Elle ne devait pas laisser passer cette chance unique.

Le jeune blond ne la laissa même pas rentrer et la prit dans ses bras. C'est vrai qu'il dormait encore ce matin quand elle était partie. Louise remarqua encore une fois qu'il sentait bon. Elle le repoussa doucement. Après tout, ils étaient au milieu de la rue. Ils rougirent un peu.

Cherchant à tout prix à déplacer l'attention sur un autre sujet, Louise demanda à Armin si il s'était coupé les cheveux récemment.

Il confirma en se grattant la nuque. Le caporal lui avait rafraichi sa coupe ce matin. Ce nouveau coté de Livai que découvrait Louise ne lui déplut pas.

Faisant remarquer qu'ils étaient toujours dehors, le garçon invita sa compagne à rentrer. Même si c'était l'espace d'une minute, Louise avait oublié qu'elle allait devoir cuisiner.

Sans plus attendre, elle alla directement dans la cuisine, à droite dans la grande pièce de vie. Livai l'attendait déjà.

"- Je n'étais pas sur que tu allais venir. Mais te voilà. Commençons, dit-il.

Il chassa les curieux qui avaient arrêté leurs occupations pour venir voir comment Louise allait se débrouiller. Il lui avait expliqué que d'ordinaire, Sasha et Connie préparaient à manger, mais qu'au final ils rigolaient plus qu'autre chose et perdaient du temps pour s'entrainer.

Or l'entrainement était sacré ici, Louise l'avait bien saisi.

Elle se leva les mains et commença par fouiller dans les placards pour trouver ses marques. Elle avait un menu à suivre, et les quantités de chaque ingrédient étaient déjà préparées sur l'immense plan de travail reluisant.

Malgré la simplicité du repas à préparer, la jeune fille y passa plus du deux heures. Les quantités à fabriquer étaient conséquentes, et la cuisson dura un long moment.

De plus, le caporal lui fit laver la cuisine à plusieurs reprises, car il n'était jamais satisfait.

Finalement, il lâcha pour tout compliment un petit "c'est pas si mal".

Quand tout fut prêt à être servi, tout le monde était déjà descendu, attiré par l'odeur. Le temps qu'ils dégustent, Louise attendait en se mordant les ongles dans la cuisine.

Argh, le stress allait la tuer. Elle sursauta quand elle entendit son nom dans la pièce d'à coté.

Hansi tout sourire, la prit par les épaules en la remerciant pour ce repas. Même Sasha avait l'air de s'être régalée. Encore un peu sonnée, on la fit s'assoir a la table et on mit un papier sous son nez. Armin lui tendit un crayon.

"-Aller signe ton contrat ! l'encouragea Connie"

Du coin de l'œil, Louise vit Mikasa se resservir en douce et sut qu'elle pouvait signer sans arrières pensées.

Quand elle reposa le stylo, on l'acclama comme si elle venait de faire quelque chose d'exceptionnel. Jean vint même lui faire une accolade en la félicitant.

Mais elle ne pouvait penser qu'à une chose au milieu de tout ce bruit. Elle avait réussi. Elle l'avait fait ! Peut être même qu'elle préparerait les repas tout les jours ! et qu'elle viendrait avec eux en mission ! Et à l'entrainement aussi ! On a bien besoin de quelqu'un pour préparer à manger dans ces moments là non ? Ses joues devinrent un peu rouges sous l'effet de le joie. Elle rit de bon cœur au milieu d'eux.

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- Non. C'est non. Ton rôle n'est pas de nous accompagner partout. Tu restera ici.

Son enthousiasme fut douché de façon violente par le ton glacial du Caporal. Bras croisées, regard dur, ce dernier était adossée au mur de la cuisine.

- Mais je-,commença Louise

- Il n'y a pas à discuter. Pour les longues missions, on se débrouille. Rassures toi tu sera payée. Tu préparera les repas pour la soupe populaire de la reine. Tu a dit vouloir aider non ?

Il tourna les talons et sortit de la pièce.

Louise était confuse. Pourquoi était-il si catégorique ? Son regard cachait autre chose. Les films qu'elle s'était fait s'effondrèrent et sa gorge se serra. Elle aurait du être très heureuse, mais était triste et un peu déçue.

Non, beaucoup même.

Elle essuya ses joues avec le dos de sa main et ramassa ses affaires. De toute façon, il était tard et elle devait partir.

Elle sortit comme une voleuse, sans croiser personne. Elle aurait aimé la présence d'Armin à ses cotés mais c'était son jour de congé, pas besoin de tout gâcher avec ses petits tracas.

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En rentrant dans sa chambre plongée dans le noir, l'odeur des fleurs l'assaillit. Ça faisait du bien. Elle se lava, dans le noir toujours, puis passa sa chemise de nuit.

Comme chaque soir, elle alla ouvrir en grand la fenêtre. Elle se tourna vers sa chambre à présent éclairée par la lumière de la lune, et sursauta.

Un corps allongé dans son lit dormait visiblement. Reconnaissant Armin, elle fut à la fois attendrie et terrifiée.

Elle s'approcha et contempla son visage apaisé. Il lui avait déjà confié mieux dormir en sa présence. Elle en était heureuse.

Elle se glissa à coté de lui le plus doucement possible. Toujours endormi, il la serra contre lui en murmurant son nom. Elle frissonna, mais pas de froid. Elle se laissa aller, blottie dans ses bras, et pleura un peu avant de s'endormir, bercée par le respiration profonde et régulière du garçon derrière elle.

Nous verrons la mer ensemble {Armin}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant