Chapitre 18

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La lettre était posée sur un des nombreux cartons qui encombraient la chambre de Louise au dessus de la bibliothèque.

Celle-ci la fixait comme si elle pouvait lui sauter au visage à tout moment. Elle était en plein déménagement, ayant enfin acquit la somme nécessaire pour s'offrir le plus modeste des appartements.

Mais voilà qu'un coursier venait de lui apporter cette missive. Pour elle.

De la part d'Armin.

Pourquoi ? Jamais elle n'en avait reçu une seule, jamais . Ce n'était pas normal. Et ils étaient partis depuis seulement moins d'un mois.

Elle prit une grande inspiration puis essuya ses mains moites et tremblantes sur son pantalon de toile grossière. Elle prit son courage à deux mains et déchira le papier crème. Elle dut attendre un moment avant que ses doigts arrêtent de trembler et qu'elle puisse lire l'écriture penchée mais nette d'Armin.

Son visage se décomposa au fur et à mesure que ses yeux glissaient sur le papier.

Elle s'assit à même le sol, ayant besoin d'équilibre.

Hitch, qui était venue l'aider à déménager, passa sa tête par la porte, alertée par le bruit sourd du corps de Louise qui s'était affalé par terre.

- He ça va ? Louise ? fit-elle en s'approchant.

Louise lui tendit la lettre, que la brunette lut elle même. Si Louise avait eut l'impression d'en faire trop, la réaction d'Hitch la rassura.

-Oh merde ! s'écria cette dernière.

Elle passa ses mains dans ses cheveux et commença à faire les cent pas dans la petite pièce encombrée.

-Merde putain ! Quel petit ... rhaa quel petit imbécile !

Hitch mit un coup de pied dans un des cartons, puis s'excusa. La lettre fut chiffonnée de rage et jetée contre un mur.

Ma chère Louise,

je sais que c'est inhabituel pour toi de recevoir une lettre de ma part alors que nous sommes en mission, mais c'est un cas d'extrême urgence.

Alors que nous étions sur le continent Marh, en pleine investigation et recherche d'alliés, Eren s'est enfuit. Il nous a laissé une lettre. Il a du rejoindre son frère, mais en vérité nous n'en savons rien. La situation est grave, tu t'en doutes, et c'est pour ça que nous rentrons le plus vite possible.

Je t'embrasse très fort

Armin.

Un peu dans la précipitation, le déménagement fut bouclé. Il n'y avait pas grand chose à transporter, guère une vingtaine de cartons, dont 5 de livres et de coquillages, et quelques meubles qui lui appartenaient. De plus, son nouveau logis n'était qu'à quelques pas et de gentils passants l'aidèrent.

Son travail aux immenses cuisines de la garnison, à l'autre bout de la ville, prenait déjà fin. Dès le retour du bataillon, elle retournerait à la caserne.

Elle pesta contre Eren, puis contre les Marhs, et enfin contre les humains et les titans en général. Le soir était venu, et elle finissait de tout ranger seule. Hitch était partie après avoir acheté de quoi remplir son nouveau garde manger.

Elle disposa sa collection de pierres marines sur ses nouvelles étagères murales, mais en vérité son esprit était ailleurs.

Tout se bousculait dans sa tête. A quoi pensait Eren ? Qu'allait faire l'armée ? La guerre serait-elle inévitable ?

Dès le retour des explorateurs, ça allait être la pagaille, tout allait s'enchainer.

Elle secoua la tête, revenant dans la réalité. Non ce n'était pas son problème. Elle devrait uniquement cuisiner. Elle fera confiance à Armin et aux autres. Et bien sur elle sera là pour apporter son soutien si besoin. Qu'il soit moral ou physique.

Elle décida de simplement se laver et de se mettre au lit le plus vite possible et d'arrêter d'y penser.

Mais au fond d'elle, une petite voix se demandait si Eren n'avait peut-être pas ses raisons. Après tout celui qui s'était enfuit et le garçon pétillant qu'elle avait apprit à connaitre ne pouvaient pas être si différents non ? Il y avait surement une explication. Et peut être qu'Eren sait des choses qu'eux ne savent pas, des choses assez importantes pour le faire changer de camp.

Y avait-il des camps même ?

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Seulement deux jours plus tard, Louise apprit que leur expédition était rentrée. Elle sauta dans les premiers vêtements qui passaient, un pull écru et une jupe noire, et se mit en route pour la caserne. A mi-chemin, elle se demanda pourquoi elle y allait. Elle allait peut-être gêner, et personne ne lui avait dit de venir.

Elle voulais voir Armin, voila pourquoi. Elle pesa le pour et le contre puis décida d'y aller quand même.

Lorsqu'elle arriva devant la porte, elle recommença à douter, puis frappa vigoureusement à la porte, l'envie de retrouver Armin se faisant plus pressante.

Personne ne répondit, et Louise poussa le battant, qui s'ouvrit devant elle, à sa grande surprise.

Elle appela, mais encore une fois personne ne répondit. Elle entra, en enlevant bien évidemment ses chaussures, puis fit le tour de l'aile, sans voir personne.

Mais elle remarqua que les affaires avaient été jetées sur les lits, dans les dortoirs. Elle en déduisit qu'ils étaient rentrés et aussi vite repartit pour une réunion de crise avec les autres dirigeants de l'armée et la reine.

Louise, n'ayant pas vraiment d'autres moyens d'être utile, s'attela à ce qu'elle savait faire : le repas.

Elle mit son cœur à l'ouvrage, et elle prépara un véritable festin. Auraient-ils l'appétit de manger autant ? Rien n'était sur. Elle tourna ensuite à la recherche d'autre chose mais ne trouva rien. Elle pensa à ranger leurs affaires mais écarta bien vite cette idée, la trouvant trop intrusive.

Au lieu de ça, elle prit un livre qui appartenait à Armin, s'installa au salon et se débrouilla tant bien que mal pour faire fonctionner la machine à musique.

Sans même qu'elle s'en rende compte, elle glissa dans le sommeil sur l'un des sofas de la pièce.

Quand ils rentrèrent, des heures plus tard, c'est ainsi qu'ils la trouvèrent. Personne ne parlait, abattus à la fois par la fatigue et leur état émotionnel après la fuite d'Eren. Même la machine à musique s'enraya et finit par se taire.

Armin s'assit sur le canapé lui aussi, puis caressa doucement le dos de Louise pour la réveiller.

Elle ouvrit les yeux doucement, et le premier sourire depuis longtemps fleurit sur leurs deux visages. Louise se redressa et ils échangèrent une étreinte pleine de passion, sans un mot.

Pour la première fois, le repas ne fut pas partagé dans la bonne humeur, mais une ambiance pesante régnait. Seul Livai semblait fidèle à lui même, calme et blasé. Il remercia Louise de son repas et l'invita à rester ici au vu de l'heure tardive.

Et cette nuit là, dans le dortoir des garçons bataillons, Armin pleura silencieusement dans les bras de Louise, qui maudit encore une fois le monde entier d'infliger autant de souffrance à des enfants d'à peine 19 ans. Car elle pouvait entendre les sanglots de Connie et deviner que Jean se bouchait les oreilles pour échapper à la réalité.

Elle serra plus fort Armin contre elle, chantonna dans son oreille une berceuse et s'endormit en pensant au monde de paix qui devait bien exister quelque part.

Je te promet, chuchota Armin dans son oreille, Je te le promet, bientôt je t'emmènerais voir la mer.

Nous verrons la mer ensemble {Armin}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant