Simple

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Eren était un garçon... étrange, curieux. Peu de personnes acceptait sa philosophie de vie, et aucune ne la comprenait.
Pourtant elle était simple : vivre le jour présent, "Carpe diem, quam minimum credula postero", Cueille le jour présent sans te soucier du lendemain.
Oui mais c'est-à-dire ? Pour la plupart des gens ce vers d'Horace n'était qu'un simple rappelle qu'il faut profiter de la vie.
Eren lui le prennait au sens littéral. Il ne pensait jamais au lendemain, ni même au futur. Pour lui la vie était un jeu, il s'amusait à vivre. Alors les ignorants le traitaient d'idiot.
Pour autant qu'il aimait la vie, il défiait souvent la mort. Il se mettait volontairement en danger, disant que l'adrénaline lui donnait une bouffée de vie. Certains lui disait qu'il pourrait mourir, il répondait que c'était du futur et puis "tout le monde meurt un jour alors pourquoi je devrais me contenter d'attendre mon tour dans la peur de cette fatalité ?"
Et les idiots le traitait de suicidaire.

Moi je ne pouvais que l'admirer. J'étais un de ces cons prévoyant qui vivaient dans l'attente que la faucheuse viennent les cueillir.
La première fois que je l'ai vu il marchait calmement sur un pont proche de l'effondrement en direction d'un chaton effrayé. Un attroupement c'était formé et les secours arrivaient. Tous tremblaient chaque fois que le pont craquait.
Quand il revint sain et sauf l'animal dans les bras la foule se dissipa. Moi je restais figé devant le sourire béat que ce brun affichait, comme si il rentrait d'une promenade. Je lui demanda si il n'avait pas eu peur. Il m'a demandé de quoi aurait-il dû avoir peur.

- De mourir !

- Pourquoi ma mort serait si grave ?

- Tes proches seraient triste non ?

- Ils seraient triste aussi si je meurt plus tard. Chaque seconde où je ne meurt pas ne fait que retarder leur tristesse.

Il me laissa en plan suite à ces paroles. Dès notre première interaction cet homme m'avait fasciné et je me promis de le retrouver.

La deuxième fois que je le vis était seul au bord d'une falaise. Je crus un instant qu'il voulait se jeter, mais quand je m'approcha pour l'en dissuader il m'appris qu'il vennait observé la vue magnifique. Il me demanda ensuite pourquoi les gens pensaient d'abord au vide sous ses pieds alors qu'un paysage extraordinaire s'étendait devant.
Je crois que c'est à cet instant que je décidais de ne plus le quitter.

Et effectivement je le suivis partout. J'aillais où il allais et il sembla s'en accomoder. Même si plaire puisque des fois il venait lui même me chercher pour me traîner où il voulait.
Chaque jour je découvrais une partie de lui et il m'accompagnait dans mes états d'âmes. Comme cette fois où, assis dans un arbres à 10 mètres du sol, je pleurais dans ses bras.

Ma vie n'avait jamais vraiment été mais cette journée avait été celle de trop. Alors tout contre lui je murmurais

- La vie ne serait-elle pas plus simple si on y mettait fin ?

Il m'éloigna, me regarda dans les yeux, me sourit et me répondit

- Si bien-sûr mais pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ?

Encore une fois je n'avais rien à répondre. Encore une fois il me surprenait. Et j'aimais ça.

Aujourd'hui était un de ses jours où Eren venait me chercher chez moi pour m'emmener vers un nouvel endroit. Je ne savais jamais où on allait ni pourquoi on y allait. Ce jour ne faisait pas exception. Il est venue me chercher tôt le matin, très tôt, si tôt que je n'étais pas réveillé, le soleil se levait à peine. Mais je le suivit sans broncher, curieux de découvrir notre destination.

En se moment même il me tire par la main dans les bois. La flore de cet endroit est certainement magnifique mais je ne peux pas me résoudre à quitter ses yeux verdoyants. Il ne fait pas attention au chemin, son regard ne se détache pas du mien. Je commence à me demander si il n'est pas en train de nous perdre.

- Pourquoi tu ne regarde pas là où on va ? Tu connais le chemin par cœur ?

- Parce que il est beaucoup plus intéressant de regarder là où on ne va pas, puisque là où on va on aura tout le temps de regarder quand on y sera.

Encore une fois il me prend de court avec une phrase sortie de nul part. Je lui sourit et continue de le suivre. Il me traîne jusqu'au bord d'une falaise qui donne sur une étendue d'arbre à perte de vue. Je n'avais jamais rien vu d'aussi beau et l'air frais du matin additionné à la lumière du soleil levant donne à ce tableau une allure paisible.

Je tourne la tête vers Eren, il me fait un grand sourire. Et à cet instant je ne peux m'empêcher de penser que finalement c'est lui la chose la plus magnifique. Pris d'une soudaine envie irrépressible je m'approche et pose mes lèvres sur les siennes. Ses yeux souvrent sous la surprise mais son sourire s'agrandit. Il m'attire contre lui pour m'embrasser à son tour. Pas besoin de mot pour décrire ce que l'on ressent en ce moment même, les gestes suffisent.

Au bout de quelques minutes Eren s'assoit contre un arbre et me prend entre ses jambes. Je n'hésite pas à me blottir et lui enfouit sa tête dans mon cou.

- Livaï, tu penses quoi de la mort ?

Je m'étonne, c'est peut-être la première fois qu'il me pose une question en premier. Habituellement c'est moi qui l'interroge sur sa façon de penser.
Avant de le rencontrer j'aurais certainement répondu que la mort est une chose horrible, mais maintenant...

- Je pense que la mort est une expérience intéressante qu'il faut avoir vécu au moins une fois dans sa vie.

Il ressert sa prise sur moi et ricanne.

- Mince alors, je déteint sur toi.

Je pose ma main dans ses cheveux tout en fermant les yeux avant de répliquer.

- Tu n'es qu'un imbécile heureux.

Je m'endors en l'entendant murmurer.

- Pour être heureux il n'est pas nécessaire d'être con, mais ça aide.

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Si vous avez la référence des phrases soulignées je vous aime.
C'était une sorte de défi personnel de les placer dans un OS.

OS ererirenOù les histoires vivent. Découvrez maintenant