15. Téha partie 1.

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Je les fixe tour à tour incrédule. Calam' fait quelques pas vers moi et je reste immobile.

Elle n'est pas un chien.

- Je vais devoir faire un peu de ménage, annonce Neeva en se léchant les babines, le regard avide posé sur le corps d'Euzébio.

Son intervention coupe court à ma surprise. Je cligne des yeux et réalise ce qu'elle vient de dire. Je me secoue, révulsée par ce qu'elle s'apprête à faire. Et je ne veux surtout pas être présente quand elle s'y attèlera. Je vais pour râler quand Ray me fusille du regard et précise à son attention :

- Nous allons partir.

Faites comme bon vous semble ? répond-elle machinalement.

Je ne peux m'empêcher de la regarder se pencher sur le corps d'Euzébio et tremper ses mains dans le sang qui s'est répandu sur le parquet. Et merde, je savais que je ne devais pas regarder !

Nous devrions rester, observe Queen d'un ton posé.

Je me tourne vers lui, étonnée par ce revirement. Moi, je n'ai pas l'intention de rester dans cet endroit. Ray ne dit rien et à leurs auras, je sens qu'ils sont hésitants. Mon ami me dévisage et cela suffit pour trancher.

- Tu es fatiguée. Et je déteste le dire mais Queen a raison. Nous allons rester un ou deux jours.

Ma chienne jappe et s'approche de moi. Je pose mes yeux sur elle. J'ai pour habitude de la caresser pour nous réconforter toutes les deux, mais aujourd'hui, c'est différent. Elle n'est pas un chien d'après Queen.

Il y a des chambres libres, Neeva ? demande mon ami.

- Tout l'étage... fait-elle avant que je n'entende des bruits de succions écœurants et d'autres humides dont je ne veux même pas connaître l'origine.

Calam' fourre son museau dans ma main et soupire. Je n'esquisse aucun mouvement et Ray pose sa main sur mon épaule.

Allons-y.

Nous sortons de la pièce pour rejoindre le hall. Dès que l'escalier apparaît, Ray entame son ascension sans vérifier que je le suis. J'imagine qu'il n'a pas besoin de le faire, son ouïe le renseigne suffisamment.

A l'étage, il ouvre toutes les portes pour m'en désigner une avant de repartir plus loin.

La salle de bain.

Il m'abandonne après m'avoir laissé une main compatissante sur la joue. Je m'enferme dans la salle de bain gigantesque et fouille dans les placards pour trouver de quoi me décrasser. Lorsque je croise mon reflet, je suis surprise. J'ai l'air d'une folle dégueulasse. Je secoue la tête et j'y passe la robe par-dessus, ma culotte et mes chaussures la rejoignent dans un coin avant de me diriger vers la douche à l'italienne. Je tire l'eau et attends qu'elle chauffe. De la fenêtre qui surplombe un petit meuble, je vois Queen et Calam' faire une ronde dans le jardin.

Ils s'arrêtent et le cinglé se penche vers ma chienne, secoue la tête vivement et lève les bras de dépit. Il n'a pas l'air content. Elle s'approche de lui et il crie assez fort pour que je l'entende :

- Non !

Il la désigne du doigt, puis la maison. Je ne comprends pas ce qu'il dit, mais il n'est pas d'accord. Puis il s'éloigne d'un pas décidé et énervé. Il disparaît de mon champ de vision et Calam' lève la tête vers moi. Elle m'a repérée depuis sa position. Je recule et entre dans la douche. La chaleur de l'eau me fait un bien fou et je reste immobile sous le jet pour dénouer les tensions de mon corps. La vapeur m'enveloppe dans un cocon agréable et génère comme un sentiment de sécurité.

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