20. Téha

41 10 2
                                    



Calam' s'interpose alors entre les Naggas et moi. Elle gronde sévèrement par intermittence jusqu'à ce que Queen lâche d'un ton presque enfantin :

— Ils nous ont attaqués !

— Nous n'avons pas ce vice contrairement à toi, susurre Lysianah dont les mains s'immobilisent.

Il grogne, feule et se rapproche du canapé. La tension monte d'un cran. Je ne dois en aucun cas oublier que j'ai affaire à des êtres surnaturels. Un puma psychopathe et trois humains serpents.

— Nous avons juste rendu la monnaie de sa pièce, siffle l'homme qui ne nous a pas été présenté.

— C'était il y a plus de quarante ans ! s'insurge Queen très en colère. Ses iris brillent de toute la magie que renferme sa condition afin de faire comprendre qu'il n'est pas près de rendre les armes si facilement.

Calam' jappe fort et gronde une nouvelle fois. La tension s'est alourdie, elle pèse sur moi et m'étouffe. Je n'aspire qu'à me barrer de cet endroit au plus vite. Je n'ai vraiment pas envie de finir morte empoisonnée ou avalée par un homme serpent.

Les deux hommes prennent une position défensive et à mon tour je me chasse de la position de laquelle je jauge tout le monde, pour me caler loin d'eux. Mon palpitant s'accélère et je serre les poings en espérant que je ne fasse pas de crise maintenant.

— Peut-être devrions-nous rester calme, propose Lysianah toujours assise confortablement, l'air ennuyé.

Sa voix est trop nuancée, sirupeuse à mon goût, pour traduire une réelle envie d'en terminer. Mon corps tout entier me crie au danger et cela m'épuise. J'ai réussi à gérer chez Euzébio, mais qu'en sera-t-il ici ?

— La preuve, vous n'avez pas compris que je serais toujours votre prédateur, brave Queen en sortant les griffes.

Bon sang, s'il n'était pas aussi con, jamais ce thé n'aurait tourné au pugilat. Je ferme un instant les yeux et prends sur moi pour me calmer. Je souffle longuement et m'agace quand je sens un bourdonnement remonter mon oreille. Cette sensation diffuse que je n'y échapperai pas cette fois-ci.

J'ouvre les paupières sur la scène chaotique du salon des métamorphes serpents. Les deux hommes encore vivants, n'ont toujours pas repris leurs visages et corps humains. Ray se tient éloigné d'eux ou bien est-ce eux qui se tiennent à distance, je ne saurais le dire. Et la maîtresse de maison attend sagement que le situation se décante, un sourire factice sur les lèvres.

— Ce n'est pas toi qui as brisé le cou de Zaïan... Ton ami Ray semble bien plus efficace que toi. Tu n'es qu'un chaton Queen. Tu ne fais que jouer, alors que le Fils de l'ombre mérite son nom ! rempile Dimitri qui, à juger la couleur de son aura, a toujours envie d'en découdre.

Je suis assez circonspecte de voir qu'ils se renvoient la balle sans vraiment chercher qui en était véritablement la cause. Je me permet donc de souligner :

— Euh, je n'étais pas présente lors du début des festivités, mais s'il doit y avoir un fautif, c'est forcément celui qui vous a envoyé à l'abattoir, non ? Vous ne croyez pas ?

Tous les visages convergent vers moi et leurs regards me glacent le sang. Le silence est lourd et leurs yeux aussi. Je me sens jugée et dévisagée par différentes façons, dont une qui ne donne pas vraiment de chance pour ma survie.

Je me tends comme un arc et dans ma tête, un murmure d'outre tombe résonne. C'est lointain et incompréhensible. Mais cela suffit pour comprendre que ça y est, je ne pourrais pas contrer l'inévitable.

Origines.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant