44. Queen.

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Les griffes pointues de Téha transpercent ma peau et s'insèrent dans ma chair trop brutalement. C'est pas comme si je n'aimais pas souffrir. Je reste là, à fixer ses serres autour de ma main et lorgne le sang qui perle à chaque millimètre qu'elle enfonce dans ma chair. Je me retiens de porter nos mains jointes à ma bouche pour lécher le liquide divin. C'est intime pour moi et je n'ai pas envie de la faire fuir par mes penchants pervers.

Un grognement de ma petite chatte me sort de ma torpeur et je reporte mon attention sur elle. J'ai essayé de la dissuader de se regarder. Je la trouve trop sensible pour accepter ce qu'elle est, ce qu'elle devient sous l'égide d'Eytiri. Mais j'avoue que je savoure la peur qui s'échappe d'elle. Cette émotion caresse ma peau comme une patte de félin aguichante, couplé à son pouvoir, c'est le nirvana. J'aurais presque un orgasme, tant ces deux choses me rendent dingue. Mais face à ma petite chatte, je ne peux pas faillir comme dans sa chambre. C'est déjà trop pour moi. Je connais le genre de sentence que le Maître aime infliger pour désobéissance. Sa seule vue suffit à me remettre dans le droit chemin.

Quand Aïko ouvre les rideaux, le cœur palpitant à cent à l'heure de Téha, redouble et elle fait un pas en arrière. Elle halète et s'accroche encore plus fort à moi. Elle flippe carrément ! J'aurais dû parier ! Elle observe son reflet, recule puis avance, pose ses yeux sur sa peau et la panique qui grandit en elle, est comme un distributeur de friandises pour les prédateurs comme moi. Je me retiens de me lécher les babines et surtout, je retiens mon puma qui grimpe un peu trop vite vers ma peau. C'était tellement évident qu'elle allait réagir comme ça. Pourquoi on ne m'écoute jamais ? Surtout pourquoi elle se fout de ce que je peux lui dire ?

— Petite Chatte, je gronde pour la prévenir qu'on peut encore stopper là.

— Non !... C'est moi ? demande-t-elle intriguée et paniquée en même temps.

Elle se fout de ma gueule ou quoi ? Elle fait dans son froc et elle persiste en plus ! Quelle connerie !

— On arrête Aïko, ferme les rideaux...

La morveuse se tourne vers moi, rattrape mon t-shirt qui glisse de ses doigts difformes et dénude sa jolie poitrine. Mon regard se pose aussitôt sur elle, mais elle a le temps de se reprendre et recouvrir sa peau délicate couverte de pelage crème. Elle me supplie :

— Non ! Non ! Tu ne comprends pas. Il faut que j'accepte ce que je suis. Il faut que je prouve à ma mère, que je suis en accord avec ce que je suis devenue et ce que je veux être.

Elle est pas croyable ! Elle est bien comme sa mère, à toujours vouloir le dernier mot, à tenter le Diable à la moindre occasion pour prouver qu'elle en est capable. Pour prouver que sa mère a tort, quoi qu'elle dise.

— On en a rien à foutre de ce que pense ta mère ! On a pas le temps pour te faire une lobotomie, si tu vires cinglée !

Elle me fusille de ses putains de grands yeux mauves. J'aurais préféré qu'elle pose sur moi le même regard que tout à l'heure. Ma petite chatte n'est pas insensible à moi et j'aime savoir qu'on soit sur la même longueur d'onde à ce niveau. Encore faut-il qu'elle l'accepte aussi bien que je suis en train d'en prendre conscience. Cela dit, si le Maître était là, c'est exactement ce regard meurtrier qu'il me servirait. A croire que Téha est de la même engeance ! Le cœur est en elle, c'est clair, et au noir qui dégueule de ses paupières, le Néant est juste derrière. Fait chier ! Je savais que c'était une idée de merde !

— On a bien oublié de faire la tienne et tu le vis très bien que je sache !

Saloperie ! Cette petite garce exquise veut toujours avoir le dernier mot, ma parole !

— Tu n'as aucune idée de ce que j'ai subi petite chatte, alors ferme-la !

Son visage modelé aux traits d'un félin s'adoucit. Elle détourne le regard et reprend son observation. Finalement, elle prend pas trop mal sa nouvelle forme, sinon jamais elle n'aurait le temps ni le courage de m'envoyer chier. Le seul truc qui m'emmerde ce sont les conséquences qui vont en découler. Pas sûr que ce soit une partie de plaisir. Y a plus qu'à espérer que sa bête sache prendre la mesure de ce que cela implique et qu'elle sache y remédier.

Les tremblements de Téha me sortent de mes réflexions et je le vois vaciller alors qu'elle détaille ses guibolles difformes. Ouais, c'est pas si bandant que ça, hein ? Je ricane en moi même et mon puma me donne un coup de griffe sur la colonne vertébrale. Je réprime un grognement et resserre ma prise sur la main disgracieuse de ma protégée.

— Merde, mes chaussures sont toutes foutues maintenant, remarque Téha en gigotant ses griffes sorties de ses pieds.

Putain ! Elle trouve le moyen de faire de l'humour même dans un moment tendu. Y a pas à dire elle me plaît cette nana.

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