J'ai bien dû passer une heure à m'observer dans le miroir sous toutes les coutures. Je me suis contorsionnée, pour avoir un aperçu de mes ailes, de leur forme, de leur texture, de leur position dans mon dos. J'ai passé une heure supplémentaire à m'échiner à les faire rentrer. Mais à aucun moment, elles n'ont bougé. D'ailleurs, une pendouille lamentablement tandis que l'autre est presque ouverte en grand. J'ai l'impression d'être en proie à une bête à moitié débile. Et franchement, ce n'est pas très reluisant.
J'ai tenté des appels répétés à Eytiri, mais elle ne donne aucun signe de sa présence. Pourtant j'ai un besoin urgent d'elle. Je soupire, alors que je tente pour la énième fois d'avoir une once de contrôle sur mes ailes. Pas moyen de les faire bouger d'un poil !
Je dois être trop tendue pour avoir assez d'application. Je dois faire le vide en moi et ne visualiser que mes nouveaux attributs. Mon application première est de les imaginer, penser à leur présence dans mon dos, à leur forme, leur texture belle et soyeuse. Me rendre compte de l'ampleur de leur envergure, leur puissance, de l'importance qu'elles ont sur moi, pour moi. De la sensation de leur poids dans mon dos, des tiraillements sur mes épaules et de la force que je dois mettre en œuvre, pour tenir debout afin de ne pas basculer en arrière.
Dans mon dos, je sens que ça frétille et je pousse un petit cri de satisfaction. Il ne faut surtout pas que je perde le fil de ma concentration. Si j'arrive à les faire s'ouvrir correctement, je pourrais sans doute les refermer de la même façon. Et de ce fait, les faire rentrer sous ma peau.
Je m'observe dans le miroir et je comprends leur fonctionnement. Je reprends le cours de mes sensations, retrouve ce qui anime mes attributs volants. Elles se déploient d'un coup et se mettent à battre vivement. Je décolle de quelques centimètres et bouscule le mobilier proche de moi. De leurs battements que je ne veux pas voir se taire, elles repoussent le lit, font tomber tout ce qui ne fait pas le poids devant les rafales qu'elles provoquent. Des bibelots trépassent sur le parquet, les cadres chutent avant que je n'ai le temps de réagir et me voilà propulsé en arrière contre le mur le plus proche.
Bon pour ce qui est du contrôle on repassera !
Ce qui est bien, c'est que je commence à maîtriser l'action de balancer mes ailes d'avant en arrière. Sauf que je ne sais plus comment faire pour m'arrêter à présent. J'ai pleinement conscience de leur présence sur moi, je les accepte enfin comme une partie intégrante de mon corps, de ma personne. Mais comment les faire obéir ? Parce que là, c'est la débandade !
Je m'ordonne, un brin paniquée, d'aller vers l'avant, et alors que je crois enfin à la victoire contre mes ailes, me voila que je m'envole littéralement vers le haut et m'emplafonne brusquement près du lustre en bois flotté. Je pousse un cri de douleur sous le choc. Je repars en avant et me vois m'écraser au sol avant de remonter d'un coup. Je hurle de panique. Je fais vraiment n'importe quoi et je vais sûrement finir par me tuer !
La porte de ma chambre s'ouvre et ma mère, sur le pied de guerre, apparaît.
— Téha ! Oh merde !
Elle m'observe quelques secondes avant de faire l'état des lieux de ma chambre.
— Je te le fais pas dire ! je lui assène paniquée.
Elle reporte son attention sur moi, l'air fâché.
— Qu'est-ce que tu fiches là haut ?
Non mais j'y crois pas !
— Ce que je fous là haut ? T'es vraiment en train de me demander ça ? Bordel, j'en sais foutrement rien de la façon dont je dois maîtriser ces putains d'ailes ! Alors ne viens pas me poser des questions à la con comme celle-la !
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Origines.
ParanormalQue feriez-vous, si un jour on vous annonçait que vous étiez le corps d'une reine millénaire venue de très loin et qu'elle cohabitait avec vous depuis votre naissance ? Vous auriez ri. Imaginez un peu que la cohabitation, vous l'avez oubliée. Parce...