49. Téha.

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La bande d'Aksel continue de se taquiner et je ne trouve plus grand chose à dire. Ray, en bon ami compatissant, me fait la conversation et Aliah participe joyeusement, mais je suis trop perturbée par la réaction de Queen. OK, il est hors catégorie psychologiquement et socialement. Mais il n'est pas non plus dégueulasse à regarder et dernièrement notre relation a évolué vers ce que je peux appeler un rapprochement physique. Il met sans dessus dessous mes émotions quand il est trop proche de moi et que Eytiri n'est pas loin.

Je divague dans mes pensées, mon regard ne se pose jamais sur les gens, je les vois sans leur prêter attention. Je suis à la fois ici et ailleurs. En fait, j'aimerais être loin de tout ça, retourner à ma vie d'avant où je me lamentais de ne pas avoir le dernier roman de mon auteur favori et qu'Amélia avait encore décidé de sécher un jour de boulot, quand on avait le plus besoin d'elle. La pauvre, paix à son âme.

J'abandonne la bande pour aller voir les jeux de kermesse que les membres du clan ont installés dans l'après-midi. Ils ont tous l'air si sereins dans leurs attitudes que si je ne voyais pas leurs auras, je n'aurais jamais deviné qu'ils étaient tous sur le qui-vive, à me jeter des regards en coin lors de mon passage. Il se prépare quelque chose, c'est évident.

" Laisse nos instincts te guider Téha. "

Ah ! Voilà Eytiri. Où étais-tu passée ?

" Pas très loin. Je surveillais ton évolution."

J'avais besoin de toi un peu plus tôt dans la journée !

"Et tu t'es très bien débrouillée. Tu as utilisé ton instinct pour établir une connexion entre ta part humaine et ta part animale."

Tu parles ! Qu'est-ce que j'ai gagné ? Des douleurs supplémentaires, au corps et au cœur. Cela ne m'a rien apporté ! Si au moins mes instincts de combat étaient là, à la surface !

" Notre force réside dans l'étude du terrain. Tu as accumulé assez d'infos aujourd'hui pour faire face à toute attaque."

Ce qu'elle agaçante à avoir réponse à tout ! Elle glousse dans ma tête et ça m'énerve encore plus.

La guerre est une inconnue pour moi. Même un combat rapproché me fiche une trouille de tous les diables. Se battre contre un ami n'a rien à avoir avec un ennemi, Eytiri. Et ne me parle pas des souvenirs du corps ! Cet après-midi n'a pas été très concluant à ce sujet. "

" La pratique fera revenir tous tes réflexes.

Et bien je ne suis pas sûre d'avoir vraiment le temps de pratiquer un entraînement régulier avant l'attaque des Indécis, tu vois.

" Je nous fais confiance. "

Comme elle y va ! Je secoue la tête dépitée puis avale le reste de mon verre, que je dépose sur une des tables basses qui jalonnent le jardin. Eytiri est persuadée que je ferais une excellente guerrière, mais je n'ai pas l'once d'une force et d'une aptitude pour le combat. Et je n'ai connu aucune guerre, tout juste affronté des ennemis. J'ai seulement fais face à la douleur d'être ce que je suis. Mourir fiche la trouille, faillir encore plus quand toute une communauté compte sur vous. Et c'est ce qu'on me demande, combattre pour sauver notre monde et celui des humains, monde que j'ai pris pour le mien durant quinze ans, d'une mort certaine dont nos créateurs sont responsables.

J'ai toujours fait en sorte d'être invisible, qu'on ne remarque pas ma différence. Et voilà qu'aujourd'hui cette différence fait l'objet de convoitise. On me met devant tout le monde et on me demande d'accomplir un miracle que ma grand-mère n'a pas su faire.

J'abandonne la soirée, je suis trop mélancolique et fatiguée pour profiter de l'événement avec tous ces inconnus. Et puis il y a trop de bruit, je n'apprécie pas du tout de voir cette femme au bras de Queen et encore moins cette jalousie que je ressens. Je contourne la maison et me dirige vers les écuries où le calme est plus agréable. Et c'est sans doute le moment d'apprivoiser les chevaux.

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