Le regard de mon titulaire erre quelques instants dans la pièce, mais se pose inévitablement sur Samuel et moi. Il cligne des yeux à répétition comme pour chasser un mirage. Toutefois, ce qu'il aperçoit ici même n'est en rien l'œuvre d'une illusion divine, mais bien la stricte vérité. Je suis, quant à moi, simplement pétrifié, telle une statuette de marbre impassible, imité par Samuel. Ce dernier qui, malgré mon avant-bras bloquant toujours partiellement sa trachée, ne bouge guère, même pas d'un iota. Cette scène des plus burlesques s'éternise. Lorsque soudain, un tourbillon de mèches d'un blond cendré fait irruption dans la pièce s'exclamant, ahanant:
- Kai!! Le prof arri-
Stella freine tout élan, son regard allant de l'homme éberlué, également connu sous le nom de monsieur Rodriguez, au blond ainsi qu'à moi-même. Le colosse aux yeux marrons se dégage brusquement de mon emprise avant de replacer le col de sa chemise blanche. Une fois cela fait, il lance froidement à l'intention de mon amie:
- Merci, or nous en étions déjà informés.
La jeune femme soupire en replaçant certaines de ses mèches récalcitrantes.
- Je croyais pourtant parler à Kai. Serais-tu donc son porte-parole, car je n'en ai pas été informée?!
Les deux blonds entreprennent un effroyable duel de regards, la tension montant en flèche. Celui-ci est toutefois rapidement interrompu...
- Va-t-on m'expliquer ce qu'il est en train de se passer ici? explose l'individu au teint halé, manifestement excédé. De plus, il semblerait que mademoiselle Van Der Veecken étiez également au courant des actes répréhensibles menés ici-même. Suis-je dans l'erreur, articule-t-il froidement en fusillant l'intéressée du regard.
Elle se rétracte sur elle-même avant de baragouiner un charabia incompréhensible en triturant nerveusement la chaine en argent pendant à son coup. La tournure des évènements est bien loin de me plaire. Je décide conséquemment d'en prendre les rênes et par le fait même, d'endosser les conséquences qui s'en suivront. C'est donc la mâchoire serrée, mais plein d'assurance que je prends la parole, rompant le silence de plomb.
- Monsieur, si vous permettez, je me ferai un plaisir de vous expliquer.
L'homme d'origine hispanique passe nerveusement une main dans son abondante chevelure de jais devenant grisonnante au fil des jours, puis soupire lourdement.
- Oui, je te le permets. Samuel, Stella, vous pouvez disposer.
Sur ces dures paroles sèchement prononcées, mon titulaire s'assied derrière son bureau, faisant signe aux intrus de nous laisser. Le grand blond sort à grands pas sans même en regard en arrière bien à l'inverse de Stella. Celle-ci me lance un regard triste accompagné d'un faible sourire, puis quitte en refermant la porte qui émet un caractéristique déclic. J'inspire profondément, sentant le regard inquisiteur de l'homme en position d'autorité planer sur moi. Je me dirige donc finalement d'un pas assuré vers l'avant de la classe, emplissant le silence par le bruit de mes pas sur le carrelage crasseux.
Une fois à une raisonnable distance de lui, l'homme reprend, lasse.
- Comptes-tu enfin m'expliquer ce qu'il s'est produit? D'ailleurs tu n'as pas d'intérêt à me mentir.
Sur ce dernier point, il a tort. Je sais pertinemment ce qu'il va advenir de moi. Cependant, cela ne me fait pas un pli sur la différence tant et aussi longtemps que c'est dans l'intérêt d'un être cher. Lorsque j'étais sur le toit, je m'y suis résolu. J'ai fait le choix de poursuivre pour ce qu'il me reste ainsi que ce qu'il va advenir de mon futur, pour ce qu'on appelle l'inconnu. Pour ce faire, je dois avancer et ce, sans regret ou hésitation. Je hoche donc solennellement la tête. Pour l'individu assit en face de moi, ce n'est qu'une bagarre, une puéril dispute d'enfants à tirer aux claires, pour moi : c'est le début...
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Emerald eyes 💚
RomantikMa vie est banale et monotone. Cependant, tout a changé lorsque son regard émeraude s'est posé sur moi. À la première vue de ce beau gosse fils de riche, je n'aurais guère pu concevoir que celui-ci allait devenir mon meilleur ami et même plus... Néa...