Chapitre 24

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Cela fait désormais une kyrielle d'heures que je ne cesse de tourner et de retourner dans ma tête les récents évènements. Le roux à mes cotées semble dormir paisiblement. Comme je l'envi. Il n'a pas de tumeur au cerveau. Il n'est pas un lâche effrayé qui finira par mourir de sa lâcheté. Il possède une famille, chose que je n'ai pas, que je n'ai plus. Il n'a pas potentiellement causé la mort de son ami... Sans oublier le fait qu'il ne vient pas à peine de réaliser qu'il aime cette même personne possiblement agonisante. Je sais pourtant pertinemment que Déreck n'a pas non plus une vie parfaite. Je ne peux toutefois pas m'empêcher d'en être jaloux, de l'envier. S'il te plait Déreck, chéri ta vie comme la prunelle de tes yeux, mais surtout comme si elle pourrait à n'importe quel instant basculer. Fait ces deux choses Déreck, car celles-ci sont malencontreusement vraies, or jamais tu ne verras venir le malheur qui t'étouffera.

Je prends une profonde inspiration. Maverick...j'espère du plus profond de mon être que nous nous reverrons sur cette terre et non dans l'au-delà. Si seulement je n'avais pas dit de telles conneries, ou plutôt mensonges, car il est nécessairement faux que je préfèrerais mourir que d'être en couple avec lui. En effet, parce que je l'aime. Oui, j'aime Maverick. Bien que je sache que cela soit des sentiments à sens unique... Je ne peux toutefois pas m'empêcher de me demander à quoi ressemblerait mon quotidien si ce n'était pas le cas. Je ne lui demanderai par contre jamais de me retourner mes sentiments, nous sommes tous les deux du même sexe... je n'aurais pas dû l'aimer en premier lieu. Il mérite bien mieux que l'idiot que je suis. Il mérite une belle fille, gentille et compréhensive. Ce ne serait après tout qu'un vil caprice d'enfant que d'espérer qu'il m'aime en retour. Alors, pourquoi ne puis-je m'empêcher d'espérer? Je m'en fais toutefois la promesse ; jamais je ne lui dévoilerai que je l'aime. Cela doit sans doute sembler fou autant qu'inusité, or je me le promets. Premièrement, je tiens à tout prix à préserver notre amitié. Deuxièmement, si jamais ( ce qui n'arrivera pas ), il m'aimerait en retour, sa réputation en pâtirait certainement, or je ne veux absolument pas que cela se produise, qu'il devienne la risée et surtout, par mon unique faute... Finalement, je suis potentiellement mourant... Je préfère mourir plutôt que de le faire souffrir, quoique j'ai peur que cela ne soit déjà trop tard. Plus je pense à lui, ses émeraudes, son sourire, plus mon estomac se noue et le rythme de ma respiration s'accélère. Je dois arrêter de penser à tout ce qui peut se produire. Me rendre cinglé avec tout cela ne viendra en aide à personne. Cependant, que puis-je faire d'autre?

Je me retourne donc dans le petit lit vers mon cadran, en prenant bien sur soin de ne pas accrocher mon ami. Il est maintenant trois heures trente-quatre du matin. Nous sommes dorénavant mardi. J'ai, je le crains, pour la première fois de ma vie hâte, si je peux le dire ainsi, d'aller à l'école. Néanmoins, ce n'est qu'uniquement pour m'assurer que celui qui occupe mon cœur y est bel et bien, sain et sauf.

- Kai.

C'est la voix de Déreck. Celle-ci semble étonnamment tout à fait éveillée. Dois-je répondre?

- Oui, je murmure finalement, timidement.

Je l'entends alors se retourner, son visage se trouvant désormais face à mon dos.

- Kai, je sais que lorsque je t'ai parlé tantôt tu ne dormais pas.

Sa voix est plus que sérieuse ce qui me prend de court. Sans prendre la peine de me retourner je dis cette fois de vive voix un « oui » assuré.

- Je ne m'étais donc pas trompé, murmure Déreck d'une petite voix semblant décontenancée, probablement n'était-il pas certain de ce qu'il avançait.

Je me retourne donc face à mon ami. Toutefois, devant sa mine basse je ne peux réfréner mon sourire qui gagne rapidement du terrain s'étendant à l'ensemble de mes lèvres. Déreck en semble d'ailleurs étonné.

Emerald eyes 💚Où les histoires vivent. Découvrez maintenant